Pendant que notre presseSystème s'exalte elle-même sur le G7 avec les Six-Nains regroupés autour du Roi-des-Nains, vieillissant, sénilement dément et dégustant un cornet de glace crémeuse et présidentielle, la scène se met en place pour les élections présidentielles des Etats-Unis. On dit que Biden y participera. Peut-être, mais cela ne nous concerne pas puisqu'il restera dans le sous-sol de sa propriété du Delaware, méditant entre le bouton rouge et le bouton jaune pour faire partir des missiles nucléaires à partir des F-16 promis à la Force Aérienne du Zelenskistan. Ainsi va son monde et celui de la presseSystème, qui n'est pas le nôtre.
Il est donc infiniment plus important d'aborder la question de la situation de Tucker Carlson qui ne fait plus rien depuis que son show sur FoxNews a été interrompu et que la réseau a perdu sa première place, abandonné par une part non négligeable (qui se stabiliserait autour de 15%-20%) de son audience. Carlson est une énorme machine de communication, qui a montré en permanence une énorme capacité de jugement politique dans le sens d'une droite populiste (le mot ne vous expédie pas aux enfers du conformisme, aux USA), à la fois conservateur-traditionnaliste et libertarien, avec une nette tendance au néo-isolationnisme (ce qui se décline aujourd'hui comme de l'anti-interventionniste).
Carlson est aussi connu pour avoir repoussé à plus d'une reprise l'idée d'une carrière politique. Mais voici qu'un riche donateur du parti républicain, qui fut candidat au Sénat du Texas, Chris Ekstrom, a lancé un PAC (‘Political Action Committee', ou Comité d'Action Politique, recueillant des donations des partisans d'une personne [candidate ou pas]), le ‘Draft Tucker PAC', pour exhorter et soutenir une candidature de Tucker Carlson. L'entreprise s'annonce (financièrement) prometteuse nous est-il dit, – illustration de la popularité de Carlson et de la force de l'élan que le PAC veut exprimer :
« Une campagne d'action politique se faisant appeler Draft Tucker PAC a publié jeudi un spot publicitaire exhortant le Parti républicain à choisir l'ancien animateur de Fox News Tucker Carlson comme candidat à la présidence des États-Unis en 2024.» « Les républicains ont besoin d'un nouveau leader, et Tucker Carlson est prêt à le faire », dit le spot de 30 secondes, décrivant l'éditorialiste conservateur comme plein d'esprit, vif et [quelqu'un qui] se moque des absurdité« . Carlson »battra Biden dans un débat« , assure le spot, insistant sur le fait que »personne en Amérique ne s'exprime aussi bien« .
» Dirigé par Chris Ekstrom, ancien candidat au Congrès du Texas et donateur républicain, le Draft Tucker PAC, qui a déposé son dossier le mois dernier après le départ de M. Carlson de Fox News, doit encore convaincre son candidat éponyme de se présenter. Le spot publicitaire invite les téléspectateurs à signer la pétition en faveur de la candidature du commentateur de droite.
» Ekstrom a déclaré à The Hill qu'il était préoccupé par le fait que ni le favori républicain, l'ancien président Donald Trump, ni le principal adversaire de Trump, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, ne poussent la spéculation idéologique assez loin dans la bonne direction. »Je suis très inquiet qu'ils ne fassent pas avancer le débat aussi loin à droite qu'il devrait être« , a-t-il déclaré au média, sans expliquer en quoi les candidats déclarés n'ont pas été à la hauteur de leurs positions. »
... Mais on devine bien vite de quoi Ekstrom nous parle, lorsqu'il est dit par lui que Carlson est décrit comme quelqu'un qui « se moque des absurdités », – comprendre : qui s'oppose à toutes les folies incroyables du wokenisme... Certes, mais Carlson est-il d'accord pour une telle entreprise ? Il est archi-connu que le présentateur de FoxNews a dit plus qu'à son tour qu'il n'était pas intéressé par un destin politique. Ekstrom nous assure du contraire, sans que l'on puisse savoir si c'est une affirmation tactique de sa propre initiative, – pour pousser Carlson contre son gré, alors qu'il reste pour l'instant dans une sorte de retraite, contraint par son contrat avec FoxNews – ou s'il s'agit d'une stratégie mise au point avec l'accord de Carlson pour réellement préparer une candidature.
« Décrivant le ‘Draft Tucker PAC' comme »exceptionnellement bien financé« , Ekstrom a expliqué qu'il sponsoriserait des sondages et diffuserait plus de publicités à la radio, au numérique et à la télévision, tout en remplissant son conseil d'administration avec des »conservateurs majeurs« . Il a affirmé que Carlson »tâtait le terrain depuis un certain temps« en ce qui concerne sa candidature à l'élection présidentielle.» Au début du mois, Carlson a plaisanté sur la possibilité de se présenter à l'élection présidentielle dans des messages textuels échangés avec un journaliste, ce qu'il a déjà fait à plusieurs reprises. L'année dernière, il a déclaré à Ben Smith, ancien journaliste du New York Times, qu'il était satisfait de son travail d'animateur de talk-show et qu'il n'avait aucun désir de pouvoir.
» Si les médias ont clairement fait savoir qu'ils pensaient qu'une candidature de Carlson échouerait, ils n'ont pas cessé d'en parler, une demi-douzaine d'articles évoquant ses chances ayant été publiés depuis que le journaliste a quitté la Fox. »
Ainsi la première fusée d'une possible candidature Carlson est-elle lancée sans qu'on en sache plus. On n'en sait pas plus, d'ailleurs, par quasi-obligation juridique. Carlson n'a pas été licencié par FoxNews. Il a été privé de son émission et ne passe plus dans les programmes mais il est toujours sous contrat d'exclusivité FoxNews jusqu'en janvier 2025. Ses avocats négocient actuellement pour le dégager de cette situation, dans des conditions qui pourraient tourner à l'affrontement. Depuis son éviction, Carlson, qui rassemblait chaque soir 3,5 millions de téléspectateurs, a diffusé une vidéo sur twitter pour annoncer son départ et son intention de poursuivre son combat (vidéo visionné 84 millions de fois). Il est également notoire qu'il met sur pied un site d'émissions régulières qu'il activerait lors du règlement du litige. Rien dans tout cela ne nous donne la moindre indication sur ses intentions.
2024 comme une tempête
Finalement, l'intérêt n'est pas de savoir si Carlson sera candidat, mais bien de mesurer quelle accélération du désordre son éventuelle candidature, sinon l'annonce de son éventuelle candidature instituée par un PAC va apporter. Pour la perception de la situation, la démarche va faire réaliser que Carlson peut réellement être candidat. Cette perspective, ce n'est pas rien si l'on tient compte à la fois du brio du professionnel et de ses connaissances en matière de politique. Autrement dit, – un peu plus de désordre...
Mais qu'entendons-nous par la notion de »désordre« ? Tout simplement, la désintégration de l' »ordre« existant, celui du Système ou de sa courroie de transmission qu'est le système de l'américanisme. A cause des difficultés de »diabolisation« par rapport aux traditions politiques (un exemple est l'emploi et la place de la notion de populisme), c'est paradoxalement aux USA, la matrice de l'Empire et le faux-nez du Système, que l'on trouve la plus forte pénétration d'antiSystème dans les rouages de sa représentation politique. Le résultat est la situation extraordinaire de désordre, – c'est bien le mot qui décrit la perturbation de l'ordre du Système, – que nous découvrons si l'on s'entend pour classer les adversaires politiques en »candidats-Système« et »candidats-antiSystème« , et non plus en démocrates et républicains. Cela correspond d'ailleurs à la situation dans les deux partis, dans leurs structures traditionnelles, – après tout, l'on trouve les neocon et les wokenistes chez les démocrates, rassemblant anarcho-progressistes et bellicistes ; et d'autre part, les RINO (‘Republicans In Name Only') chez les républicains, rassemblant tous les caciques acceptant une complète soumission aux modes d'expression en vogue du Système (neocon et wokenistes).
A la lumière de ce »classement de désordre« , on trouve comme seul représentant déclaré du Système l'inestimable pépite qu'est le président Joe Biden, amarré par sa hargne démente de gâteux à son second mandat ; et comme représentants plus ou moins candidats, ou candidats potentiels, les trois personnalités les plus brillantes (pour des raisons diverses) de la scène politique (Trump, RFK Jr., Carlson). Les deux camps s'affrontent sans nul doute, d'abord sur la guerre en Ukraine, où les trois partagent la même option sans la moindre réserve. Le camp de la guerre est défendu par Biden, ce qui permet d'avoir une très juste appréciation de l'intelligence de la représentation totalement artificielle de la situation de monde.
On ne fait là ni un pronostic, ni une prospective, ni une prophétie ; on fait un constat et l'on est conduit à cette question : comment est-il possible que le Système produise avec un tel brio des situations si contraires à ses intérêts ? Comment ferait-il éventuellement pour éliminer les trois gêneurs ? Comment est-il possible qu'il n'ait pas vraiment éliminé Trump, qu'il ait »éliminé' Carlson peut-être pour le mettre en position de devoir être candidat, qu'il ait permis à Kennedy d'être candidat comme il l'est, avec l'héritage de son oncle ? Il ne nous intéresse pas de savoir comment les « trois gêneurs » vont s'arranger ou ne pas s'arranger ensemble, comment ils pourraient constituer des formules alternatives ou bien au contraire se trouver empêtrés dans des conflits d'egos. Ce qui nous importe, c'est le désordre qu'ils produisent, en même temps qu'ils entretiennent et vont entretenir une « conversation » de plus en plus explosive à propos de la guerre en Ukraine, – laquelle est le cas le plus extraordinaire de blocage sanglant, de cause sans fondement et de conséquence sans cause, l'archétype même de l'affrontement totalement nihiliste derrière les empilements de simulacre dont la communication nous abreuve ?
On l'a dit et nous le disons, et nous le répétons : tout se passe aux USA, en 2024. La possible intervention de Carlson ne fera qu'ajouter encore du piment à la chose, et de haute et belle tenue, comme une belle fureur de tempête. Notre époque mérite bien cela.
Mis en ligne le 21 mai 2023 à 17H55