17/08/2023 mondialisation.ca  11min #232661

Seulement 2% des effets indésirables des médicaments seraient rapportés au Royaume-Uni

Par  Julie Lévesque

Le 17 juillet dernier, lors de la 17e session du All-Party Parliamentary Group (APPG), un groupe parlementaire multipartite britannique, un intervenant a dressé un constat alarmant : seulement 2% des effets indésirables des médicaments seraient rapportés au système de pharmacovigilance Yellow Card System.

De plus, le programme de compensation des victimes d'une vaccination laisserait tomber les victimes.

La sous-déclaration des effets secondaires des injections n'est pas un fait nouveau.

Le rapport Lazarus de 2011, commandé par le département de la Santé et des Services Sociaux des États-Unis, avait conclu qu'environ 1 % des effets secondaires des vaccins étaient déclarés au système de surveillance Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS).

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Le but de la rencontre de l'APPG était de discuter du système Yellow card et des injections covid-19. Les intervenants invités étaient le professeur Carl Heneghan, professeur de médecine factuelle à l'Université d'Oxford et directeur du Centre for Evidence-Based Medicine, et Peter Todd, un avocat défendant 43 familles de victimes de caillots sanguins mortels à la suite de la vaccination avec AstraZeneca.

Voici un résumé de leurs témoignages.

Prof. Heneghan

Carl Heneghan

Au Royaume-Uni, 6,5 % des admissions à l'hôpital sont dues à des effets secondaires des médicaments (appelés «  manifestations cliniques indésirables » au Québec).

Le système Yellow Card est un système d'alerte précoce des effets indésirables, lequel permet à l'agence de règlementation des médicaments de détecter des signaux d'innocuité.

Selon le professeur Heneghan, la sous-déclaration des effets indésirables pourrait atteindre 98 %, si l'on se fie aux publications à ce sujet depuis 2010. Cette sous-déclaration entrave considérablement la détection et l'analyse de signaux d'innocuité, ainsi que la mise en évidence de liens de causalité.

« Seulement 10 % des effets indésirables graves et entre 2 % et 4 % des effets non graves sont signalés », affirmait la Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency (MHRA), l'agence de règlementation des médicaments, en 2018.

Le système est « trop complexe et diffus » pour permettre la détection de ces signaux et « nécessite une réforme », a déclaré le professeur.

Ce dernier cite un rapport indépendant sur les médicaments et les appareils médicaux, publié en 2020 sur le site du ministère de la Santé britannique :  Independent Medicines and Medical Devices Safety Review report.

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Il convient de s'éloigner un moment du témoignage du professeur Heneghan pour jeter un œil sur ce rapport de 277 pages, dont les conclusions sont catégoriques sur la façon dont sont traitées les victimes d'effets secondaires par le système de santé :

« Il est devenu trop évident que ceux qui ont été affectés ont été rejetés, négligés et ignorés trop longtemps. Il ne s'agit pas d'un seul ou de quelques médecins voyous, ni de différences dans la pratique régionale. C'est systémique. » (Soulignements ajoutés)

La liste des « problèmes courants et éloquents » signalés par les victimes d'effets secondaires est longue et mérite d'être citée :

  • « manque d'information pour faire des choix éclairés;
  • manque d'information sur la façon de signaler les événements indésirables et l'endroit où porter plainte;
  • lutte pour se faire entendre;
  • ne pas être cru;
  • attitudes méprisantes et inutiles de la part de certains cliniciens;
  • sentiment d'abandon;
  • conséquences qui changent la vie, non seulement pour les personnes directement touchées, mais aussi pour leurs familles et amis;
  • effondrement de la vie familiale;
  • pertes d'emplois, de soutien financier et parfois de logement;
  • perte d'identité et d'estime de soi;
  • sentiment de culpabilité persistant;
  • les enfants deviennent les soignants de leur mère et de leurs frères et sœurs;
  • les cliniciens ne maîtrisent pas les compétences dont ils ont besoin pour poser un bon diagnostic;
  • les cliniciens ne savent pas comment apprendre des patients;
  • des dossiers de patients inexacts ou modifiés;
  • un manque d'intérêt pour le suivi des effets indésirables et le suivi à long terme dans l'ensemble du système de soins de santé, et une incapacité à faire ce suivi. »

En ce qui concerne les injections covid-19, le professeur Heneghan se demande pourquoi la MHRA, crée depuis janvier 2023 des résumés du Yellow Card System axés sur les doses de rappel administrées à partir du mois d'août 2022.

Le professeur a fait état de 481,239 rapports d'effets secondaires potentiels, incluant 2,546 décès. Il a mis en doute les affirmations du MHRA voulant que les estimations précédentes de sous-déclaration ne devraient pas être prises en compte et estime que les effets secondaires pourraient être dix fois supérieurs à ceux rapportés.

La MHRA affirme être très vigilante et prendre au sérieux les rapports de décès. Toutefois, le professeur Heneghan n'y croit pas, puisque le système de pharmacovigilance est déficient et rend l'évaluation et la comparaison de différents vaccins impossibles.

Le Danemark et la Norvège, qui ont suspendu l'administration de l'injection AstraZeneca très tôt, en mars 2021, auraient de meilleurs systèmes de surveillance, selon le professeur.

Parmi les autres « problèmes répandus » liés aux rapports d'effets secondaires potentiels, le professeur d'Oxford a soulevé la question du financement du MHRA, lequel provient « majoritairement de l'industrie pharmaceutique ».

Il conclut que « la sécurité des patients est compromise », que des changements législatifs et règlementaires s'imposent, sans lesquels le système de santé en souffrira.

Peter Todd

Peter Todd

Selon l'expérience de Me Todd, il est très difficile pour une victime d'effets secondaires dus à la vaccination de réclamer des dommages à l'aide du programme de compensation gouvernemental, le Vaccine Damage Payment Scheme (VDPS). Poursuivre un fabricant s'avère encore plus ardu puisque, à ce jour, aucun plaignant n'a gagné sa cause devant les tribunaux.

Me Todd a défendu 86 victimes de narcolepsie causée par le vaccin Pandemrix, fabriqué à toute vitesse lors de la  fausse pandémie de grippe A H1N1 en 2009. Il dresse les parallèles suivants entre ces vaccins et les injections covid :

  • une pandémie mondiale;
  • des commandes gouvernementales d'urgence pour des vaccins insuffisamment testés et offerts rapidement;
  • la protection des fabricants contre les demandes de compensation.

Me Todd a fait le bilan du programme d'indemnisation (VDPS). En date du 20 juin 2023 :

  • 6183 demandes d'indemnisation;
  • 2101 ont été évaluées (33 %);
  • 139 sont en attente depuis plus de 18 mois (le délai normal est de 3 à 6 mois);
  • 119 personnes ont été indemnisées pour invalidité grave;
  • 44 indemnisations touchaient des décès;
  • 162 demandes ont été refusées parce que les invalidités n'étaient pas jugées assez graves.

Par comparaison, pour la même période, 208 demandes seulement impliquaient d'autres vaccins. Les injections covid ont donc « généré un très grand nombre d'effets secondaires ».

L'avocat a exprimé des inquiétudes sur le processus d'évaluation, incluant l'absence de rencontre ou de discussion entre le médecin évaluateur et la victime :

« Un grand nombre de cas sont donc refusés à tort, et il peut s'écouler un certain temps avant de pouvoir interjeter appel, parfois plusieurs années. »

Les victimes de l'injection AstraZeneca qu'il défend ont souffert d'accidents vasculaires cérébraux (AVC), de crises cardiaques et d'amputations, et 43 d'entre elles sont des familles de personnes décédées à la suite de caillots sanguins.

Dans le système Yellow Card, on trouve 81 décès et 445 blessures graves en lien avec des caillots sanguins.

Peter Todd a appelé à « une refonte fondamentale de tout le processus » et demandé au département de la Santé d'offrir un « programme de compensation décent ».

Remarques des coprésidents de l'APPG

La coprésidente du groupe, la député Esther McVey, a souligné les problèmes suivants au début de la rencontre :

Esther McVey

  • Le délai de prescription de 3 ans réduisant les chances d'obtenir une compensation;
  • Le déni de responsabilité d'AstraZeneca et du gouvernement;
  • Les coûts engendrés par des recours légaux;
  • L'échec du MHRA, qui n'a pas suspendu les injections AstraZeneca aussi rapidement que d'autres pays, augmentant ainsi le nombre de victimes d'effets secondaires et soulevant des questions sur son rôle de régulateur.

Selon Mme McVey :

« Ce que nous avons entendu est extrêmement préoccupant. L'ensemble du système laisse tomber les patients, du début à la fin. »

Pour le coprésident, Graham Stringer :

« La meilleure et la seule façon de vaincre le mouvement antivax est d'être complètement ouvert et honnête au sujet des avantages et des coûts de ces interventions médicales. »

Le député se trompe à ce sujet.

L'idée que les soi-disant antivax sont mal informés et ont besoin d'éducation est tout simplement fausse.

Au contraire, les personnes qui hésitent à se faire vacciner ou refusent un ou certains vaccins connaissent généralement très bien les risques et bénéfices des vaccins et sont souvent mieux informées que les médecins à ce sujet, selon ce que l'auteure de ces lignes a pu constater.

C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les systèmes de pharmacovigilance sont déficients : ceux qui ont le devoir de rapporter les effets secondaires échouent à leur tâche en raison de leur méconnaissance.

Le rapport indépendant cité plus haut confirme d'ailleurs que « les cliniciens ne maîtrisent pas les compétences dont ils ont besoin pour poser un bon diagnostic. »

Pour la très grande majorité des professionnels de la santé, « les vaccins sont sûrs et efficace ». De telles croyances ne leur permettent pas d'établir des liens de cause à effet et c'est pourquoi les victimes d'effets secondaires « ne sont pas crues ».

Comme l'indique le rapport : « les cliniciens ne savent pas comment apprendre des patients ».

Pharmacovigilance au Québec

L'étude  Profil de la pratique de la pharmacovigilance en établissement de santé au Québec, publiée en avril 2019, a conclu que « la déclaration des effets indésirables médicamenteux (EIM) reste encore largement inférieure au nombre réel d'EIM avéré et mérite d'être encouragée ». (Soulignements ajoutés)

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Lire à ce sujet  Effets secondaires « sans précédent » justifiant le rappel des injections, pas des doses de rappel.

Au Québec, le  Programme de compensation des victimes d'une vaccination a reçu 98 demandes en 2021, 98 en 2022 et 5 en 2023.

De ce nombre, seulement 22 demandes ont été évaluées et 3 personnes ont été indemnisées. Des dossiers sont en cours d'évaluation.

De nombreuses victimes d'effets secondaires des injections covid qui ont témoigné à la  Commission d'enquête nationale citoyenne ce printemps ont eu de la difficulté à rapporter leurs effets secondaires. Les médecins refusent trop souvent d'établir un lien avec le vaccin.

Depuis le début du programme en 1985, 441 demandes ont été enregistrées, dont 240 depuis 2021.

Près de la moitié des demandes ont donc été faites dans les 3 dernières années.

Durant les années suivant la vaccination contre la grippe A H1N1, soit de 2009 à 2012, le programme compte 64 demandes.

En tout, 304 demandes sont liées à des injections autorisées d'urgence, en période dite pandémique, soit 69 % des demandes au total.

Des dossiers de 2015 et 2018 sont toujours en cours d'évaluation.

Julie Lévesque

Journaliste indépendante

Pour aller plus loin, voici des  articles et des vidéos sur les effets secondaires.

La source originale de cet article est  Le tribunal de l'Infaux

Copyright ©  Julie Lévesque,  Le tribunal de l'Infaux, 2023

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