19/04/2024 logic.ovh  9 min #247114

Comment sauver la presse

Avoir une information fiable sur son environnement est essentiel pour sa santé physique et mentale. Mais de nombreux obstacles s'y opposent. La question de la confiance passe par la prise en mains.

J'édite depuis vingt ans un site qui sert à autistiquement à pousser l'art du logiciel à ce qu'il peut avoir de plus ultime en terme d'efficacité, de puissance et de plaisir à travailler dessus, et accessoirement du coup je lis les articles que ça publie.

En tant qu'éditeur de presse j'ai le devoir de n'être ami avec personne et de garder une indépendance qui me permet de critiquer vertement n'importe qui même si inévitablement il y en a que j'aime plus d'autres.

J'ai toujours voulu que mon logiciel serve mais cet espoir a été rendu impossible par l'évolution de l'informatique qui est partie dans une autre direction que la mienne. Je cherchais à crée la complexité à partir de la simplicité, mais les Gafam font faire l'inverse. Aujourd'hui seuls les pourvoyeurs de solutions dogmatiques s'amusent vraiment, les autres sont condamnés à suivre la procédure et faire de la paperasse (à savoir taper du texte répétitif et sans intelligence).

Mais c'est pas grave parce que du coup j'ai eu une autre idée. Autre que de tout refaire en mode dogmatique, ce qui aurait certainement un frileux succès.

*

Flashback.

Les pays d'Afrique en veulent à mort à la France parce qu'on les a maintenus dans la misère tout en les dépouillant pendant des siècles. Mais en fait il n'y a pas si longtemps ce n'était pas avec un esprit méchant. Simplement on avait les meilleurs ingénieurs, mathématiciens, industries, et les moyens. Il ne manquait que les matières premières.

Mais cela ne pouvait pas durer, à un moment il fallait bien que cette création de richesse par assemblage de celles des autres leur profite aussi. Au pire on aurait pu faire trainer leurs progrès en gardant des brevets et un savoir-faire unique et indispensable, mais au mieux il aurait fallu être nous-mêmes indispensables, incontournables, et surtout des pourvoyeurs de savoir et de connaissance, et donc de richesse.

Ainsi on aurait développé une coopération fructueuse et on aurait pu établir des relations pacifiques et prolifiques avec tous les pays du monde, tout en gardant l'estime de tous ces pays.

Mais les choses ne se sont pas passées comme ça. Les américains et leur mentalité puérile - cet article était parti pour s'intituler "Les américains et les israéliens sont puériles" - ont une autre manière de procéder pour garder leur avantage, c'est de faire des croche-pieds à leurs concurrents, de les rabaisser, les retarder, leur causer des misères, et de raconter des bobards à leur sujet pour les ridiculiser.

La technique américaine pour garder son avance dans une compétition n'est pas d'être honnêtement le meilleur, et de savourer une victoire bien méritée, mais juste de démolir tous les autres pour mieux avoir à ne pas progresser. Et de savourer une victoire factice toute honte bue et les mains tâchées de sang.

Et ils ont déteint sur l'industrie et la compétitivité française. On était quand même les premiers à faire des puces électroniques, des ordinateurs domestiques, des avions à réaction, des centrales nucléaires, des trains à grande vitesse, et sans parler de toute la partie scientifique et mathématique qui était historiquement la plus avancée. Et tout cela s'est perdu.

La méthode américaine a prévalu et au final, pour leur plus grand bonheur, on s'est complètement désindustrialisés, les compétences se sont enfuies, et même pire le système éducatif et le milieu professionnel ont été gangrenés par une mentalité complètement pourrie qui n'accorde de respect qu'à la médiocrité et à la soumission aveugle à l'imbécilité la plus totale. ça s'appelle "le milieu professionnel", "c'est comme ça que ça marche", c'est ça vivre dans la réalité mon gars".

Après les mecs votent pour un président qui les a déjà arnaqués assidument et les a incarcérés chez eux sans aucune raison valable, dépouillés de tous les droits longuement acquis depuis cent ans d'âpre persuasion, et ils se font joyeusement vacciner avec le premier liquide-vaisselle venu sans rien vérifier et ils ne s'étonnent même pas de mourir d'un cancer deux ans après.

*

Bon je m'amuse bien à écrire cela mais ce n'est pas le but et je veux aller vite. Là où je veux en venir, c'est que je vais bien devoir arrêter ma publication mais si j'arrêtais ça laisserait un trou, et j'aurais un goût d'inachevé. L'état actuel de la presse est le même que précédemment décrit, ce ne sont que des ruines fumantes avec encore quelques zombies qui survivent en s'offusquant d'avoir de la suie sur leurs chaussures.

Même les moins corrompus, et ayant le plus de visibilité, ce qui est quand même très antinomique, sont vertement décriés par des arguments tels que "Pfff alors là je ne trouve pas les mots, comment peut-on dire autant de conneries ?" alors que tout ce qu'ils disent est parfaitement vérifié. Ce n'est même pas la loi de l'offre et la demande qui va les sauver.

Le truc c'est que tous, vous ne pensez qu'en deux dimensions, vous et vos chaussures, et pas l'environnement dans lequel vous êtes. Tous se battent avec leur chapeau pour passer dans les rangs et quémander des piécettes pour survivre, sans se demander une seconde comment arranger ça de façon globale et pérenne. C'est chacun sa merde.

Je ne m'adresse pas ici à ceux qui font payer leurs articles, car eux sont inexistants, et je considère que leurs "informations", ou avis et opinions, sont cachées au public, et tant mieux le plus souvent. C'est seulement s'ils ont une information pertinente et qu'ils la dissimulent derrière un accès payant, qu'ils sont fautifs. Mais quoi ? Diront-ils, "c'est notre modèle économique". Eh bien ton modèle c'est d'être un enfoiré et c'est tout.

Non, je m'adresse à ceux qui ont une vraie et viscérale envie que leur information et analyse soit partagée et connue de tous, et qui la délivrent régulièrement et gratuitement, en se débrouillant pour vivre quand même, avec plus ou moins d'habileté. Les meilleurs sont les analystes retraités, en fait. Ils ont passé une vie à se taire, et avant de partir il faut qu'ils se lâchent.

Mais bon, ce n'est pas encore le motif de mon sujet principal.

*

Un système est un réseau. Sa puissance dépend de la façon dont les composants sont connectés. Cette connexion s'appelle une structure. Une structure est un concept. Il est immatériel et n'existe que sous forme d'une idée. La façon dont les composants sont unis est déterminée par cette idée, et à la fois, à cause des limitations inévitables, l'idée générale est souvent faussée, mais il faut savoir s'y tenir et ne pas se laisser berner par ce qui est uniquement faisable.

Un système est un être vivant, il se conçoit dans une dynamique, et construit lui-même par échafaudages successifs les niveaux de perfection dont il a besoin, et qui donnent vie à sa structure originelle. Et enfin, un système répond à des lois, ces lois sont celles de cet univers, déterminées par les limites physiques et par le but de la vie, qui s'exprime pour ce qu'on peut en dire, par une éthique.

Cela ne sert à rien de vous dire cela, mais il faut penser en grand, à long terme et à grande échelle. Il faut penser pour les autres. Pour mieux visualiser la chose imaginez ce qui se serait passé si, gentiment, on avait dit, en France, aux pays d'Afrique, qui maintenant nous en veulent à mort : "Les amis, on va vous faire profiter de notre chance, de notre avance, et vous aussi vous deviendrez rapidement des nations prospères, dans le plus grand intérêt de tous. Et je suis sûr que de nombreux talents ne demandent qu'à émerger. Les amis : nous ne sommes pas en concurrence, nous travaillons ensemble pour un meilleur avenir pour tous".

Maintenant évidemment c'est trop tard pour dire cela puisqu'on a tout perdu, notre crédit, nos industries, notre avance intellectuelle, et notre honneur. Et en plus on vote pour des méchants de James Bond. Et on continue à s'enfoncer dans le ridicule à chaque fois qu'un politicien apparaît en public.

*

Mon idée de départ, naïve, était qu'en utilisant mon logiciel on puisse opérer des croisements de l'information - ce qu'est sensé faire le journalisme, "croiser l'info". Je fais ça tout seul dans mon coin. Du coup j'ai une bonne vision de l'état de ce monde. En général ce que je sais, grâce à mes analystes préférés, met quelques années à remonter aux oreilles du moyen-public.

Les serveurs devraient être des services publics, et toutes les données devraient n'exister que sous la forme d'open-data exploitable via des Api qui affichent les contenu selon des sommes conséquentes de paramètres, de façon standardisée ou personnalisée. Les deux, datas et affichage, devraient être séparés.

On avait inventé le Rss pour opérer un embryon de moyen de récolter facilement des données, c'était génial. Mais ça s'est perdu. Une fois un journal qui se prétend intelligent m'avait répondu "ne mettez que le début des articles et pointez vers notre site, sinon comment on va récupérer nos clics ?". Tu rigoles lol.

Les Api sont la façon de relier les choses. Les structures sont les systèmes de tris. On peut donc avoir des services, des données, des applications, décentralisés, auxquels chacun à son niveau peut contribuer. On a tous les moyens pour obtenir une unification de l'information.

La vérité n'est pas une affaire d'opinion, et les hommes préhistoriques qui essaient d'habituer les crédules à les croire en disant des choses vraies, pour ensuite mieux les berner quand ils ont perdu l'habitude de réfléchir, on déjà fait leur temps.

Les progrès les plus déterminants pour l'avenir, qui restent à accomplir, sont dans le domaine de la philosophie. Pas celle des bavards qui étalent leur culture grotesque, celle qui est opérationnelle et qui permet d'opérer les discernements salvateurs qui peuvent exister, et qui sans sans cesse à découvrir, entre ce qui est Bien et ce qui est Mal.

Et pour accomplir ces progrès, après c'est bon j'arrête de parler, il n'y a pas d'autre solution que de se baser sur ce qui est scientifiquement établi, prouvable et indubitable. Il est d'une importance majeure pour la santé mentale des nouvelles et futures générations d'intégrer une fois pour toute qu'aucune de leurs idées n'a la moindre valeur sans être fondée sur la science.

Et cette science, ce savoir, la connaissance, doit se trouver à un seul endroit, de façon unique, un peu comme le préhistorique Wikipédia a tenté de le faire, et qui finalement s'est retrouvé rongé par le milieu acide dans lequel il était plongé, un système fondé sur le mensonge.

Toute cette connaissance, est tellement immense que dix-mille vies n'en arriverait pas à bout, devrait au moins être centralisée de façon unique et définitive sur un réseau spécial, sans avoir à être répétée, découpée, déformée, contrefaite, ou modulée pour les intérêts des uns et des autres. Ce qu'il faut c'est un réseau scientifique d'information, qui soit centralisé et constamment vérifié, validé, et certifié.

Il doit permettre d'accéder à n'importe quelle information, et de la décliner et l'adapter aux formats de diffusion (par exemple selon les âges, les capacités et les besoins ; pas seulement en changeant la typo et les couleurs) de façon fluide, directe et intelligente ; c'est à dire, en évitant les omissions.

C'est à cela que devrait servir une IA, et non pas à savoir dans quoi investir, ou qui détruire, pour garder son avantage.

 open.substack.com

 logic.ovh

 Commenter