Entre le 15 septembre et le 13 janvier, 500 200 Afghans vivant au Pakistan sont rentrés chez eux, a indiqué lundi 22 janvier l'Organisation internationale des migrations (OIM). La grande majorité sont passés par les postes-frontières de Torkham et Spin Boldak.
Islamabad avait fixé un ultimatum au 1er novembre pour le départ de 1,7 million d'Afghans sans-papiers. Le gouvernement pakistanais avait justifié sa politique pour "le bien-être et la sécurité" du pays, où le sentiment anti-afghan est en hausse sur fond de crise économique et de multiplication des attentats à la frontière.
Des avocats et militants avaient dénoncé une répression sans précédent. "Le gouvernement pakistanais a recours à des menaces, des mauvais traitements et au placement en détention pour contraindre les demandeurs d'asile afghans sans statut légal à retourner en Afghanistan ou à faire face au risque d'expulsion", avait alors déploré Human Rights Watch (HRW).
Une centaine de passages par jour
La plupart ont franchi la frontière avant le 1er novembre, craignant d'être arrêtés au Pakistan. "Depuis le pic initial autour du 1er novembre, le nombre d'individus traversant la frontière a baissé régulièrement, mais il reste plus élevé qu'avant le 15 septembre", écrit l'OIM. Entre le 1er et le 13 janvier, environ 10 000 Afghans sont rentrés dans le pays, ajoute l'agence onusienne. Selon des médias afghans, une centaine de personnes passent encore chaque jour du Pakistan vers l'Afghanistan.
Since Oct 2023, IOM has provided post-arrival humanitarian assistance to 145,000➕Afghan returnees at the Spin Boldak border crossing.
Certains des Afghans rentrés chez eux ont vécu des années, voire leur vie entière au Pakistan. Des milliers d'Afghans étaient allés trouver refuge au Pakistan ces dernières décennies, fuyant les conflits.
Parmi eux, quelque 600 000 personnes avaient quitté leur pays en raison du retour au pouvoir à Kaboul en août 2021 des Taliban, qui ont imposé une interprétation ultra-rigoureuse de la loi islamique.
Des migrants démunis
À leur retour en Afghanistan, les migrants, le plus souvent démunis, reçoivent une aide modeste du gouvernement et des agences de l'ONU. Mais ils doivent recommencer leur vie à zéro dans un pays à l'économie anémiée, avec un taux élevé de chômage, et qui est confronté à une grave crise humanitaire que l'hiver va encore aggraver.
"Les autorités [afghanes] ont répondu à l'afflux d'un grand nombre d'Afghans avec professionnalisme", a estimé dans un rapport publié lundi la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua). Ceci a été réalisé "en dépit d'un manque de ressources de [l'État], à la fois aux postes-frontières et dans les districts et provinces de destination des nouveaux arrivants".
Les Afghans de retour ont reçu, après leur enregistrement au passage de la frontière, des sommes permettant en général à une famille de vivre un mois, ainsi que de l'argent pour leur transport dans la province de leur choix, a constaté l'AFP à Torkham.
L'ONU redoute toutefois que "certains Afghans obligés à rentrer puissent être exposés au risque de persécution, de détention arbitraire et/ou de torture ou de mauvais traitement".
La Manua fait notamment référence aux "employés des médias, militants de la société civile, femmes avocates des droits humains, ex-responsables gouvernementaux ou anciens membres des forces armées ou de sécurité".