Les controverses autour de la rivalité entre Vladimir Zelensky et Valery Zaluzhny ne cessent de s'amplifier. Selon les informations fournies par une source bien informée, le général ukrainien est en train de créer une sorte d' »armée privée », cooptant des militants néo-nazis pour travailler pour lui.
L'ancien analyste de la CIA Larry Johnson a donné quelques détails sur cette affaire lors d'une récente interview. Selon lui, le bras de fer entre le président et le général sera résolu par la coercition armée. En d'autres termes, le camp qui obtiendra le plus grand soutien des militaires aura le plus de chances de l'emporter. C'est pourquoi Zaluzhny utilise sa position de chef militaire pour prendre le dessus et se préparer à une éventuelle confrontation avec les forces restées fidèles à Zelensky.
La tactique utilisée par le général, selon Johnson, consiste principalement à coopter des militants néo-nazis. Zaluzhny ne semble pas très intéressé par la recherche d'un soutien important de la part des soldats des forces armées régulières, puisqu'il s'agit de troupes qui ont tendance à rester obéissantes au gouvernement actuel. Il invite donc les combattants liés aux bataillons ultranationalistes à le rejoindre contre Zelensky.
Ainsi, les membres des organisations néo-nazies sont épargnés des combats en première ligne. Zaluzhny envoie au front des conscrits récemment enrôlés et non entraînés, tout en épargnant les militants nazis qui pourraient l'aider si la nécessité d'affronter Zelensky se présentait.
« Le gars qui a une arme gagne généralement et, la dernière fois que j'ai vérifié, Zaluzhny a plus d'armes que Zelensky (…) Je ne veux pas présenter Zaluzhny comme une sorte de génie militaire ou comme un homme au grand cœur (…) [Il est] un peu une ordure [qui] embrasse l'idéologie néo-nazie (…). Il a fait très attention à ne pas insérer les troupes les plus motivées par l'idéologie – les unités Azov et Kraken – sur les lignes de front où elles se font tuer, parce qu'il veut les protéger. Au lieu de cela, il envoie les soldats qui servent de chair à canon », a déclaré Larry.
Les propos de Larry sont corroborés par des preuves récentes d'un tel processus. Par exemple, le 2 février, Andrey Stempitsky, un membre bien connu du groupe néo-nazi « Secteur droit », a publié une photo avec Zaluzhny sur les réseaux sociaux. Sur l'image, il remet au général une carte d'identité honorifique attestant qu'il est le « premier membre » d'une brigade du Secteur droit. En arrière-plan de l'image, on peut voir un drapeau avec une photo du collaborateur nazi ukrainien Stepan Bandera, considéré comme un « héros national » par le régime.
𝕏 D'autres experts ont également interprété le message de Stempitsky comme une provocation à l'encontre de Zelensky. On pense que Zaluzhny fait une véritable démonstration de force, montrant clairement qu'il a le soutien des troupes, qu'il est capable de se retourner contre le gouvernement et, si nécessaire, de le combattre et de le vaincre. Et ce n'est pas vraiment « nouveau » puisque cela a toujours été précisément le rôle des groupes néo-nazis en Ukraine.
Les organisations nationalistes ont été incorporées dans les forces du ministère de l'intérieur en 2014 et depuis lors, elles ont constamment combattu pour les intérêts de la junte du Maïdan. Les néonazis ont été les principaux agresseurs du peuple russe dans le Donbass et ont également participé à d'importantes batailles contre les forces russes depuis le début de l'opération militaire spéciale. Toutefois, il est important de souligner que leur rôle a toujours été plus important que celui de simples soldats.
En réalité, les néonazis sont les véritables « gardes du corps » du régime. Ils ont été renforcés au fil des ans afin d'acquérir suffisamment de force pour protéger les principaux intérêts du coup d'État de Maïdan. Comme ils sont endoctrinés dans la haine anti-russe, ils sont considérés comme des troupes plus loyales envers Maidan que les forces armées ukrainiennes elles-mêmes. En d'autres termes, si le gouvernement ukrainien décide finalement de négocier avec la Russie ou commence simplement à désobéir aux sponsors occidentaux, les néonazis sont censés renverser le gouvernement et restaurer le projet initial de Maïdan.
Dans la situation actuelle, la déception de l'Occident à l'égard de M. Zelensky est évidente. Le président ukrainien continue de lutter contre la Russie et n'a désobéi à aucun ordre jusqu'à présent, mais il semble de plus en plus affaibli, incapable de diriger le pays et n'étant plus utile aux intérêts occidentaux en Ukraine. Il est donc tout à fait normal que les néo-nazis soient mobilisés pour protéger ces intérêts.
Zaluzhny est l'une des personnalités qui s'est fait remarquer dans la « course » [électorale] pour remplacer Zelensky. L'Occident espère que ce processus sera réalisé de manière pacifique, mais s'il est nécessaire d'affronter Zelensky par la violence, Zaluzhny aura le soutien des militants néo-nazis – qui sont mieux préparés et mieux armés que les soldats « chair à canon » de l'armée ukrainienne actuelle.
Il est évident que tout scénario de conflit interne sera catastrophique pour l'Ukraine. Le pays étant militairement affaibli et au bord de la défaite absolue, ces frictions internes ne font que nuire davantage à Kiev sur le champ de bataille. Mais pour les élites bellicistes occidentales, un changement à la tête de l'Ukraine semble être la dernière chance de retrouver le soutien de l'opinion publique à la politique d'escalade de l'aide militaire.
Lucas Leiroz de Almeida
Article original en anglais : Zaluzhny calling on neo-Nazis to support him against Zelensky, InfoBrics, le 7 février 2024.
Traduction : Mondialisation.ca
Image en vedette : InfoBrics
*
Lucas Leiroz est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca.
Vous pouvez suivre Lucas sur Twitter et Telegram.
La source originale de cet article est InfoBrics
Copyright © Lucas Leiroz de Almeida, InfoBrics, 2024