Lauriane Bernard, France-Soir
Les chaînes RFI et France24 ont été suspendues de diffusion au Niger.
AFP/KENZO TRIBOUILLARD
MÉDIAS/CENSURE - Ce jeudi 3 août, le ministère français des Affaires étrangères a publié un communiqué pour condamner la suspension de la diffusion des chaînes Radio France Internationale (RFI) et de France24 au Niger.
Cette censure n'est pas sans rappeler celle qui a frappé les chaines RT France et Sputnik au sein de l'Union européenne (UE) en mars 2022.
Le 3 août, Abdourahmane Tiani a ordonné la coupure des signaux de RFI et de France24 au Niger. La junte nigérienne imite ainsi ses homologues malienne et burkinabé qui ont suspendu les mêmes médias.
Un traitement similaire réservé à Sputnik et RT France
Dans son communiqué, le ministère français des Affaires étrangères rappelle que "la France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse (...) et de tous ceux dont l'expression concourt à une information libre et plurielle et au débat public, partout dans le monde".
Communiqué intégral➡️
Niger – Condamnation de la suspension de France 24 et de RFI (03.08.2023)La France condamne très fermement la suspension de la diffusion de France 24 et de RFI au Niger.
Pourtant, le 2 mars 2022, soit peu après le début de la guerre en Ukraine, les médias Sputnik et RT France avaient été interdits de diffusion dans toute l'UE. Les Vingt-Sept les avaient accusé d'être des instruments de désinformation du Kremlin, allant jusqu'à geler les comptes bancaires de la chaine RT.
L'argument semble désormais se retourner contre les médias français. Le Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a pris le pouvoir au Niger le 26 juillet, dénonce l'ingérence de Paris dans les affaires nigériennes et ce sont RFI et France 24 qui ont l'air d'en faire les frais. Des observateurs bien avisés ont pourtant mis en garde contre la course à la censure.
La mise en garde d'Elon Musk
Sur le plateau du 20h de France 2 le 19 juin, la journaliste Anne-Sophie Lapix a fait réagir Elon Musk face à certains propos tenus sur Twitter, et à l'absence de censure. L'entrepreneur américain n'a alors pas hésité à reconnaitre le mauvais gout des commentaires, mais a aussi répondu : "Si vous n'aimez pas quelque chose et vous le censurez, tôt ou tard, ce sera vous qui serez censurés à votre tour".
Au jeu de la censure, tel est pris qui croyait prendre. Des considérations qu'il faut garder à l'esprit à l'aune du 25 août, date fatidique à laquelle le règlement européen sur les services numériques (DSA) doit en entrer en vigueur.