14/03/2023 infomigrants.net  3 min #225533

Lesbos : décès d'une grand-mère de 93 ans, symbole de l'aide aux migrants

Efstratia Mavrapidou (gauche), Emilia Kamvysi (centre) et Maritsa Mavrapidou dans leur village sur l'île de Lesbos, le 7 octobre 2016. Crédit : Picture Alliance

La photo avait fait le tour du monde en 2015. On y voyait trois vieilles dames assises sur un banc. L'une d'elle, Emilia Kamvysi, donnait le biberon à un bébé syrien, dont les parents venaient d'arriver sur l'île grecque de Lesbos après une périlleuse traversée de la mer Égée.

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Cette grand-mère s'est éteinte dimanche 12 mars et enterrée le lendemain sur son île. Ses deux comparses,  Maritsa Mavrapidou et Efstratia Mavrapidou, sont quant à elles décédées en 2019 à l'âge de 92 ans pour la première et en 2022 à 96 ans pour la seconde.

Emilia Kamvysi avait une histoire singulière, pas si éloignée de celle des exilés. Ses parents, des Grecs installés sur l'île turque de Cunda, ont été persécutés et menacés de morts en 1992, au moment de la guerre entre la Turquie et la Grèce. "Ils ont fui sur des bateaux de pêcheurs avec pour simple bagage des ballots de vêtements et une machine à coudre", avait-elle raconté. Ils étaient venus à Lesbos avec l'espoir de vivre un avenir meilleur, comme les milliers de migrants qui débarquent chaque année sur les îles grecques.

Nominées pour le prix Nobel de la paix

En 2015, au plus fort de la crise migratoire, les trois femmes étaient très actives dans l'aide aux migrants. Elles ont passé des mois à se rendre presque quotidiennement sur la plage pour y accueillir les exilés épuisés par leur voyage, afin de leur apporter du réconfort mais aussi des vêtements secs et de la nourriture.

À cette période, plus d'un million de personnes, principalement des Syriens fuyant la guerre civile dans leur pays, ont débarqué sur les côtes de l'Europe, majoritairement en Grèce.

Avec le cliché de Emilia Kamvysi donnant un biberon - devenu viral sur les réseaux sociaux -, les trois grand-mères sont devenues le symbole de l'aide aux migrants, dans une Grèce débordée par le flux migratoire. Leur dévouement leur avait même valu d'être nominées pour le prix Nobel de la paix en 2016. Il sera finalement attribué cette année-là au président colombien Juan Manuel Santos pour ses efforts de réconciliation avec les Farc.

Les trois femmes ont toujours martelé qu'elles n'avaient rien accompli de spécial. "Nous n'avons pas fait grand-chose, on a fait que se comporter en êtres humains", avait à l'époque dit Emilia Kamvysi. "Nous avons juste offert de l'amour, car c'était la seule chose que nous avions à donner". Maritsa Mavrapidou était du même avis : "Si des personnes arrivaient sur la côte par bateau et qu'elles avaient le mal de mer, on les aidait simplement".

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