par Alexandre Lemoine
Les pays de l’OTAN ne construiront pas de centres de réparation pour le matériel militaire sur le territoire contrôlé par l’Ukraine, et compte tenu de l’éloignement des usines existantes, il y aura bientôt très peu de matériel prêt au combat pour les forces armées ukrainiennes. Il a été précédemment annoncé que l’usine polonaise s’occuperait de la réparation et de l’entretien des chars allemands Leopard fournis aux forces armées ukrainiennes.
La situation actuelle concernant la réparation du matériel occidental ressemble à une catastrophe cachée par les politiciens et les médias ukrainiens. Si une chenille endommagée peut être remplacée sur place, le matériel complexe ne le peut pas. Pour cela, le matériel endommagé doit être transporté à plus de 1000 kilomètres jusqu’aux usines en Pologne et en Roumanie. Par conséquent, il faut une semaine pour acheminer un char et un à deux mois supplémentaires pour effectuer les réparations. De son côté, l’Alliance n’est pas prête à installer des ateliers de réparation coûteux directement sur le territoire ukrainien, car ils seraient détruits par les forces armées russes.
La situation actuelle convient parfaitement aux Polonais, aux Tchèques, aux Slovaques et aux Roumains, car ils gagnent beaucoup d’argent sur cette « perversion logistique ». Pour eux, c’est un projet commercial très rentable.
La Russie n’a pas de problèmes similaires en matière de maintenance, car les blindés russes sont standardisés, de T-78 à T-90 ils ont une base élémentaire commune. Le Challenger britannique, le Leopard allemand, l’Abrams américain et le Leclerc français sont différents.
Ni les autorités européennes ni les autorités américaines ne voudront créer des usines de réparation sur le territoire contrôlé par l’Ukraine, encore moins au plus près du champ de bataille, et envoyer leurs spécialistes sur place. Premièrement, cela coûte très cher. Ils comprennent que ces centres d’entretien pourraient être détruits avant même d’être mis en service, il est donc tout à fait inutile de les construire sur le territoire ukrainien. Deuxièmement, les spécialistes civils ne voudront certainement pas travailler en Ukraine. Personne ne formera les spécialistes locaux.
Il a été précédemment annoncé qu’en mai l’usine de défense polonaise Bumar-Labedy de Gliwice s’occuperait de la réparation et de l’entretien des chars allemands Leopard fournis aux forces armées ukrainiennes. Comme l’a déclaré le ministre polonais de la Défense nationale, Mariusz Blaszczak, les chars de versions 2A4 et 2A6 seront entretenus dans l’usine. L’usine modernise également les chars T-72, également utilisés par les forces armées ukrainiennes.
Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a évoqué les problèmes de réparation des chars dans une interview accordée au magazine américain Newsweek. Selon lui, « envoyer des chars en Europe pour réparation est très compliqué », et il serait plus facile pour les pays occidentaux de déployer des spécialistes sur les territoires contrôlés par l’Ukraine et d’aider à l’entretien des armes fournies au pays sur place.
Début avril, Ukroboronprom a annoncé son intention de commencer l’entretien technique conjoint des chars soviétiques T-64 avec une filiale du fabricant d’armes d’État polonais Polish Armaments Group (PGZ), mais les capacités de ce dernier sont clairement insuffisantes. Sur ce fond, la République tchèque s’est portée volontaire pour réparer les chars ukrainiens et autres équipements. Les capacités des entreprises locales et slovaques de l’industrie de la défense seront utilisées à cette fin. Le premier contrat sera signé pour la réparation des chars soviétiques T-64, rapporte Reuters.
En outre, le fabricant d’armes allemand Rheinmetall construit un hub de maintenance pour les forces armées ukrainiennes dans la ville de Satu Mare en Roumanie, près de la frontière avec l’Ukraine. Ce centre se chargera de l’entretien des chars Leopard 2 et Challenger, des obusiers automoteurs, des véhicules de combat d’infanterie Marder, des véhicules blindés de transport de troupes Fuchs et des camions militaires. Un hub similaire est apparu plus tôt en Lituanie.
Le directeur général de Rheinmetall, Armin Papperger, a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaitait construire une usine de chars sur le territoire contrôlé par l’Ukraine, mais seulement après la fin de l’opération spéciale.
source : Observateur Continental