Source: AFP
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (image d'illustration).
«Nous ne transférons plus aucun armement à l'Ukraine», a déclaré le 20 septembre en fin de journée le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, sur la chaîne privée Polsat News. «Nous nous concentrons principalement sur la modernisation et l'armement rapide de l'armée polonaise, afin qu'elle devienne l'une des armées terrestres les plus puissantes d'Europe, et ce dans un délai très court», a-t-il expliqué.
Il a également précisé que le hub militaire situé dans la ville de Rzeszow, dans le Sud-Est du pays, par lequel passe le matériel occidental à destination de l'Ukraine, fonctionnait normalement.
Le Premier ministre n'a pas précisé quand la Pologne, un des plus grands fournisseurs d'armes à l'Ukraine, avait cessé d'en fournir, ni si cela avait un lien avec le conflit sur les céréales ukrainiennes, dont Varsovie a interdit les importations pour protéger les intérêts de ses agriculteurs.
Le 21 septembre, le secrétaire de presse du gouvernement de la république polonaise, Piotr Müller, a toutefois précisé, que la Pologne fournissait des armes à l'Ukraine conformément aux accords conclus précédemment, selon des propos rapportés par l'agence PAP.
Son annonce intervient toutefois quelques heures après la convocation «d'urgence» par Varsovie de l'ambassadeur ukrainien pour protester contre les propos de Volodymyr Zelensky à l'ONU. Le 19 septembre, le président ukrainien avait fustigé que «certains pays feignent la solidarité [avec l'Ukraine] en soutenant indirectement la Russie».
Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, qui a reçu le diplomate ukrainien, a dénoncé cette «thèse fausse» et «particulièrement injustifiée concernant la Pologne qui soutient l'Ukraine depuis les premiers jours de la guerre».
L'annonce par Bruxelles le 15 septembre de la fin de l'interdiction d'importer des céréales ukrainiennes, prononcée en mai par cinq Etats de l'UE, a enflammé les esprits, provoquant des embargos unilatéraux auxquels Kiev a répliqué le 18 septembre en annonçant porter plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En réaction, le Premier ministre polonais a averti le 20 septembre qu'il élargirait la liste des produits ukrainiens interdits d'importation.
L'Ukraine entraînera-t-elle la Pologne dans sa noyade ?
«Faire pression sur la Pologne dans les forums multilatéraux ou envoyer des plaintes aux tribunaux internationaux ne sont pas des méthodes appropriées pour résoudre les différends entre nos pays», avait averti la diplomatie polonaise dans un communiqué.
«Nous appelons nos amis polonais à mettre l'émotion de côté», avait réagi de son côté le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko, après l'annonce par Varsovie de la convocation de l'ambassadeur ukrainien.
Le 19 septembre, le président polonais Andrzej Duda, lors d'une rencontre avec les médias à New York, avait notamment comparé l'Ukraine à un homme qui se noie, risquant d'entraîner au fond et de noyer aussi celui qui cherche à le sauver.