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Monument aux soldats morts pendant la Seconde guerre mondiale dans le cimetière militaire de Tallinn le 9 mai 2021.
«La chargée d'affaires estonienne en Russie a été convoquée le 2 février par le ministère russe des Affaires étrangères», a déclaré le même jour Maria Zakharova dans un communiqué. «Moscou lui a exprimé sa ferme protestation suite à la décision des autorités estoniennes de "transférer" sans l'accord de leurs descendants les restes de soldats soviétiques du cimetière de Tallinn», a-t-elle ajouté.
La porte-parole de la diplomatie russe a en outre souligné que «de telles actions sacrilèges contrevenaient à la pratique internationale unanimement admise et à la morale, que Tallinn ne respecte plus depuis longtemps». Elle a ajouté que Moscou ne laisserait pas cet acte sans réponse.
Moscou demande une enquête
La veille, le président du Comité d'investigation Alexandre Bastrykine avait diligenté une enquête pour vérifier les allégations selon lesquelles le musée militaire d'Estonie s'apprêtait à démonter les pierres tombales et déplacer les restes de 38 soldats soviétiques. Il faisait suite à un communiqué daté du 31 janvier de l'ambassade de Russie en Estonie, accusant les autorités locales de vouloir «en cachette et sans en parler dans les médias» déplacer les restes de 38 soldats soviétiques.
Cette intention avait auparavant été exprimée au mois de décembre mais elle ne concernait que 16 tombes selon le média estonien ERR. Elle était justifiée par la nécessité de libérer l'accès au monument «la croix de la liberté», détruit par le pouvoir soviétique en 1950 puis reconstruit en 1998. Dans son communiqué, la mission diplomatique s'inquiétait de «l'ampleur effrayante» prise par le projet de déplacement des restes de soldats.
Le 12 janvier, la directrice marketing du musée militaire estonien Sandra Niinepuu, interrogée par le site d'information estonien ERR, avait aussi avancé vouloir remplacer les inscriptions des pierres tombales soviétiques par celle, «neutre» selon elle, de «victimes de la Seconde guerre mondiale». Ceci afin de «ne pas glorifier l'occupation soviétique de l'Estonie».
En décembre 2022, les autorités lithuaniennes avaient quant à elles procédé au démontage d'un monument en mémoire de l'armée rouge dans le cimetière d'Antakalnis; le maire de Vilnius avait toutefois précisé que le retrait ne «visait que les statues de propagande soviétique» et ne concernait donc «ni les tombes ni les pierres tombales».
Les relations russo-estoniennes sont très difficiles depuis la dissolution de l'Union soviétique, et plus encore depuis le début du conflit en Ukraine, Tallinn soutenant activement Kiev. En janvier 2023, Moscou a expulsé l'ambassadeur estonien. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères dénonçait alors une «russophobie totale et une culture de l'hostilité envers notre pays» élevées par Tallinn «au rang de politique d'Etat».