26/11/2023 dedefensa.org  3min #238041

 Enfoncement de portes ouvertes via 'The Economist'

'The Economist' et quelques faits surprenants

Andrew Korybko

L'Ukraine est impuissante à empêcher la Russie de neutraliser les armements de haute technologie occidentaux, de détruire chaque semaine des drones financés par l'Occident pour environ 2 millions de dollars et de déployer ses propres essaims de drones contre eux.

'The Economist' a publié la semaine dernière un article sur la manière dont"la Russie commence à montrer sa supériorité en matière de guerre électronique"( titre de l'article), citant des faits que nombre de ses lecteurs ignorent probablement. Par exemple,"l'Ukraine a découvert en mars que ses obus [US] 'Excalibur' guidés par GPS commençaient soudainement à dévier de leur cible, grâce au brouillage russe. Quelque chose de similaire a commencé à se produire avec les bombes guidées JDAM-ER que les États-Unis avaient fournies à l'armée de l'air ukrainienne, tandis que les obus guidés à longue portée GMLRS lancées par les HIMARS livrés par les USA à l'Ukraine ont également commencé à manquer leurs cibles. Dans certaines régions, la majorité des obus du GMLRS s'égarent désormais".

Ces précisions spécifiques prouvent que la Russie a neutralisé les armements de haute technologie que l'Ukraine a reçus de l'Occident et auparavant présentés par [la presseSystème] comme"révolutionnaires". 'The Economist' a continué à éclairer ses lecteurs en les informant que"les pertes (de drones ukrainiens) dues à la guerre électronique russe, qui brouillent leurs systèmes de guidage ou brouillent leurs liaisons radio avec leurs opérateurs, s'élèvent parfois à plus de 2 000 par semaine".

Si l'on considère que chacun coûte environ 1 000 dollars selon les estimations, cela revient à dire que la Russie abat chaque semaine pour 2 millions de dollars de drones ukrainiens, tous probablement financés par l'Occident. En conséquence, 'The Economist' écrit que"le ciel au-dessus du champ de bataille est désormais rempli de drones russes. Autour de Bakhmut, les soldats ukrainiens estiment que la Russie déploie deux fois plus de drones d'assaut qu'eux ne sont capables de faire.

'The Economist' cite également deux experts de RUSI qui leur ont déclaré que "les systèmes de guerre électronique russes ont une portée de 10 km et peuvent prendre le contrôle du drone, tout en acquérant les coordonnées du lieu depuis où il est piloté, avec une précision d'un mètre, pour être transmis à une batterie d'artillerie". Chacun des 10 000 pilotes-guideurs de drones ukrainiens mentionnés dans la situation décrite risque donc d'être tué peu de temps après avoir lancé son appareil sur le champ de bataille.

L'hebdomadaire conclut son article en citant un expert américain qui a confirmé que son pays avait restreint l'exportation de ses équipements de guerre électronique vers l'Ukraine, pour la raison qu'on peut supposer d'éviter qu'ils ne tombent d'une façon ou l'autre (récupération directe ou prise de contrôle) entre les mains des Russes. Un autre expert d'un groupe de réflexion allemand a déclaré catégoriquement que "les capacités de l'OTAN pourraient ne pas être aussi bonnes que celles de la Russie" et a émis l'hypothèse que la Russie pourrait transmettre à la Chine "les fréquences et les techniques de saut de canal utilisées" par de tels équipements.

Pour ces raisons, l'Occident est réticent à renforcer les capacités de guerre électronique de l'Ukraine, ce qui interdit à ce pays de contrecarrer les actions défensive de guerre électronique russes autant que l'emploi de ses propres armes et systèmes du domaine (drones notamment). Dans ces conditions déséquilibrées, il n'existe aucun moyen réaliste pour l'Ukraine de récupérer davantage de territoire, et elle risque de perdre encore plus à mesure que le conflit se prolonge. Il n'est donc pas étonnant que l'Occident veuille  le geler.

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