Alors que l'assaut israélien sur Gaza dure depuis 100 jours, on estime que 100 000 Palestiniens ont été tués, blessés ou sont portés disparus. Pourtant, M. Netanyahu déclare : « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l'axe du mal, ni quiconque invoquant la CIJ ».
Victimes :
- 23 968+ Palestiniens assassinés * et au moins 60 582 blessés dans la bande de Gaza
- 387+ Palestiniens assassinés en Cisjordanie et à Jérusalem sous occupation.
- L'armée israélienne d'occupation reconnait la mort de 522 soldats et 2193 blessés.
* Ces chiffres ont été fournis par le ministère de la santé de Gaza le 14 janvier. Certains groupes de défense des droits de l'homme estiment que le nombre de morts est plus 𝕏 proche de 31 000 si l'on tient compte des milliers de présumés morts.
Principaux développements
- Le président israélien Netanyahu déclare : « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l'axe du mal, ni quiconque appelant la Cour internationale de justice (CIJ) ».
- Yoav Gallant, ministre de la Défense, quitte en trombe la réunion du cabinet de guerre samedi soir après une discussion tendue avec Netanyahu.
- La société 𝕏 Paltel annonce qu'une frappe aérienne israélienne a tué deux travailleurs, Bahaa Al-Rayes et Nader Abu Hajjaj, dans leur véhicule alors qu'ils se trouvaient à Khan Yunis pour remédier à une panne d'Internet.
- Des pluies torrentielles et des vents violents font tomber des tentes abritant des Palestiniens déplacés et inondent des abris et des maisons à Gaza.
- Philippe Lazzarini, chef de l'UNRWA, déclare que « la mort massive, la destruction, le déplacement, la faim, les deuils et le chagrin des 100 derniers jours entachent notre humanité commune ».
- Euro-Med Human Rights Monitor : « Environ 100 000 Palestiniens ont été tués, portés disparus ou blessés depuis le 7 octobre 2023 en raison du génocide israélien en cours dans la bande de Gaza ».
- Cette nuit, les Palestiniens ont retrouvé les corps de 50 personnes après que des frappes aériennes israéliennes ont bombardé un immeuble résidentiel de trois étages abritant les familles Al-Shubaki, Al-Zoukh, Al-Hassouna et Al-Qassim dans le centre de la ville de Gaza.
- Le ministère de la santé de Gaza communique que les forces israéliennes ont tué 337 membres du personnel médical et en ont arrêté 99 autres depuis octobre, qu'elles ont bombardé 203 centres médicaux et cliniques, détruit 121 ambulances et endommagé 30 hôpitaux, ce qui l'a contraint à cesser complètement ses activités.
- Reporters sans frontières (RSF) indique que la Cour pénale internationale (CPI) a accepté d'enquêter sur les crimes commis par Israël contre les journalistes à Gaza.
- La Namibie dénonce l'Allemagne qui a déclaré qu'elle interviendrait en tant que tierce partie pour fournir des preuves dans l'affaire de la CIJ en faveur d'Israël.
Netanyahu déclare : « personne ne nous arrêtera »
Cent jours après l'agression israélienne contre la bande de Gaza, près de 100 000 Palestiniens ont été tués, blessés ou ensevelis sous les décombres.
Pourtant, Israël ne semble pas faiblir, soutenu par les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays européens, ignorant les appels internationaux à un cessez-le-feu ou les appels à permettre à une aide humanitaire suffisante d'entrer dans l'enclave.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis samedi soir que l'invasion militaire israélienne de Gaza ne s'arrêterait pas "jusqu'à la victoire totale".
« Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l'axe du mal, ni quiconque invoquant la Cour internationale de justice (CIJ) », a-t-il déclaré.
La semaine dernière, Israël était assis sur le banc des accusés pour faire face à une plainte déposée par l'Afrique du Sud devant la CIJ, accusant Tel-Aviv d'avoir commis des actions génocidaires et des crimes collectifs contre les Palestiniens de Gaza, notamment des bombardements aveugles, la destruction d'écoles et d'institutions publiques, ainsi que des déclarations d'officiels incitant à l'anéantissement des Palestiniens.
Netanyahu a déclaré que l'affaire sud-africaine était une « campagne internationale de diffamation [qui] n'affaiblira pas nos mains ni notre détermination à lutter jusqu'au bout ».
Cependant, alors que M. Netanyahu prononçait sa harangue, des centaines d'Israéliens se sont rendus à son domicile, dans la ville côtière de 𝕏 Césarée, et dans d'autres villes, pour l'appeler à démissionner et à organiser des élections anticipées, ainsi qu'à libérer les prisonniers israéliens dans la bande de Gaza.
Benny Gantz, figure de l'opposition et membre du cabinet de guerre, faisait partie des 120 000 manifestants de Tel Aviv samedi soir.
Jusqu'à présent, Israël n'a atteint aucun des objectifs qu'il s'était fixés dans le cadre de la guerre menée à Gaza depuis octobre. Le mouvement Hamas combat toujours les forces israéliennes ; l'armée n'a récupéré aucun des Israéliens capturés vivants lors des opérations militaires, tandis que Gaza reste un bastion palestinien de la résistance à l'occupation.
13 janvier 2024 - Les Brigades Al-Qassam, l'aile militaire de la Résistance islamique palestinienne (Hamas), ont publié une vidéo de violents combats sur le terrain dans la ville de Khan Younis entre la résistance et l'armée d'occupation israélienne. La vidéo montre des combattants d'Al-Qassam attaquant des véhicules militaires et tirant sur d'autres soldats à distance rapprochée..
Outre la gestion des manifestants et d'un procès pour corruption, M. Netanyahu doit également faire face à des tensions au sein du cabinet de guerre après que Yoav Gallant, le ministre de la défense, a quitté en trombe une réunion samedi soir, a rapporté le Times of Israel.
Gallant s'est engueulé avec Netanyahu au sujet de l'exclusion des assistants de la réunion du cabinet de guerre, après que son chef de cabinet n'ait pas été autorisé à y participer samedi. Dans le même temps, Netanyahu a amené cinq de ses assistants personnels à la réunion.
« Arrêtez de vous mettre en travers de mon travail » [par « travail » il entend le génocide en cours à Gaza... NdT], a hurlé Gallant à Netanyahu avant de quitter la salle en claquant la porte.
Gaza est à nouveau privée d'Internet, tandis que l'eau de pluie s'infiltre dans les tentes et les abris
Depuis trois jours, les Palestiniens de la bande de Gaza sont privés d'Internet et de services de téléphonie mobile.
La Palestine Telecommunications Company (Paltel) a 𝕏 déclaré samedi qu'une frappe aérienne israélienne avait tué deux travailleurs, Bahaa Al-Rayes et Nader Abu Hajjaj, dans leur véhicule alors qu'ils se trouvaient à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza, pour réparer la panne de communication.
PalTel a ajouté que depuis octobre, 13 membres du personnel ont été tués par les Israéliens à Gaza.
Les fortes pluies qui se sont abattues sur la bande de Gaza pendant la nuit ont inondé les tentes, les écoles et les maisons des Palestiniens et s'y sont infiltrées, a rapporté le correspondant de Wafa.
Dans certaines parties, l'eau de pluie s'est mélangée aux eaux usées, les bombardements israéliens ayant détruit les infrastructures urbaines, tandis que l'eau s'est infiltrée dans les écoles et les maisons par les toits et les murs endommagés et fissurés.
Des tentes à Jabalia, Beit Hanoun et Beit Lahia dans le nord de la bande de Gaza se sont effondrées à cause des fortes pluies et des vents violents, a rapporté Wafa.
Plusieurs abris dans les quartiers Al-Zaytoun, Al-Shuja'iya, Al-Daraj et Al-Tuffah de la ville de Gaza ont été inondés par les eaux de pluie dimanche matin.
A Gaza, « les 100 derniers jours ont ressemblé à 100 ans »
Philippe Lazzarini, commissaire général de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a déclaré qu'après 100 jours de dévastation dans la bande de Gaza, « la mort, la destruction, le déplacement, la faim, le deuil et le chagrin massifs... entachent notre humanité commune ».
Les écoles de l'UNRWA transformées en refuges ont été une bouée de sauvetage pour des milliers de Palestiniens après qu'Israël a détruit leurs maisons et les a déplacés. Israël a tué plus de 140 travailleurs de l'ONU à Gaza, et les bureaux et les équipes de l'UNRWA ont été pris pour cible à plusieurs reprises dans différents endroits depuis le 7 octobre.
« Au cours des 100 derniers jours, les bombardements continus sur la bande de Gaza ont provoqué le déplacement massif d'une population en constante évolution, constamment déracinée et forcée de partir du jour au lendemain, pour ensuite se déplacer vers des endroits tout aussi peu sûrs. Il s'agit du plus grand déplacement du peuple palestinien depuis 1948 », a déclaré M. Lazzarini samedi.
Les écoles de l'UNRWA hébergent aujourd'hui près de 1,4 million de Palestiniens déplacés, mais contrairement à ce qui se passe chez eux, ils manquent d'intimité, d'hygiène et de nourriture et vivent dans des pièces surpeuplées.
Le chef de l'UNRWA a ajouté que « la crise à Gaza est une catastrophe provoquée par l'homme, aggravée par un langage déshumanisant et l'exploitation de la nourriture, de l'eau et du carburant comme instruments de guerre ».
Les responsables de l'UNRWA ont demandé un cessez-le-feu permanent depuis le mois d'octobre et un approvisionnement constant en médicaments, en eau et en carburant, mais en vain.
« Pour les habitants de Gaza, les 100 derniers jours ont ressemblé à 100 ans », a ajouté M. Lazzarini.
Les Israéliens bombardent des habitations palestiniennes à Gaza
Au cours des dernières 24 heures, les Palestiniens ont retrouvé les corps de 50 personnes après que des frappes aériennes israéliennes ont bombardé un immeuble résidentiel de trois étages qui abritait les familles Al-Shubaki, Al-Zoukh, Al-Hassouna et Al-Qassim dans le quartier Al-Daraj au centre de la ville de Gaza.
Samedi soir, des tirs d'artillerie israéliens ont tué cinq Palestiniens et blessé au moins dix personnes dans les quartiers d'Al-Sabra et d'Al-Zaytoun, dans la ville de Gaza.
La marine et l'artillerie israéliennes ont également bombardé plusieurs maisons dans les zones côtières de Tal Al-Hawa et Sheikh Ajleen, à l'ouest de la ville de Gaza, a rapporté Wafa.
Dans le centre de Gaza, dans la zone d'Al-Sawarha et dans les camps d'Al-Maghazi et d'Al-Breij, Israël a tué au total neuf Palestiniens lors de nombreux bombardements au cours de la nuit. Les équipes médicales ont transporté les corps et les blessés à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa, qui a également été visé par Israël vendredi, à Deir Al-Balah.
Wafa a rapporté que les raids israéliens ont tué 30 Palestiniens à Khan Younis cette nuit et 23 autres personnes après avoir bombardé un véhicule et deux maisons dans la ville méridionale de Rafah.
Dimanche, le ministère de la santé de Gaza a indiqué que les forces israéliennes avaient tué 337 membres du personnel médical et arrêté 99 autres personnes depuis octobre, et qu'elles avaient bombardé 203 centres médicaux et cliniques, détruit 121 ambulances et endommagé 30 hôpitaux, les obligeant à cesser complètement leurs activités.
Le ministère a indiqué qu'au cours des dernières 24 heures, Israël a commis 11 massacres, tuant 125 personnes et en blessant 265 autres. Depuis le mois d'octobre, Israël a tué 23 968 martyrs palestiniens et blessé au moins 60 582 personnes. On estime à 8 000 le nombre de Palestiniens disparus sous les décombres et dont on pense qu'ils sont morts.
« Au cours des 100 derniers jours, la communauté internationale n'a pas réussi à mettre en place une voie humanitaire permettant l'acheminement de l'aide médicale et le déplacement des blessés [hors de Gaza pour être soignés] à l'abri des restrictions imposées par l'occupation israélienne », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur la chaîne Telegram.
La semaine dernière, Nagham Abu Samra, une athlète palestinien, est décédée alors qu'elle était soignée en Égypte des suites de blessures subies lors d'un bombardement israélien dans le camp de réfugiés d'Al-Nuseirat. Une de ses soeurs avait été tuée dans le même bombardement.
Abu Samra faisait partie de l'équipe olympique palestinienne de karaté et s'entraînait aux arts martiaux dans un centre à Gaza. Son frère a été tué lors du bombardement israélien, tandis qu'elle était traitée dans une unité de soins intensifs et que sa jambe a été amputée.
Elle a vécu un mois dans le coma avant de succomber à ses blessures en Égypte.
La Cour pénale internationale va enquêter sur l'assassinat de journalistes à Gaza
Samedi, Reporters sans frontières (RSF) a annoncé que la Cour pénale internationale (CPI) avait accepté d'enquêter sur les crimes commis par Israël contre des journalistes à Gaza.
« Les journalistes sont protégés par le droit international humanitaire et le Statut de Rome, et ne doivent en aucun cas être pris pour cible dans l'exercice de leur importante mission », a déclaré le procureur général de la CPI, Karim Khan, dans un message envoyé à RSF.
Plus de 100 journalistes ont été assassinés par les forces israéliennes dans la bande de Gaza depuis octobre, dont au moins 18 alors qu'ils effectuaient leur mission sur le terrain.
Après l'audience de la Cour internationale de justice (CIJ) cette semaine, l'enquête potentielle de la CPI est un autre front auquel les responsables israéliens pourraient être confrontés.
Dimanche, la Namibie a vertement critiqué l'Allemagne, qui a déclaré qu'elle interviendrait en tant que tierce partie pour fournir des preuves dans l'affaire de la CIJ en faveur d'Israël.
« L'Allemagne a choisi de défendre devant la CIJ les actes génocidaires et horribles du gouvernement israélien contre des civils innocents à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés », a déclaré Hage Geingob, le président de la Namibie, dans un communiqué publié le X.
Voir la vidéo : Le génocide oublié des Herero et des Nama en Namibie
Au début des années 1900, l'Allemagne coloniale a commis des atrocités en Namibie, tuant des dizaines de milliers de personnes.
« L'Allemagne ne peut pas exprimer moralement son engagement envers la Convention des Nations unies contre le génocide, y compris l'expiation du génocide en Namibie, tout en soutenant l'équivalent d'un holocauste et d'un génocide à Gaza », a déclaré la présidence namibienne.
Auteur : Mustafa Abu Sneineh
* Mustafa Abu Sneineh est journaliste, poète et rédacteur à Middle East Eye. Son premier recueil de poésie, A Black Cloud at the End of the Line, a été publié en arabe en 2016. Abu Sneineh est titulaire d'un diplôme en droit de l'université de Birzeit, en Palestine, et d'une maîtrise en études postcoloniales du Goldsmiths College, à Londres. Il a rédigé sa thèse de maîtrise sur le nationalisme syrien des années 1930 et 1940. Il a précédemment travaillé pour le journal Al-Akhbar et le magazine Canvas art. Son compte X.
14 janvier 2024 - Mondoweiss - Traduction : Chronique de Palestine
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