Je m'étonne quelque fois du normalisme dont semblent se vanter les personnes que l'égo pousse à vouloir être au centre du monde. Il y a ici plein de sujets.
Pour être au centre du monde il faut des liens équilibrés avec la société telle qu'elle existe, comme au milieu d'une toile.
La société telle qu'elle existe est une fanfaronnade, un blasphème, une insulte à la vie et à l'intelligence. La Logique y est une sous-discipline appliquée à l'art de faire du commerce. Il est culturellement interdit de faire preuve de Logique.
Par exemple pour résoudre n'importe quel problème, la solution la plus évidente et même la méthodologie pour y parvenir est aussitôt effacée de la conscience, et s'arrête au schéma commercial. Mais la plupart ont des troncs communs.
Se sentir bien dans une société décadente, c'est un sujet, mais le sujet qui nous éclate le plus, nous autres scientifiques qui étudient le genre humain plongé dans l'ère de capitalisme, ce sont les ressorts psychologiques dont ils font usage.
Il faut remonter à l'origine du commerce, le jour où un gars quelconque, dont la descendance a cultivé le secret de famille pour garder sa prééminence, a compris que le meilleur truc à vendre c'étaient des histoires.
C'est ce qui coûte le moins cher et rapporte le plus. Si on fait croire aux gens que le capitalisme lui-même est une science logique fiable et assumée, alors ils ne se poseront pas plus de questions. Et si le mensonge s'effrite, ils le nie.
Les histoires qu'il faut raconter pour engendrer de l'argent sont devenues avec le temps multicouches et de plus en plus profondément enfoncées dans le subconscient et la culture, inculquées par l'éducation, et incrustées dans l'Adn.
Multicouches ça veut dire que les histoires se soutiennent les unes les autres et conforment une logique, une narration, de sorte à prendre une allure incontestable. C'est devenu tout un art et une science.
C'est à dire, pour le dire froidement, que de raconter des histoires est concomitant avec le fait de faire perdurer le système marchand, ce qui prouve son inanité, mais révèle simplement son origine.
Historiquement le marchand était aussi en charge de transporter l'information, et on lui remettait un billet ou des pièces pour ce service, gratuit, en plus de la broutille vendue en passant. L'argent symbolisait le lien social.
Aujourd'hui on a d'autres moyens de créer du lien social et de faire circuler l'information, mais cela n'a pas du tout fait basculer le système marchand sur son axe, car les histoires qu'il raconte continuent de conforter les croyances longuement acquises au fil des générations.
"L'histoire" la plus lucrative à raconter et à inculquer est bien sûr la somme de raisons d'autorité (cette expression recouvre les non-raisons prises comme suffisantes sur le moment) qui conditionnent le comportement et la soumission.
Il fallait s'y attendre, si on base une société sur le mensonge,, ET que "toute société tend vers la dictature",, il est difficilement évitable que cela finisse mal.
Le truc le plus stupéfiant quand on étudie l'homo-dictaturus est quand même sa prédisposition à aimer, préférer, et considérer d'instinct les premières approximations de la réalité qui collent à la narration d'une dictature.
C'est vraiment stupéfiant que la première idée quand on parle d'éducation, sera de rabaisser et humilier l'étudiant, ou que le patriotisme consistera à faire perdurer des connaissances acquises sans esprit critique.
Mais quelle est la valeur des idées défendues et aimées si elles ne sont pas le fruit d'une réflexion libre et puissante ? Aucune. Pourtant dans cette société, elle correspond à sa somme de billets, tandis que la seconde est rejetée.
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Je suis sûr que les scientifiques, en voyant les ingénieurs d'aujourd'hui, doivent se ronger les ongles et se dire :
"Mais c'est pas possible ! Mais qu'est-ce que c'est que ces c*# ! On a consacré nos vies, au *Bien*, à la *Justice*, à rendre le monde meilleur ! On ne cherchait rien d'autre que la **Vérité **! On n'avait aucune vanité ! Si nos découvertes et nos compréhensions pouvaient rendre la vie d'une seule personne meilleure, on était aux anges ! Et que ce soit à l'échelle mineure ou majeure, nos découvertes ont engendré ce monde qui est là, aujourd'hui !".
Puis ils continuent :
Et eux ? Ils font quoi ? Ils sont quoi ? Rien d'autre que la caricature de personnages moqués de tous temps au théâtre, ils bénissent les riches, maudissent les pauvres, chassent les démons qui ne sont pas comme eux, jugent et déversent leur haine sur tout ce qui s'oppose à la dictature qu'ils subissent, n'apporte rien, ne contribuent à rien, ne pensent à rien, n'aiment rien, et ne font que profiter et se sentir méritants d'avoir la discipline de simplement se soumettre à des lois, à la *Dictature*, des façons de faire, des procédures qui leur ont été imposées, qui sont contre-productives et anticréatives, aliénantes, humiliantes, inutiles, et dont ils ne s'étonnent pas, et pire, admettent, qu'ils ne pourront rien y faire , parce que "*c'est comme ça*". Leur pouvoir de *Penser* leur a été dérobé, simplement par persuasion et endoctrinement. Et ceux qui ne se soumettent pas, qui inventent, qui pensent, ceux-là, comme d'habitude finalement, sont rejetés et humiliés.
Et il conclut :
Finalement, la tournure que prennent les choses ne fait que mieux voir et comprendre le vrai problème qui manque encore d'être identifié, et réglé !