par Tony A.
Sur instruction du ministère des Affaires étrangères français, les établissements culturels subventionnés par l'État ont été sommés de suspendre leur coopération artistique avec certains pays d'Afrique. Il s'agit notamment du Mali, Niger, Burkina Faso. Ladite mesure de suspension s'appliquerait jusqu'à nouvel ordre.
Cette absence temporaire de coopération artistique avec ces pays n'est pas sans impact sur le secteur culturel. Il en est de même pour certains acteurs, qui voient en cette mesure une politique inappropriée de la France. Il faut noter que l'ancienne puissance coloniale est très décriée ces dernières années sur le continent. Et ses prises de position sur plusieurs questions ou faits politiques, de même que ses deux poids deux mesures n'arrangent en rien sa perte d'influence.
La coopération artistique, une arme d'influence de la France ?
Selon les instructions, dictées par le ministère des Affaires étrangères, les artistes maliens, nigériens et burkinabè ne pourraient obtenir leur visa pour la France. Aucune exception ne sera faite pour eux. Depuis le 7 août déjà, les ressortissants de ces pays sont privés de visa, pour des raisons sécuritaires et les tensions actuelles d'après le gouvernement français.
«Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. À compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu'à nouvel ordre», peut-on lire dans le message.
Des scènes perturbées
Pour les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales, cette mesure, sans précédent est une véritable entorse à la coopération artistique et à l'image de la France. «Aucune déprogrammation d'artistes, de quelque nationalité que ce soit, n'est demandée ni par le ministère des Affaires étrangères, ni par le ministère de la Culture», a expliqué le ministère à travers un communiqué. Et de préciser, «cette décision n'affecte pas les personnes qui étaient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d'autres pays».
D'après le syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), une erreur politique majeure, et ses répercussions sont déjà visibles aussi bien sur les artistes que sur les promoteurs de spectacles. Et ce n'est pas du tout ça l'idéologie qu'a toujours prôné la France.
«Il y a des interprètes dans les distributions de certains de nos spectacles pour qui on se battait déjà depuis quelques jours pour essayer d'obtenir le visa. Et là, l'injonction qui a été reçue a précisé que oui, ce serait très problématique d'accueillir ces artistes-là pour ces créations. On est directement impactés dans la programmation, il va nous manquer du monde et on en est très attristés», s'est plaint Quentin Carrissimo-Bertola, secrétaire général du festival des Francophonies.
source : L'Investigateur Africain