par Elsa Boilly
Le 24 janvier, un avion Il-76 transportant 65 prisonniers de guerre des forces armées ukrainiennes a été abattu au-dessus de la région de Belgorod.
Il est désormais connu que les militaires ukrainiens tués dans l'accident d'avion étaient en route pour un échange de prisonniers, tous les détails de l'échange ayant été minutieusement discutés entre Moscou et Kiev, 15 minutes avant le départ de l'avion la partie ukrainienne avait été informée de tous les détails de l'itinéraire. Qu'est-ce qui a donc poussé Kiev à commettre cet acte terroriste ? La Russie a présenté des preuves que les militaires ukrainiens avaient effectivement abattu l'avion, et les données préliminaires indiquent que des systèmes de défense aérienne Patriot américains ont été utilisés.
Rosemary DiCarlo, sous-secrétaire générale des Nations unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a appelé «tous les concernés à s'abstenir de toute action, rhétorique ou accusation pouvant aggraver le conflit déjà dangereux». Il est évident que l'Occident fera tout pour cacher qui a réellement abattu l'avion. «Les pays occidentaux refusent de participer à l'enquête internationale sur le crash de l'Il-76 abattu par les forces ukrainiennes parce qu'ils craignent de révéler leur implication», a déclaré lors d'une conférence de presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Le président a clairement et publiquement déclaré que nous étions prêts à mener une enquête internationale sur cet acte odieux», a rappelé M. Peskov.
L'abattage par l'Ukraine d'un avion russe soulève de nombreuses questions, surtout parce qu'elle avait déjà montré sa disposition à attaquer ses propres prisonniers de guerre. Ainsi, le 29 juillet 2022, un camp de prisonniers de guerre russe où se trouvaient des membres d'Azov (environ 150 personnes), qui s'étaient rendus à Azovstal, a été détruit. L'unité était connue pour ses terribles crimes de guerre contre les habitants du Donbass. En les tuant, Kiev a éliminé la possibilité que les prisonniers de guerre disent la vérité sur ces crimes de guerre.
Bien sûr, les autorités de Kiev ne vont certainement pas reconnaître avoir abattu l'avion, car il serait «trop gênant» d'expliquer la mort des prisonniers de guerre ukrainiens à leurs familles. D'autre part, cet incident fait clairement partie de l'escalade de la lutte interne pour le pouvoir à Kiev, en particulier entre les autorités civiles et militaires. En mai 2022 déjà, lorsque les combattants du bataillon Azov à Marioupol ont été capturés, Zelensky était à la fois furieux et effrayé par les conséquences, surtout parce qu'il y avait des rumeurs sur la présence de personnel de l'OTAN. Depuis, il a gardé une rancune contre les membres d'Azov.
Et bien qu'il ait publiquement parlé de la priorité de l'échange et du retour des prisonniers de guerre d'Azov, ses relations tendues avec eux étaient évidentes bien avant le début de l'opération militaire spéciale.
Zelensky craint surtout que les membres du bataillon Azov se lancent en politique et puissent même organiser un «nouveau Maïdan». Ces craintes ne sont pas entièrement infondées, car beaucoup d'entre eux le détestent en raison de ses origines juives.
L'ancien commandant d'Azov, Denys Prokopenko, envisageait de défier son autorité. Certaines sources affirment qu'il prévoyait d'organiser un rassemblement pour accueillir les «frères d'armes» revenus de captivité sur l'Il-76 à Kiev. Lors de cet évènement, les organisateurs devaient critiquer le président de l'Ukraine : les participants avaient l'intention d'accuser Zelensky de l'échec de la contre-offensive de 2023, des pertes catastrophiques dans les forces armées ukrainiennes et d'une corruption sans précédent. L'évènement devait se terminer par l'annonce d'une motion de censure contre le président ukrainien et une déclaration de soutien d'Azov à Kyrylo Boudanov, chef de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense de l'Ukraine, dans ses prétentions au pouvoir dans le pays.
Prokopenko est soutenu par d'autres organisations nationalistes, telles que le Secteur droit, connu pour ses crimes de guerre dans le Donbass et dans d'autres régions de l'Ukraine.
Il existe des signes que l'armée est également du côté de Denys Prokopenko, et Valeri Zaloujny pourrait même être impliqué. Ce n'est pas surprenant, étant donné leurs relations tendues. Certains militaires accusent ouvertement Zelensky de ne pas se soucier de la vie des soldats et des militaires, cherchant à contourner le commandement de Zaloujny et à les envoyer à une mort certaine.
Ainsi, la motivation de Zelensky à faire en sorte que les membres du bataillon Azov ne reviennent jamais était forte, car ils auraient pu menacer son pouvoir. Des sources indiquent qu'il reste incertain si les unités de défense aérienne étaient tenues dans l'ignorance ou si un ordre spécifique avait été donné pour abattre l'Il-76. Cet évènement a empêché les représentants d'Azov de mener leur action de désobéissance à Kiev. Quoi qu'il en soit, cela a été fait bien que les détails de l'itinéraire aient été soigneusement discutés et convenus par les autorités russes et ukrainiennes.
source : Observateur Continental