01/03/2024 francesoir.fr  4min #243930

 Guerre à Gaza : une centaine de Palestiniens venus chercher de l'aide humanitaire tués par l'armée israélienne

Gaza : plus de 100 morts dans une distribution d'aide humanitaire, un cessez-le-feu espéré avant le ramadan

France-Soir

Image vidéo de l'armée israélienne montrant le rassemblement palestinien autour de camions d'aide humanitaire, le 29 février 2024.

Tsahal / AFP

MONDE - Au moins 104 personnes sont mortes jeudi 29 février 2024 à l'ouest de Gaza, après que des tirs israéliens ont ciblé des Palestiniens se ruant sur des camions d'aide humanitaire. La veille, des bombardements avaient visé le nord de l'enclave palestinienne, tandis que les combats faisaient encore rage dans la ville de Khan Younès. L'autre localité du sud de l'enclave palestinienne, Rafah, surpeuplée de réfugiés, fait toujours l'objet de raids aériens. L'ONU a affirmé que l'immense majorité de la population de Gaza est désormais menacée de famine, peu avant l'annonce du décès de deux enfants "de déshydratation et de malnutrition". La communauté internationale multiplie ses appels à un cessez-le-feu, au moment où les négociations sur un accord de trêve se poursuivent. Le Qatar dit "espérer" y parvenir avant le ramadan tandis que le président américain, Joe Biden, a écarté tout arrêt des hostilités d'ici le début de la semaine prochaine.

Jeudi, des Palestiniens se ruant sur des camions d'aide humanitaire ont été la cible de tirs israéliens dans la rue al-Rashid, dans le quartier de Rimal, situé à environ trois kilomètres du centre de Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas, qui a révisé à la hausse un premier bilan de 50 morts, a ensuite annoncé 104 décès et 760 blessés. L'armée israélienne a confirmé à l'AFP des tirs sur la foule, évoquant des soldats se sentant "menacés" lors de cette distribution. L'armée israélienne a toutefois minimisé sa responsabilité dans ce très lourd bilan, provoqué selon elle par "l'affluence" et la "promiscuité".

"La vie quitte Gaza à une vitesse terrifiante "

Le Hamas évoque lui un "massacre". La nouvelle a évidemment vite fait réagir. Martin Griffiths, chef des affaires humanitaires de l'ONU, a exprimé son indignation : "La vie quitte Gaza à une vitesse terrifiante (...) Je suis indigné par les informations selon lesquelles [une] centaine de personnes ont été tuées et blessées lors d'une opération de transfert d'aide humanitaire à l'ouest de Gaza aujourd'hui". L'Algérie a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est réuni dans la soirée de jeudi.

La veille, des frappes israéliennes nocturnes avaient fait 79 morts. Les bombardements ont particulièrement visé des localités du nord de l'enclave palestinienne ainsi que les deux villes du sud, Khan Younès, où les se concentrent la plupart des combats depuis des semaines, et Rafah, menacée par une opération terrestre de Tel-Aviv qui provoque de vives inquiétudes. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a affirmé qu'une telle opération, voulue par Benjamin Netanyahou, "contreviendrait" à la décision de la Cour internationale de justice (CIJ).

La situation humanitaire atteint un niveau de dégradation sans précédent et une "famine généralisée" guette 2,2 millions de personnes selon l'ONU. Au moins 576 000, soit un quart de la population, sont exposées directement à la famine. Le bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a d'ailleurs fait savoir que deux enfants sont morts "de déshydratation et de malnutrition" à l'hôpital al-Chifa, situé à Gaza-ville. Le cap des 30 000 morts (dont deux tiers de femmes et d'enfants), a été dépassé, selon le ministère gazaoui de la Santé. Tsahal déplore de son côté 582 soldats morts depuis le 7 octobre, dont 242 depuis le déclenchement des combats au sol à Gaza.

Le Hamas étudie un projet de trêve

La situation humanitaire dramatique et les appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu ne sont pas entendus à Tel-Aviv. Netanyahou ne cache pas son intention de mener son pays "à la victoire totale". Celle-ci passerait, entre autres, par la libération des otages et surtout, l'élimination des hauts responsables du Hamas. L'un d'eux, Yahya Sinwar, se trouverait, selon le Washington Post, dans un des tunnels de Khan Younès, sa ville natale.

Le président américain Joe Biden, qui a un moment exprimé son espoir d'un cessez-le-feu à Gaza d'ici lundi, n'y compte plus. Le Qatar, l'un des médiateurs avec Washington et Le Caire, dit "espérer" parvenir à une trêve entre Israël et le Hamas avant le ramadan.

Le Hamas étudie actuellement un projet de trêve discuté la semaine passée à Paris, comprenant une pause de 40 jours des opérations militaires à Gaza et un échange de prisonniers palestiniens contre des otages israéliens. Il est également question d'un retour progressif des déplacés et des réfugiés et de l'acheminement de centaines de camions d'aide humanitaire.

Le Hamas a appelé les Palestiniens à participer à une grande marche vers la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem au début du ramadan. Si le mouvement rejette le plan d'après-guerre de Benjamin Netanyahou, proposant la gestion de la sécurité par Tel-Aviv de la totalité des territoires palestiniens, il "comprend" la nécessité de mettre en place un "gouvernement technocratique" en Cisjordanie occupée comme à Gaza, selon Riyad al-Maliki, ministre palestinien des Affaires étrangères. "Le moment n'est pas venu d'avoir un gouvernement dont le Hamas fait partie car il serait alors boycotté", a-t-il ajouté.

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