Une analyse réalisée par Global Witness estime que les investissements de Shell devraient atteindre environ 14,5 milliards de dollars.
Source : Truthout, Jake Johnson, Common Dreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Un panneau Shell dans une station-service, le 27 octobre 2022, à New York. LEONARDO MUNOZ / VIEWPRESS VIA GETTY IMAGES
Alors qu'une grande partie du monde est secouée par des records de chaleur et des incendies de forêt dévastateurs, le géant pétrolier londonien Shell s'apprête à augmenter ses investissements dans les combustibles fossiles qui réchauffent la planète, après avoir abandonné son plan de réduction de la production de pétrole.
Une analyse publiée jeudi par le groupe de défense des droits Global Witness estime que les investissements de Shell dans des projets pétroliers et gaziers devraient atteindre environ 14,5 milliards de dollars cette année, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2022. La société devrait dépenser beaucoup moins dans ce qu'elle définit comme des « solutions énergétiques et renouvelables. »
« Les combustibles fossiles sont la principale cause du dérèglement climatique, qui alimente les vagues de chaleur extrêmes, les incendies de forêt et la sécheresse », a déclaré Jonathan Noronha-Gant, chargé de campagne à Global Witness. « Chaque maison réduite en cendres, chaque ville forcée d'évacuer, chaque écosystème détruit par un incendie de forêt est une conséquence nécessaire d'un modèle d'entreprise comme celui de Shell, qui privilégie les gains d'argent à court terme plutôt que la sécurité et la capacité de survie de nos sociétés. »
Cette nouvelle analyse intervient alors que Shell a annoncé des bénéfices de 5,1 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, soit une baisse importante par rapport aux bénéfices record de 11,5 milliards de dollars enregistrés au cours de la même période l'an passé. Malgré cette baisse des bénéfices, imputée par Shell à la chute des prix du pétrole et du gaz, l'entreprise a annoncé une augmentation de 15 % de son dividende trimestriel et un rachat d'actions pour un montant de 3 milliards de dollars.
« La stratégie du PDG Wael Sawan en matière de combustibles fossiles continue de viser uniquement le profit des actionnaires », a déclaré Nine de Pater, militante des Amis de la Terre aux Pays-Bas, dans un communiqué. « C'est immoral et totalement irresponsable. Nous constatons l'impact de la crise climatique dans le monde entier cet été : les incendies de forêt en Grèce et les records de chaleur dans le sud de l'Europe, en Algérie et en Inde, entre autres, ainsi que les inondations en Italie et en Afghanistan. »
« Les bénéfices de Shell montrent clairement que l'entreprise choisit les profits au détriment des vies humaines », a-t-elle ajouté.
Shell, qui connaît depuis les années 1970 l'impact de la combustion des énergies fossiles sur le climat, a annoncé le mois dernier son intention d'augmenter sa production de gaz dans les années à venir, tout en abandonnant son projet de réduire sa production de pétrole de 2 % par an.
Dans une interview accordée quelques semaines après cette annonce, Sawan a déclaré qu'il serait « dangereux et irresponsable » de réduire la production de pétrole et de gaz, alors que les scientifiques affirment que c'est exactement ce qu'il faut faire pour éviter un réchauffement catastrophique.
Global Witness a récemment estimé que le revirement de Shell en matière de production pétrolière pourrait générer en moyenne « 29 millions de tonnes de carbone supplémentaires par an, soit presque autant que ce que le Danemark émet chaque année. »
« D'ici 2030, ajoute le groupe, les émissions supplémentaires estimées de Shell représenteraient autant que ce que l'Espagne - l'un des plus grands pollueurs d'Europe - produit en un an. »
Jake Johnson est rédacteur pour Common Dreams. Suivez-le sur Twitter : @johnsonjakep.
Source : Truthout, Jake Johnson, Common Dreams, 27-07-2023
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises