21/11/2023 mondialisation.ca  7min #237695

En soutenant les massacres incessants, Washington « insulte nos consciences »

Par  Philip Weiss

Des Palestiniens blessés, dont des enfants, sont amenés à un hôpital après une frappe israélienne à Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 novembre 2023. (Photo : Omar Ashtawy/APA Images)

Avez-vous remarqué que les médias occidentaux se détournent du sujet ? Ils tentent de minimiser ce qui se passe à Gaza, de l'intégrer dans le cours normal de l'actualité. Tant de personnes sont mortes à Gaza aujourd'hui – une statistique de plus.

C'est beaucoup plus rassurant que de dire : "Voilà maintenant six semaines que les États-Unis arment une guerre contre des millions d'innocents dans leurs maisons et maintenant dans des tentes et des hôpitaux, dans une prison à ciel ouvert de la taille de la ville de Philadelphie".

On songe ensuite aux  euphémismes qualifiant la "guerre entre l'armée israélienne et les terroristes du Hamas".  Conflit encadré. Un terme positif utilisé par les experts pour justifier l'oppression des Palestiniens et leur assassinat par centaines chaque année, et non par milliers. Le statu quo n'est pas viable. C'est une façon de dire : "Il est très inconfortable de se pencher sur ce qui se passe en Palestine, mais  nous n'appellerons pas les choses par leur nom, l'apartheid, et nous ne pouvons rien faire non plus. Et  nos plus augustes organisations professionnelles se tairont."

Nous ne pouvons pas détourner le regard. Cette semaine a apporté de nouvelles dévastations dans une succession sans fin de destructions. L' Organisation mondiale de la santé déclare que l'hôpital al-Shifa est une "zone de mort", avec des déchets empilés sur le sol, 291 patients toujours dans ses murs, 25 membres du personnel et 32 bébés prématurés.

Plus de 12 000 Palestiniens sont morts, dont plus de 5 000 enfants, et 400 000 personnes seraient en train de fuir le nord de Gaza vers le sud en empruntant le "couloir de l'humiliation", mais Khan Younis est également attaquée par les armes les plus modernes tirées par l'armée la plus morale du monde.

Et l'establishment démocrate, de concert, soutient les massacres. Joe Biden a écrit une tribune dans le Washington Post, poussant à davantage de bombardements dans "une guerre pour la démocratie", comme le résume Palestine Media Action.

"L'administration Biden a plongé tête la première dans un abîme de dépravation morale en soutenant matériellement Israël dans le massacre de milliers de Palestiniens, en rendant Gaza inhabitable, et en tolérant son nettoyage ethnique",

comme l'a déclaré Rashid Khalidi à Columbia cette semaine, dans un  articleque nous avons publié.

Nos dirigeants répriment l'opposition à la guerre, et tentent de faire passer l'histoire sous silence.

 L'AIPAC se prépare à dépenser 100 millions de dollars pour écraser toute opposition progressiste aux actions d'Israël au Congrès. Les chaînes câblées libérales présentent Michael Oren et le porte-parole de l'armée israélienne expliquant pourquoi un cessez-le-feu serait une victoire pour les terroristes – qui seront bientôt chez vous.  Les présidents d'université publient des déclarations sur l'antisémitisme, et  interdisent les organisations de solidaritéavec les Palestiniens.

Ils se préparent pour le prochain chapitre de la persécution bénie à Washington, lorsque Gaza aura subi une Nakba sous nos yeux, que le monde exigera la liberté et qu'Israël cherchera à

"rétablir une forme du statu quo oppressif d'occupation et d'enfermement des Palestiniens dans des espaces de plus en plus restreints, tout en injectant davantage de formaldéhyde dans le cadavre en décomposition de la ‘solution à deux États' morte depuis longtemps", comme l'a dit Khalidi.

La bonne nouvelle, c'est que les consciences s'éveillent. Un vaste mouvement anti-guerre et pro-palestinien s'est mobilisé aux États-Unis. Des centaines de personnes ont  bloqué le pont de la baie de San Francisco la semaine dernière, garant leurs voitures et "jetant leurs clés dans la baie". Des centaines de personnes ont  manifesté devant le siège du  Comité national démocrate la semaine dernière et ont été agressés par la police. Bien que le gouvernement et les médias officiels aient menti sur les raisons de la violence et des arrestations, la base démocrate sait.

En effet, 80 % des électeurs démocrates affirment qu'il faut instaurer un cessez-le-feu, selon Michael Arria, et  70 % des jeunes électeurs désapprouvent la gestion de la guerre par M. Biden.

 La nouvelle génération est témoin de l'oppression. Elle est témoin de la violence la plus révoltante que notre gouvernement ait validé de mémoire récente, la qualifie de génocide, et ne s'en détourne pas. Même le  LA Timesexige la fin des massacres.

Sous la guerre de propagande émerge un appel aux consciences.

"Garder le silence en cet instant serait une insulte à nos consciences et aggraverait notre complicité… [N]ous devons appeler nos dirigeants – le président Biden, les membres du Congrès et d'autres – à se positionner sans équivoque sur l'urgence de mettre un terme à la tuerie. Maintenant. C'est clairement ce que l'amour exige de nous",  écrit un dirigeant chrétien, Michael Curry, évêque épiscopalien.

Rien n'est plus clair aujourd'hui. Ne vous taisez pas. Ne détournez pas les yeux. Témoignez et exigez des actions. Gardez la population de Gaza dans vos consciences et dans vos cœurs.

Merci de m'avoir lu,

Phil Weiss

Article original en anglais :  Weekly briefing: Washington's approval of unending massacre is a ‘stain upon our souls', Mondoweiss, le 19 novembre 2023.

Traduction : Spirit Of Free Speech

La source originale de cet article est  mondoweiss.net

Copyright ©  Philip Weiss,  mondoweiss.net, 2023

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