Du 1er janvier au 31 mars, les garde-côtes tunisiens ont "déjoué 501 opérations de franchissement clandestin des frontières maritimes et sauvé 14 406 personnes, dont 13 138 originaires d'Afrique subsaharienne", a annoncé vendredi 7 avril le porte-parole de la garde nationale sur Facebook.
Ces chiffres sont plus de cinq fois supérieurs à ceux enregistrés lors du premier trimestre 2022. À cette époque, "2 532 sauvetages avaient été effectués lors de 172 opérations différentes", a précisé le porte-parole Houssem Jebabli à l'AFP. Selon lui, "1 657 ressortissants (de pays) d'Afrique subsaharienne" figuraient parmi les migrants interceptés.
La quasi-totalité des interceptions et sauvetages en 2023 ont eu lieu vers Sfax, la deuxième ville tunisienne, et Mahdia, sur la côte centre-est du pays. Au total, 13 259 personnes ont été récupérées au large de ces régions.
Par ailleurs, la garde nationale a interpellé au cours de ces opérations 63 personnes et saisi 135 embarcation ainsi que 12 véhicules utilisés pour acheminer les migrants vers les zones de départ.
Les données des trois premiers mois de cette année sont "en très forte hausse parce qu'il y a beaucoup de départs", a encore ajouté Houssem Jebabli.
Des migrants victimes de violences
La Tunisie est considérée comme un pays de transit pour des milliers de migrants, majoritairement subsahariens, qui souhaitent rejoindre l'Europe. Certaines portions du littoral tunisien se trouvent à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa.
Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 14 000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l'année, contre un peu plus de 5 300 durant la même période l'an dernier, et 4 300 en 2021.
Cette hausse des arrivées sur le sol italien coïncide avec une augmentation des agressions à l'égard des personnes de couleur en Tunisie. Le 21 février, le président tunisien Kaïs Saïed avait prononcé un discours virulent contre l'immigration clandestine. Le chef de l'État avait affirmé que la présence en Tunisie de "hordes" d'immigrés clandestins venant d'Afrique subsaharienne était source de "violence et de crimes" et relevait d'une "entreprise criminelle" visant à "changer la composition démographique" du pays.
Cette déclaration a entraîné un déchainement de violences envers des Subsahariens. Certains exilés avaient raconté à InfoMigrants ne plus oser sortir de chez eux, de peur d'être battu dans la rue.
Un bon nombre des 21 000 ressortissants d'Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie - pour la plupart en situation irrégulière - avaient perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement.
Plusieurs ambassades ont dans la foulée organisé plusieurs vols de rapatriements pour protéger leurs ressortissants. C'est par exemple le cas de la Côte d'Ivoire ou de la Guinée.