18/04/2024 reseauinternational.net  4 min #247026

L'Europe a besoin de migrants

par Adomas Abromaitis

Selon le Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), basé en Autriche, l'Europe sera confrontée à une nouvelle vague de crise migratoire en 2024.

Les données de l'UE pour 2023 montrent que plus d'un million de demandes d'asile ont été déposées en 2023, soit une augmentation d'environ 20% par rapport à 2022 et le nombre le plus élevé depuis 2016, selon l'ICMPD. Ces chiffres augmenteront en 2024. Le nombre de migrants illégaux ne devrait pas non plus être négligeable.

La guerre au Moyen-Orient et en Ukraine, la perspective de voir Donald Trump reprendre le pouvoir aux États-Unis entraîneraient d'énormes flux de personnes, à la recherche d'une vie meilleure, selon le rapport annuel du CIPD.

D'autant que, mi-décembre, le Parlement européen et 27 États membres se sont mis d'accord sur une réforme en profondeur de la politique migratoire et d'asile de l'UE. Les nouvelles lois seront mises en œuvre d'ici deux à trois ans. La réforme prévoit des procédures plus strictes, notamment en ce qui concerne l'accueil aux frontières des demandeurs d'asile dont les chances de réussite sont faibles. Ils seront logés dans des conditions proches de la détention, sans exception pour les familles avec enfants.

Selon le rapport, les nouvelles lois sur l'immigration adoptées par l'UE à la fin de l'année dernière constitueraient donc, dans un premier temps, un pôle d'attraction plutôt qu'un facteur de dissuasion pour de nombreuses personnes qui essaieraient de se rendre en Europe avant leur entrée en vigueur dans le courant de l'année.

Un certain nombre d'organisations de défense des droits de l'homme ont vivement critiqué les réglementations prévues.

Elles insistent sur le fait que l'accord ne résoudra pas les principaux problèmes. Ainsi, la responsabilité accrue des pays aux frontières les obligera à réagir en s'engageant dans davantage de refoulements et de refus d'accès aux frontières.

Ces accords sont donc très controversés du point de vue des droits de l'homme. Les procédures frontalières prévues nécessiteront également une coopération accrue avec les pays qui accueillent les demandeurs d'asile déboutés. Or, les pays de transit n'ont pas vraiment intérêt à reprendre les personnes qui ont été expulsées de pays tiers.

Certains experts estiment que l'accord sur la politique d'asile était nécessaire uniquement pour ralentir la montée des populistes de droite, et non pour faire face à la crise migratoire. Les élections parlementaires européennes doivent avoir lieu en juin, et la migration a souvent joué un rôle politique majeur dans les scrutins de nombreux États membres. Ils doutent également que les nouvelles règles en matière d'asile puissent contribuer à rendre la question moins explosive, car la réalité est que l'immigration se poursuivra.

Si la politique migratoire n'est pas équilibrée et correctement développée, la crise est inévitable.

L'Europe devrait admettre qu'elle a réellement besoin de migrants. Contrairement au message xénophobe de nombreux politiciens d'extrême droite hostiles à l'immigration, les experts ont déclaré que l'Europe avait besoin des migrants si elle voulait maintenir une main-d'œuvre suffisamment solide, avec des pénuries dans l'ensemble de l'Union.

La commissaire européenne Ylva Johansson a récemment évoqué la nécessité d'augmenter d'un million le nombre de travailleurs dans l'UE pour faire face à l'évolution démographique, déclarant qu'il s'agissait d'un «défi pour y parvenir de manière ordonnée». Selon d'autres experts, les chiffres sont même beaucoup plus élevés : il en faudrait un million rien qu'en Allemagne et 500 000 en Autriche.

L'Europe a donc autant besoin des migrants que les migrants ont besoin de l'Europe. Le compromis est à trouver. La question est de savoir combien de personnes mourront le long des frontières jusqu'à ce que la bonne décision soit prise.

source :  The Baltic World

 reseauinternational.net

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