Après avoir insisté sur le fait qu'il ne négocierait pas avec le Hamas, Israël a finalement annoncé qu'il acceptait de participer à un échange de prisonniers et à une interruption temporaire des combats. Les termes de l'accord ont été publiés par des représentants qataris, Doha étant le lieu des négociations. Cette nouvelle met en lumière certaines faiblesses d'Israël et montre à quel point l'État sioniste éprouve des difficultés à mener à bien la lutte contre la guérilla palestinienne.
L'accord a été annoncé le 23 novembre, établissant un cessez-le-feu temporaire [accord de trêve] de quatre jours à compter du 27 novembre à 7 heures du matin. Israël a accepté de libérer 150 otages palestiniens, en échange de 50 Israéliens retenus prisonniers par le Hamas. Les porte-parole de Tel Aviv ont même annoncé que la trêve pourrait être prolongée si le Hamas acceptait de libérer davantage de citoyens israéliens, mais aucune information n'a été communiquée à ce sujet jusqu'à présent.[27 novembre : on annonce le prolongement de la trêve jusqu'à jeudi le 30 novembre]
Auparavant, des rumeurs sur un éventuel accord avaient déjà été diffusées sur les médias sociaux. Des responsables des deux parties ont déclaré ces derniers jours qu'une pause militaire pourrait avoir lieu, mais que les conditions n'étaient pas encore claires. L'accord actuellement en vigueur a été négocié par des diplomates qataris, égyptiens et américains et semble avoir finalement réussi à trouver un consensus mutuellement bénéfique pour les deux parties au conflit.
Alors que les combats fontt une pause, l'aide humanitaire arrive à Gaza, plusieurs camions sont entrés dans l'enclave palestinienne sans être pris pour cible par l'artillerie et l'aviation israéliennes. On ne sait pas encore avec certitude si les combats ont réellement cessé. Il est possible que des combats terrestres aient lieu dans certaines régions, mais des correspondants locaux ont déclaré aux médias que la situation était « calme » pour le moment.
« Nous sommes témoins d'un calme relatif, qui devient progressivement de plus en plus évident alors que les avions de combat ont complètement cesser de survoler la bande de Gaza », a déclaré un journaliste d'Al Jazeera.
Les forces de défense israéliennes ont lancé un avertissement aux habitants de Gaza en leur demandant de ne pas rentrer chez eux pendant le cessez-le-feu, indiquant clairement que la trêve prendrait bientôt fin et que la violence des combats se poursuivrait. Avichay Adree, porte-parole militaire de Tel-Aviv, a déclaré :
« La guerre n'est pas encore terminée : « La guerre n'est pas encore terminée. La pause humanitaire est temporaire. Le nord de la bande de Gaza est une zone de guerre dangereuse et il est interdit de se déplacer vers le nord ».
Bien que les deux parties bénéficient de l'accord, il est indéniable que ce mouvement dénote une faiblesse de la part d'Israël. Tel-Aviv est contraint de modifier sa rhétorique sur le conflit. Auparavant, l'Etat hébreu affirmait qu'il n'y avait aucune possibilité de négocier avec le Hamas, le groupe étant considéré comme « terroriste » par les autorités sionistes. La promesse de Netanyahou était de mener la guerre jusqu'à ses moindres conséquences, sans aucun souci humanitaire, en faisant tout ce qui était nécessaire pour atteindre l'objectif d'anéantir complètement le Hamas.
Mais manifestement, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Les FDI ont utilisé une mauvaise stratégie pour combattre à Gaza, optant pour des bombardements massifs de la bande, entraînant la destruction de bâtiments et d'installations civils. Lorsqu'ils ont finalement débuté leur offensive terrestre, les soldats israéliens se sont heurtés à un terrain hostile, où les ruines des bâtiments bombardés empêchaient le passage des chars et des véhicules militaires, en plus de servir d'abri et de barricade à la guérilla palestinienne.
Les véhicules israéliens sont donc devenus une cible facile pour le Hamas. Plusieurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux, montrant des soldats du Hamas détruisant des chars israéliens à distance zéro, puis se cachant dans les débris des bâtiments. Israël a subi des pertes, plusieurs de ses soldats ayant été tués au cours des affrontements intenses. Il est clair que les forces sionistes n'étaient pas prêtes à poursuivre le combat sans une pause stratégique pour reconstituer leurs troupes et repenser la stratégie à utiliser dans la guerre.
Une autre indication qu'Israël avait besoin d'une pause est le fait qu'il a accepté de libérer 150 Palestiniens en échange de seulement 50 Israéliens. Les conditions de l'échange de prisonniers n'étaient pas favorables à Israël, qui devra restituer trois Palestiniens pour chaque Israélien libéré par le Hamas. De toute évidence, l'accord favorise davantage les Palestiniens que Tel-Aviv, Israël ayant accepté d'y participer parce qu'il avait réellement besoin d'une pause le plus rapidement possible afin de régler sa propre situation militaire.
De plus, l'accord constitue une défaite morale et psychologique pour le gouvernement Netanyahou, qui a été contraint de négocier avec un groupe qu'Israël qualifie de « terroriste ». Cela ne manquera pas de renforcer l'opposition israélienne au sein du pays et de multiplier les critiques à l'encontre du gouvernement, M. Netanyahou étant une fois de plus victime de ses propres mesures.
Cependant, il est indéniable que, malgré ces faits, l'accord a été un élément positif pour tout le monde. Des prisonniers sont libérés, l'aide humanitaire arrive à Gaza et la population palestinienne est soulagée de ses souffrances pour quelques jours. Pour Tsahal et les Brigades Al-Qassam, il est temps de mieux se préparer au combat dans un proche avenir.
Il ne reste plus qu'à voir si les accord seront réellement respectées au cours des prochains jours.
Lucas Leiroz de Almeida
Article en anglais : Deal with Hamas reveals Israel's difficulties, InfoBrics, le 24 novembre 2023
Version française : Mondialisation.ca
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Lucas Leiroz est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique.
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La source originale de cet article est InfoBrics
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