par Al Manar
La fuite de documents américains classifiés est l'œuvre d'un jeune homme ayant travaillé sur une base militaire et partagé ses informations sur un groupe privé en ligne, selon le journal Washington Post.
Le quotidien américain affirme dans un article publié mercredi avoir interrogé sous le sceau de l'anonymat deux membres du réseau social Discord où ont été publiées des centaines de pages de documents confidentiels, dont certains top secret ou concernant la guerre en Ukraine ou encore des alliés des États-Unis, dont Israël.
La fuite, qui fait l'objet d'une enquête criminelle de la part du département américain de la Justice, provient d'un homme ayant comme pseudonyme « OG ». Il a régulièrement publié pendant des mois des centaines de pages recopiées sur des documents dans la base militaire où il travaille, avance le journal, qui ajoute que la personne interrogée a refusé de préciser de quelle base il s'agissait.
Elle a affirmé que « OG » passait « une partie de sa journée à l'intérieur d'une installation sécurisée qui interdisait les téléphones portables et autres appareils électroniques », et qu'il « travaillait d'arrache-pied pendant des heures à rédiger des documents classifiés à partager avec ses camarades sur le serveur Discord », écrit le journal, cité par l'AFP.
Il a plus tard pris des photos de documents et les a transmises à son groupe. « Lorsqu'il s'est avéré trop fastidieux de reproduire des centaines de documents classifiés à la main, il a commencé à publier des centaines de photos des documents eux-mêmes », poursuit le quotidien.
« OG » a demandé aux autres membres du groupe de ne pas diffuser les documents, et qu'il n'avait pas l'intention d'être un lanceur d'alerte, assure le média en citant l'une de ses sources. Certaines informations étaient tellement sensibles qu'elles étaient marquées « NOFORN », c'est-à-dire à ne pas divulguer auprès d'étrangers, avance le Washington Post.
Selon un membre du groupe cité par le quotidien, « OG » « semblait penser que son savoir d'initié offriraient aux autres une protection contre le monde troublé qui les entoure ».
« OG » portait « un regard sombre sur le gouvernement », selon le média, qui écrit : « Le jeune membre du groupe a déclaré que (OG) parlait des Etats-Unis, et en particulier des forces de l'ordre et de la communauté du renseignement, comme d'une force sinistre qui cherchait à supprimer ses citoyens et à les maintenir dans l'ignorance. Il pestait contre « l'excès de pouvoir du gouvernement » ».
Le groupe d'environ 24 personnes, des hommes et des garçons pour la plupart, s'est formé autour de leur « amour mutuel des armes à feu, du matériel militaire et de Dieu », constituant un « club par cooptation en 2020 sur Discord », selon le média.
Risque « très grave »
Les documents mis en ligne révèlent les inquiétudes des services de renseignement américains quant à la viabilité d'une contre-offensive ukrainienne contre les forces russes, en raison de problèmes de formation et de ravitaillement.
Un document examiné par l'AFP fait état des préoccupations des États-Unis à propos de la capacité de l'Ukraine à continuer à se défendre contre les frappes russes.
Des dizaines de photos de ces documents ont été relayées sur Twitter, Telegram ou Discord ces derniers jours, certains ayant sans doute circulé sur internet depuis des semaines, sinon des mois, avant d'attirer l'attention de la presse.
Les autorités américaines n'ont toutefois pas publiquement confirmé l'authenticité de ces documents publiés en ligne, et elle n'a pas encore été vérifiée de manière indépendante. Le Pentagone a néanmoins affirmé que cette affaire posait un risque « très grave » pour la sécurité nationale des États-Unis.
Outre le sujet ukrainien, certains documents semblent par ailleurs indiquer une collecte de renseignements opérée par les États-Unis et ciblant certains de leurs alliés, comme Israël et la Corée du Sud. Washington tente depuis de les rassurer.
De nombreux documents ne sont plus disponibles là où ils avaient été publiés, et selon la presse, les autorités les auraient fait supprimer. Les retombées de cette fuite apparente pourraient être importantes, mettant potentiellement en danger les sources de renseignement des États-Unis, tout en donnant à leurs ennemis des informations précieuses.
source : Al Manar