22/03/2023 reseauinternational.net  5 min #225888

Ubs propose d'acheter Credit Suisse pour 1 milliard de dollars

Credit Suisse : Comment le gouvernement se couche une nouvelle fois

par François Meylan

Un article du Financial Times (FT) du 20 mars 2023, de Stephen Morris, James Fontanella-Khan et d'Arash Massoud intitulé « How the Swiss trinity forced UBS to Credit Suisse » détaille tel un roman comment le Conseil fédéral s'est à nouveau couché devant quelques pressions venant de l'étranger. Jusqu'à sabrer la deuxième banque du pays.

L'établissement Credit Suisse, fondé en 1856 par Alfred Escher, qui emploie quelques 50 000 personnes, fleuron de la place financière helvétique et de renommée mondiale, a été sabordé en seulement quelques heures. Son sauvetage ou plutôt sa liquidation sous le poids de la peur et des manipulations de cours boursiers sont hautement révélateurs de l'époque que nous vivons... en Occident. Une époque où le patriotisme et le sens commun sont passés aux oubliettes. Il n'a fallu que quelques heures au gouvernement suisse pour noyer Credit Suisse et satisfaire les pressions incessantes venant de Paris mais aussi des marchés dans leur ensemble. Il fallait couper le membre avant que la gangrène ne tue le sytème. Demain, cela peut être le tour d'autres maillons faibles tels la Société Générale en France ou encore la Deutsche Bank, à l'agonie depuis trop longtemps.

Après avoir livré la population aux injections expérimentales ARN Messager ; avoir appliqué le plus de sanctions possibles à l'encontre de la Russie pour satisfaire le diktat de la Commission européenne et de Washington, voici que le Conseil fédéral sabre dans sa place financière pour satisfaire les concurrents étrangers du Credit Suisse. On évoquerait le terme haute trahison il n'y aurait rien dire. Il suffisait pour la Banque nationale suisse (BNS) d'annoncer qu'elle ouvrait une ligne de crédit illimitée au profit de la seconde banque du pays et le tour était joué. Voire suspendre la cotation boursière de la banque les jours nécessaires pour calmer le vent de panique venant des États-Unis, suite à la faillite de quelques banques américaines de second plan.

Mais en plus d'agir dans l'émotionnel et dans la panique les ministres suisses créent des précédents fâcheux. Le premier est celui de berner, sans autre scrupule, les investisseurs étatiques saoudiens qui étaient venus renflouer la banque à l'automne dernier. Le second est l'absence de poigne pour défendre l'une des plus importantes entreprises du pays, à l'aire de la guerre économique. Finalement c'est d'avoir accepté que les régulateurs suisses réduisent à zéro les 16 milliards de francs suisses empruntés sous la forme d'obligations AT1 (Addicional Tier 1). Le marché des obligations AT1 pèse 250 milliards de dollars et il faudrait être fou aujourd'hui pour s'y aventurer. La même chose pour l'investissement dans une banque européenne qualifiée d'établissement financier à risque systémique. Il faut les fuir.

La décision du gouvernement suisse de spolier les détenteurs d'obligations AT1 va à l'encontre de l'ordre du capital. Puisque que comme le soulignait Peter Garny de Saxo Bank, s'exprimant dans les lignes du magazine financier « allnews » ce 21 mars, le capital AT1 se situe au-dessus des fonds propres. Ce qui signifie que ce sont toujours les actionnaires qui devraient absorber toutes les pertes avant que celles-ci ne se répercutent sur les détenteurs de capital AT1. Et au FT de nous conter que c'est un appel pressant en provenance d'un établissement suisse qui a interrompu les projets de Colm Kelleher, président de l'UBS, qui prévoyait de célébrer la Saint-Patrick et de regarder le match de rugby Irlande-Angleterre. La raison ? Le chaos qui régnait chez son rival, Credit Suisse, suite à huit années de scandales et de problèmes financiers. Des négociations effrénées se déroulaient pour sceller le sort de Credit Suisse et éviter une crise bancaire majeure.

Tout a commencé lorsque la Banque nationale suisse (BNS), le régulateur Finma et le ministre des Finances ont convoqué les dirigeants de Credit Suisse pour leur annoncer qu'ils devaient fusionner avec UBS. Les deux banques ont alors été contraintes de trouver une solution pour « sauver » Credit Suisse qui malgré ses déboires n'était pas en faillite.

Après de nombreuses discussions et des négociations tendues, UBS a finalement accepté d'augmenter son offre à 3,25 milliards de dollars en actions pour racheter Credit Suisse. En contrepartie, la banque a obtenu un soutien supplémentaire de la Confédération, notamment une ligne de liquidité de 100 milliards de francs et une garantie gouvernementale pour des pertes pouvant atteindre 9 milliards de francs.

Au final, les deux banques ont accepté l'accord, qui a été annoncé lors d'une conférence de presse à Berne en présence des présidents des deux établissements et des représentants du gouvernement. La ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, a souligné l'importance de cette transaction pour la stabilité du système financier suisse... et surtout mondial.

Le président de Credit Suisse, Axel Lehmann, a été interrogé sur les responsabilités de cette déroute. Il a choisi de pointer du doigt les réseaux sociaux et leur impact sur la réputation de la banque. De son côté, Colm Kelleher a été plus tranché, qualifiant l'acquisition de sauvetage d'urgence pour Credit Suisse.

Après la débâcle de la compagnie aérienne nationale Swissair en 2001-2002 ; la trahison des clients bancaires américains - question de soustractions fiscales - dès 2010, c'est un nouveau jour de honte pour le pays des banques et du chocolat qui vient de se dérouler ce dimanche 19 mars 2023. Il y aura un avant et un après.

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