• Vision de Alexandre Douguine sur l'évolution de la multipolarité à l'heure de l'effondrement de l'Occident collectif. • Le philosophe russe dresse un état actuel des lieux et esquisse les dimenson métaphysiques des choses à venir.
Nous l'avons dit et nous le répétons, Alexandre Douguine, le philosophe russe, est certainement l'homme qui dispose de la plus grande ampleur de vue sur les événements actuels et sur les évolutions possibles de ces événements vers une disposition complètement nouvelle des arrangements et des relations entre les divers composants de la situation crisique actuelle. Sa vision est nécessairement de l'ordre de la métaphysique historique (métahistoire) et elle s'inspire des conceptions des grands métaphysiciens de la Tradition, tel René Guénon que Douguine ne manque jamais de citer comme référence essentielle.
On peut même avancer l'idée que son actuelle conception prend en charge le schéma que Guénon a rappelé à partir des classements de la cosmogonie hindoue selon le cycle 'Mahayuga' des quatre âge, le dernier, qui est celui où nous vivons, étant évidemment le ' Kali Yuga', ou "Âge des Ténèbres" et "Âge des Vices et de la Misère", "Âge de l'affrontement de la l'hypocrisie", - ou encore, les images ne manquent pas, "l'Âge du Fer"...
Douguine transcrit donc sa géopolitique métaphysique dans l'arrangement qu'il pense distinguer comme étant en pleine formation, selon une formule de multipolarité. Douguine distingue quatre pôles déjà formés, dont un pleine déliquescence ("l'Occident collectif") et les trois autres en pleine affirmation (Russie, Inde et Chine). Ce sont des États-continents ou des États-civilisation, tandis que trois autres ensembles civilisationnels sont en cours d'évolution (le monde islamique, l'Afrique transsaharienne et l'Amérique du Sud).
On voit bien que le schéma est extrêmement géopolitique, mais Douguine esquisse ici et là le plus important, qui est la dimension métaphysique, la chose essentielle du propos. Douguine ne prétend pas, comme nous le comprenons, définir ce que sera notre avenir post- GrandeCrise, mais simplement tracer les lignes de force terrestre ("géopolitique") de cet avenir. Tout reste à définir et à expliquer, mais à partir de l'intuition, d'une perception qui doit être nécessairement inspirée selon des visions et des influences intuitives relevant de forces qui dominent notre développement.
Ce que Douguine nous propose, c'est une esquisse de vision de l'ensemble qui doit prendre forme après la fin de l'actuelle phase du Kali Yuga, c'est-à-dire de la GrandeCrise, qui est nécessairement quelque chose qui marque la fin du cycle. Nous en avons déjà parlé encore récemment et ne cesserons de le faire. Cette idée, qu'elle prenne une forme ou l'autre dans les esprits, transcende bien entendu les idéologies, et aussi bien les religions bien tendu, bref toutes les grandes organisations soi-disant spirituelles, - qui l'étaient à l'origine et qui sont désormais plus ou moins, ou totalement "dé-spiritualisées" jusqu'à la caricature obscène du fait de la tempête crisique qui s'est abattue sur nous avec le " déchaînement de la Matière". L'idée de la fin du cycle constitue une force considérable pour nous permettre de continuer à penser, de continuer à oser user de l'imagination créatrice, de l'intuition, de l'"âme poétique", au lieu de nous laisser emporter dans les encalminements et les engloutissements boueux du nihilisme peinturluré en simulacres. Pour tous ces derniers domaines qui ne méritent que mépris et dégoûts, nous recommandons l' inconnaissance, cette attitude royale qui réduit ce Rien du nihilisme à un rien qui n'exista jamais même en temps que 'rien' (belle performance conceptuelle), par le simple regard d'anéantissement qu'on doit leur jeter.
Le texte de Douguine est dans l'original sur ' geopolitika.com', et en traduction française dans ' euro-synergies.hautetfort.com'. Il s'agit d'une adresse d'Alexandre Douguine au Forum sur la multipolarité à Moscou, le 26 février 2024.