«Israël a détruit Gaza & tué des dizaines de milliers de civils. Quiconque possède une expérience militaire ne peut cacher son admiration pour les tactiques étonnantes des Brigades Al-Qassam.»
Bien qu'il ait tué des dizaines de milliers de civils, Israël n'a pas été en mesure de vaincre le Hamas, ni d'atteindre ses objectifs à Gaza.
Après six mois de combats acharnés et le retrait de l'armée israélienne de la ville de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, de nombreux commentateurs israéliens et occidentaux ont affirmé que le Hamas était en train de gagner la guerre et d'entrer dans l'histoire militaire par la même occasion.
Sir Tom Phillips, ancien diplomate britannique et ambassadeur en Israël et au Royaume d'Arabie saoudite, a écrit le 9 avril dans Haaretz que le Hamas avait réussi à atteindre son objectif, à savoir «obtenir la libération du plus grand nombre possible de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, et s'affirmer à nouveau comme une force avec laquelle il faut compter».
Il a ajouté que le Hamas avait survécu «à l'assaut des forces de défense israéliennes bien plus longtemps que dans toute autre guerre menée par Israël» et que, ce faisant, qu'il avait «considérablement écorné le statut dissuasif tant vanté d'Israël. En bref, et avec des conséquences potentielles à long terme redoutables pour Israël, Tsahal ne semble plus invincible».
Le Hamas a bloqué un éventuel accord de normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël, qui semblait inévitable avant le début de la guerre le 7 octobre, et a replacé la question palestinienne «sur le devant de la scène internationale» après des années d'échec de l'Autorité palestinienne (AP).
Phillip note que la victoire finale du Hamas réside en la «vitesse fulgurante de la délégitimation d'Israël après le 7 octobre aux yeux de nombreuses personnes dans le monde».
Le 8 avril, le journaliste israélien Amos Harel a également écrit dans Haaretz que les principaux objectifs d'Israël à Khan Yunis «n'ont pas été atteints».
Après le retrait de la 98e division de la ville de Gaza, Harel a noté que les «deux objectifs de l'armée israélienne étaient la capture des hauts responsables du Hamas à Gaza, et la libération des captifs israéliens actuellement détenus par la Résistance palestinienne à Gaza».
«Il faut dire la vérité au public : les massacres et les destructions massives que l'armée israélienne laisse derrière elle à Gaza, ainsi que les quelques pertes subies de notre côté, ne nous rapprochent pas vraiment des objectifs de notre offensive», conclut-il.
Dans une analyse parue dans Yedioth Ahronoth, Nadav Eyal, spécialiste de la politique israélienne, explique qu'Israël souhaitait rétablir son pouvoir de dissuasion, éliminer le Hamas et libérer les prisonniers détenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Mais aucun de ces objectifs n'a été atteint.
«L'échec d'Israël n'est pas lié aux objectifs de la guerre, qui ont été pleinement soutenus par tous les pays occidentaux. L'échec réside exclusivement dans l'exécution», a écrit M. Eyal, ajoutant que «la guerre ne se gagne pas uniquement en tuant. Une stratégie politique complémentaire est indispensable».
Le premier échec, selon l'article, vient «des souffrances des civils à Gaza».
«Ceux qui veulent renverser le pouvoir du Hamas à Gaza ne doivent pas mener une offensive de vengeance à la romaine, ni ériger de mur de protection ou mener des actions de représailles comme si nous étions dans les années 1950».
Le commentateur israélien a également reproché au Premier ministre israélien Netanyahou son attitude à l'égard de Washington.
«La confrontation publique et malveillante de M. Netanyahu avec l'administration Biden n'a fait qu'accentuer la fragilité d'Israël», a-t-il déclaré.
M. Eyal a également noté qu'Israël s'était isolé de la communauté internationale et que même ses alliés à Washington et à Bruxelles commençaient à lui tourner le dos.
«Non seulement (Israël) a perdu le soutien de la plupart des pays occidentaux et est très proche d'un embargo sur les armes de la part de l'Europe, y compris de la part de son grand allié, mais les plaques tectoniques sont en mouvement».
Le 27 mars, des responsables des services de renseignement israéliens ont également noté le changement intervenu à Washington. Ils ont déclaré au Telegraph que l'objectif déclaré du gouvernement israélien d'«éradiquer le Hamas» dans la bande de Gaza était devenu irréalisable depuis que les États-Unis avaient "tourné le dos» à Tel-Aviv en s'abstenant lors d'un vote du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en début de semaine.
«Si vous m'aviez posé la question il y a un mois, j'aurais certainement dit oui, [nous pouvons éliminer le Hamas] parce qu'à l'époque, les Américains soutenaient Israël», a déclaré un responsable des services de renseignement israéliens au quotidien britannique, suggérant que cette évaluation «avait maintenant changé».
«Les États-Unis sont hostiles à l'invasion de Rafah, contrairement à ce qu'ils pensaient auparavant. Par conséquent, la donne a changé, ce qui signifie qu'Israël doit prendre des mesures radicales pour changer la dynamique et le climat», a ajouté la source, soulignant que «la pression monte sur Israël pour parvenir à un accord, ce qui signifierait que le Hamas survivra. Le Hamas et les Iraniens misent tous deux là-dessus».
Selon ce fonctionnaire, la conviction au sein de l'appareil sécuritaire israélien est que le Hamas «cherche à résister jusqu'à l'été», lorsque la campagne électorale américaine battra son plein.
S'exprimant sur la chaîne turque Haber Global, l'analyste militaire et colonel à la retraite Eray Gucuer a également suggéré que le Hamas était en train de gagner la guerre, tout en discutant du retrait israélien de Khan Yunis avant un assaut présumé sur Rafah.
«Si l'armée israélienne se trouve réellement dans la situation où elle ne peut attaquer Rafah qu'en retirant sa brigade de Khan Yunis, cela signifie qu'elle a effectivement perdu la guerre sur le terrain».
«Israël, dans cette guerre, a presque entièrement détruit Gaza et tué des dizaines de milliers de civils. Pourtant, les Brigades Qassam existent toujours. Jusqu'à ce jour, elles ont la supériorité militaire sur le terrain... quiconque possède une expérience militaire ne peut cacher son admiration pour les tactiques étonnantes adoptées par les Brigades Al-Qassam... En effet, ils sont en train d'écrire l'histoire.»
«Rendez-vous compte, depuis le début de l'offensive à Gaza et jusqu'à aujourd'hui, nous entendons encore parler de Beit Hanoun et de Ben Lahia, du quartier Al-Nasr et du quartier Al-Zaytoun. Pourquoi ? Parce que les combattants de Qassam ont, pour la première fois depuis que je connais le sujet, inventé une tactique inédite dans l'histoire de la guérilla», conclut-il.
source : The Cradle via Spirit of Free Speech