© Kirill KUDRYAVTSEV Source: AFP
Une zone industrielle est photographiée au lever du soleil à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, tôt le 30 janvier 2024 (photo d'illustration).
Plombée par la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite, l'Allemagne a vu son économie se contracter au quatrième trimestre avec un produit intérieur brut (PIB) en recul de 0,3%. «Après une stagnation de l'économie allemande au cours des trois premiers trimestres, la production économique a diminué au quatrième trimestre 2023», a résumé l'Office national des statistiques Destatis.
Ces chiffres confirment une première estimation de Destatis mi-janvier. Sur l'ensemble de l'année 2023, l'économie allemande s'est aussi contractée de 0,3%, avait annoncé Destatis plus tôt dans le mois. L'Allemagne fait nettement moins bien que la moyenne de la zone euro, qui a atteint une croissance de 0,5% en 2023, selon Eurostat, avec des hausses marquées pour la France, l'Espagne ou l'Italie.
Puissance exportatrice, l'Allemagne souffre de la faible demande extérieure, des coûts de l'énergie pour son secteur manufacturier et des taux d'intérêt relevés par la Banque centrale européenne (BCE) dans le but de vaincre l'inflation.
Inquiétudes pour 2024
Après ce mauvais résultat de fin d'année, le démarrage de 2024 est également inquiétant. Le moral des entrepreneurs en Allemagne a de nouveau reculé en janvier, déjouant les attentes des observateurs. Les analystes de l'Institut économique Ifo disent tabler sur une baisse de 0,2% du PIB au premier trimestre, qui conduirait l'Allemagne en récession technique (deux trimestres d'affilée de baisse du PIB).
«Les entreprises de presque tous les secteurs de l'économie se plaignent de la baisse de la demande», a déclaré Timo Wollmershäuser, responsable des prévisions à l'Ifo, dans un communiqué ce 30 janvier. «Dans l'industrie manufacturière et la construction, les importants carnets de commandes accumulés par les entreprises pendant la pandémie de coronavirus ont maintenant fondu», a-t-il ajouté.
«Bon nombre des récents freins à la croissance seront toujours présents au moins pendant les premiers mois de 2024, et auront, dans certains cas, un impact encore plus fort qu'en 2023», prédit Carsten Brzeski, analyste chez ING. S'y ajoutent de nouveaux risques pour la croissance : les grèves des conducteurs de train allemands qui ont paralysé le pays en début d'année et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement dues au conflit militaire en mer Rouge. «L'économie allemande ne semble pas prête de quitter de sitôt la zone crépusculaire entre récession et stagnation», affirme Carsten Brzeski.