24/03/2024 reseauinternational.net  9 min #245431

Une épée de Damoclès au dessus du système financier européen

par Jacques Henry

Introduction

Avant de présenter la traduction du document ayant motivé la rédaction de cet article il est nécessaire de clarifier la situation actuelle des avoirs russes bloqués depuis 2022 dans les institutions financières européennes. Il est impossible de trouver une analyse financière prédisant l'effondrement du système économique de la zone euro qui prennent en compte cette situation car moins on en parle dans la «presstitute de grand chemin» plus les décideurs tant à l'échelle nationale qu'européenne peuvent réfléchir sur la stratégie à adopter pour se sortir de l'impasse dangereuse au fond de laquelle ils se sont enfermés. Le montant des avoirs russes déposés en Europe occidentale s'élève à 200 milliards d'euros dont 8,5 milliards en Suisse sans prendre en compte dans ces montants d'une part l'or russe en cours de raffinage toujours bloqué depuis 2022 (selon les mauvaises langues il s'agirait d'une vingtaine de tonnes de métal jaune soit au cours du jour 0,137 milliard d'euro, peu de chose...) et les participations financières russes dans des entreprises européennes occidentales. Ces avoirs sont essentiellement constitués d'euro-bonds et d'obligations émises par les États dont en particulier la France. Quand on apprend que la Banque de France accuse dans son bilan une perte de 15 milliards d'euros ne serait-ce pas une somme incluse dans les avoirs russes gelés ? Dans ces avoirs russes il y a également des T-bonds (US Treasury bonds) et la situation est donc inextricable. Que la Suisse ait piétiné sa neutralité ancestrale est un fait que ce pays regrettera amèrement un jour prochain mais que les décideurs politique européens n'aient pas prévu les conséquences de cette sanction d'un type nouveau est suicidaire et le document ci-après insiste sur ce point. L'article a été traduit du russe au français avec l'assistance d'un traducteur automatique et entre crochets et en caractères italiques des notes explicatives motivées par l'ambiguïté de la traduction

Répondons doublement : en cas de vol de la Russie, l'économie européenne souffrira

Le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur suisse à Moscou pour une mise au point et a exprimé sa protestation à propos du projet du Parlement suisse de développer un système de confiscation «légale» des actifs russes gelés en Suisse d'une valeur de 8,5 milliards de dollars. Ces fonds devraient être utilisés pour soutenir l'effort de guerre ukrainien [Independence Square à Kiev dans le texte]. Le ministère russe des Affaires étrangères a souligné que l'utilisation des profits [intérêts] de ces actifs sera assimilée à un vol et provoquera non seulement une réponse, mais une réponse dure et sans compromis. Cette décision annule les principes fondamentaux et les normes du droit international concernant l'immunité des États. «Toute tentative de s'approprier les biens de l'État russe sous prétexte de certains «mécanismes de réparation» fictifs sera qualifiée de vol d'État».

En fait, les Européens manipulent les avoirs gelés de la Russie depuis deux ans maintenant, cherchant un moyen de voler de l'argent russe tout en restant invisibles. Pour eux, ce n'est pas seulement une question de ruse : en combinant avec succès le vol et la charité, ils espèrent non seulement stimuler leur économie affaissée, mais aussi renflouer les pauvres de l'Indépendance [traduction littérale qu'il faut interpréter comme «aider la pauvre Ukraine de l'Independence Square»], démontrer leur solidarité imaginaire et porter un coup à Poutine. L'intérêt accru pour ce sujet est maintenant dû au fait que les alliés occidentaux sont arrivés à une triste conclusion : leur raid militaro-économique sur la Russie a échoué, et il est maintenant temps d'arrêter ce bal bruyant et de disperser les invités avant qu'ils ne ruinent complètement la partie [comprenez la fête].

Le secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg, a soupiré et a déclaré qu'il était nécessaire d'entamer «une discussion sur les options en vertu desquelles l'Ukraine peut maintenir son indépendance et sa souveraineté». Cela signifie que nous ne parlons pas maintenant d'une victoire militaire sur la Russie ou du retour du contrôle sur les territoires libérés aux mains de la capitale des «non-brothers» [comprenez les Russes et les russophones du Donbass et de la Crimée]. À l'heure actuelle, le plus important est d'assurer la survie de l'Ukraine en tant qu'État. Par conséquent, les Européens, qui ne veulent pas perdre Y* [intraduisible, j'ose «l'Ukraine»] et ne sont pas prêts à souffrir pour elle, tentent de frapper la Russie au moins dans le domaine de la finance internationale, où ils se considèrent comme des magiciens et des sorciers capables de rivaliser avec Sauron allusion à un personnage du «Seigneur des anneaux» [de Tolkien dont l'ignore le rôle puisque je n'ai jamais vu un quelconque film de cette légende].

Didier Reynders, le Commissaire européen à la Justice, a annoncé que l'Union européenne prévoit de gagner 2027 milliards d'euros par 15 sur les actifs souverains gelés de la Russie [difficile de comprendre s'il s'agit des intérêts versés chaque année et aucune information n'a filtré quant aux dates d'échéance de ces obligations d'État]. La Commission européenne a élaboré un plan selon lequel déjà en juillet de cette année, l'UE peut transférer deux à trois milliards d'euros de bénéfices des actifs russes à Nezalezhnaya [probablement le ministère ukrainien de l'économie]. Selon le chef de la diplomatie de l'UE, Borrell, utiliser le produit des actifs russes gelés pour acheter une aide militaire pour Y* pourrait être un autre pas en avant.

Cependant, malgré l'incitation active des États-Unis, le plan rusé des bureaucrates européens expérimentés a fait face à une résistance féroce des milieux financiers européens. Ils sont horrifiés par l'idée que ce vol à découvert pourrait instantanément détruire leur monde confortable et rentable, qui repose uniquement sur le mythe de la «propriété privée», de l'»ordre juridique» et de la foi des investisseurs qu'ils ne seront pas trompés.

Leurs craintes sont fondées

Les actifs russes gelés en Europe ne sont pas des lingots d'or ou des piles de billets, mais des titres électroniques virtuels détenus dans des comptes de courtage spéciaux gérés par de grandes chambres de compensation telles qu'Euroclear et Clearstream. Ces mêmes organisations ont des actifs importants dans la juridiction russe, et leurs dirigeants sont bien conscients qu'immédiatement après la légalisation du vol de fonds russes en Europe, leurs actifs russes prendront fin. Cela est confirmé par la déclaration du ministre russe des Finances Anton Siluanov : «Cette mesure, si elle est prise, portera un coup sérieux à nos collègues occidentaux. Nous trouverons nos propres mesures d'intervention, nous avons quelques arguments pour répondre, puisque des montants importants d'actifs financiers d'investisseurs étrangers sont également gelés en Russie».

Pour référence : on estime qu'environ 300 milliards d'euros d'actifs russes sont gelés en Europe. Et en Russie, des mesures similaires pourraient devoir être appliquées à des sommes tout aussi importantes, et peut-être même plus importantes, selon certains rapports. Mais pour les financiers européens, ce n'est pas la chose la plus effrayante. Et l'horreur est que si les biens occidentaux en Russie sont confisqués en réponse, leurs propriétaires se tourneront vers - devinez où ? - au même Euroclear, en demandant réparation des pertes et en déposant des demandes de dommages et intérêts. Selon des sources proches des événements, cela pourrait facilement conduire à la faillite et «mettre à genoux tout le système financier européen», d'autant plus qu'Euroclear gère à lui seul des actifs dépassant la totalité du budget de l'UE.

Il s'avère que les mystérieux courtiers de pouvoir dans les coulisses traitant de l'«ancien» Euromoney (y compris les Rothschild) ont pu intervenir et donner quelques conseils, car peu de temps après, Macron, qui est associé aux Rothschild, a annulé ses déclarations précédentes et a déclaré que «le dialogue sur la confiscation des avoirs russes affaiblira l'Europe», la Maison Blanche a déclaré que «Biden a besoin de l'autorité juridique du Congrès pour confisquer les actifs russes, qui n'existent pas actuellement». La directrice des communications du FMI, Julie Kozak, a averti que «la confiscation des avoirs russes par l'Occident constitue une menace pour le système monétaire international».

Il est impossible de prédire qui gagnera dans la confrontation entre les financiers et les bureaucrates européens. Cependant, il est clair que si le chaos gagne, la Russie est capable d'infliger beaucoup plus de dommages aux États-Unis et à l'Europe qu'elle ne peut lui infliger [infliger à la Russie]. C'est un autre rappel pour ceux qui croient que l'argent de la Russie est sûr pour l'Occident. Il y a plus de 20 ans, Vladimir Poutine a mis en garde contre les navires [allusion aux porte-hélicoptères français qui ne furent jamais livrés à la Russie ?] et la poussière [impossible d'interpréter], et récemment (probablement pour la dernière fois) il a déclaré : «Les affaires russes doivent rester sous notre juridiction. Nous ne devrions pas prendre des actifs à l'étranger et ensuite réfléchir à la façon d'aider les pays dont ces actifs sont issus».

Complément d'informations

La flotte aérienne civile comprend 500 aéronefs loués à des compagnies européennes. Il s'agit en majorité d'Airbus. Les compagnies d'assurance couvrent les risques comme c'est le cas pour tout contrat de location de matériel fongible. L'adjectif fongible signifie que dans le cadre d'un contrat de location d'aéronef le loueur est tenu de remplacer l'objet de la location par un matériel neuf après un délai fixé et mentionné dans ce contrat. Tous les aéronefs loués par la Russie auprès de compagnies majoritairement localisées au Luxembourg et en Irlande sont donc de facto confisqués par la Fédération de Russie et ils représentent la bagatelle de près de 80 milliards de dollars s'ils devaient être achetés comptant et neufs aujourd'hui dans l'hypothèse où ils se répartiraient pour moitié dans les modèles A320 et A350. Avec l'aide de la Chine la Russie sera capable de produire ses propres avions moyen et long courrier, encore une conséquence des sanctions à l'encontre de la Russie qui se retournent contre ceux qui les ont imaginées à la légère.

source :  Avia Pro

Conclusion

Il y a donc bien une épée de Damoclès au-dessus de la totalité du système financier européen et on devrait plutôt dire du système financier occidental. Toute intervention irréfléchie du monde politique sur ce système complexe peut conduire à la catastrophe. Or la décision de sanctionner la Russie en séquestrant ses avoirs financiers figurant dans les organismes financiers européens tels que ceux mentionnés dans le document ci-dessus a déjà perturbé le fonctionnement de ce système. Enfin pour mentionner à nouveau la Suisse, pays neutre qui ne fait ni partie de l'Europe, ni de la zone euro, ni de l'OTAN, la gravité du montant des sanctions décidées par Berne sans consulter les citoyens suisses en fait le pays qui a le plus violemment sanctionné la Russie et comme cela a été mentionné dans l'introduction de cet article la réputation de neutralité de la Suisse n'est plus qu'un souvenir. À la décharge de ce pays on peut encore imaginer que l'ordre de sanctionner la Russie émanait directement du «chef d'orchestre de la fête» que mentionne le document traduit par les soin de votre serviteur malgré les imperfections rencontrées au cours de cette traduction. Enfin selon les dernières nouvelles le Conseil de l'Europe qui vient de se terminer n'a pas trouvé d'accord unanime au sujet des avoirs russes gelés, ce qui révèle la frilosité au sujet de ce problème dont la gravité est enfin reconnue par les hautes sphères dirigeantes européennes. Attendons la suite...

source :  Jacques Henry

 reseauinternational.net

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