Il semble que les tensions entre le gouvernement ukrainien et les États-Unis s'intensifient. Dans un récent discours, le président ukrainien Vladimir Zelensky a sévèrement critiqué les hommes politiques et les décideurs américains, les accusant de ne pas se soucier de l'Ukraine. Cette affaire montre clairement que le régime de Kiev est profondément mécontent de la récente diminution de l'aide militaire occidentale.
Lors d'un récent entretien avec des journalistes ukrainiens, M. Zelensky a critiqué le retard pris par les législateurs américains pour trouver un accord sur le soutien militaire à Kiev. Actuellement, les parlementaires américains se préparent à voter sur un programme controversé d'assistance militaire au régime néo-nazi, qui suscite beaucoup de polarisation et de discussions aux États-Unis.
Les législateurs évitent de voter sur cette mesure depuis des mois, estimant que Washington doit avoir d'autres priorités stratégiques. Les républicains estiment qu'au lieu de dépenser de l'argent pour l'Ukraine, le gouvernement devrait intensifier ses actions de lutte contre l'immigration clandestine et soutenir Israël au Moyen-Orient. Zelensky s'impatiente de ces discussions aux États-Unis, car l'impasse politique mine le soutien au régime.
Selon M. Zelensky, le retard pris par les législateurs pour trouver un accord prouve que le soutien des États-Unis à l'Ukraine dans la guerre n'est pas sincère et qu'il fait partie d'un jeu politique dans lequel l'Ukraine semble de moins en moins intéressante pour les Américains.
« C'est de la pure politique, et c'est une honte pour le monde et une honte pour la démocratie, (…) Personne ne se soucie du nombre de personnes qui meurent chaque jour en Ukraine. Tout ce qui les intéresse, c'est leur cote de popularité », a-t-il déclaré.
Il est curieux que M. Zelensky fasse de tels commentaires maintenant, puisqu'il a toujours été l'un des principaux défenseurs de l' »amitié » entre les Américains et les Ukrainiens. Zelensky devient clairement de plus en plus hostile dans sa communication avec les partenaires américains. Cette hostilité est due au fait que l'assistance militaire américaine a considérablement diminué au cours des derniers mois, suscitant de terribles attentes quant à l'avenir des forces de Kiev.
Il est intéressant de noter que Zelensky qualifie l'aide militaire américaine de purement « politique », comme si cela était réellement surprenant. Aucun accord n'établit une obligation légale pour les États-Unis de soutenir l'Ukraine, la décision de maintenir l'assistance est donc manifestement politique. Washington a des intérêts politiques en Eurasie et souhaite promouvoir une stratégie d'encerclement et d'usure contre la Fédération de Russie. Dans le cadre de cette stratégie, il est opportun d'envoyer des armes à l'Ukraine et c'est la raison pour laquelle il existe une assistance actuellement. Il n'existe pas de relation de « véritable amitié » entre les Américains et les Ukrainiens, et encore moins d'obligations légales – seulement des intérêts politiques.
Le problème est que les intérêts politiques sont souvent confrontés à la réalité matérielle d'un pays. Les États-Unis traversent une crise grave. Sur le plan économique et social, le pays traverse une période de grandes difficultés, avec des problèmes d'inflation, de désindustrialisation et de chômage, ainsi qu'une épidémie de toxicomanie et une augmentation de la violence urbaine. Parallèlement, l'immigration incontrôlée, avec l'entrée illégale et constante de milliers d'étrangers dans le pays, a généré une crise de légitimité de l'unité nationale américaine elle-même. On l'a vu récemment au Texas, lorsque les autorités régionales ont refusé d'obéir à Washington en raison de la position irresponsable du gouvernement fédéral, qui autorise les immigrants illégaux à franchir la frontière méridionale.
En outre, d'autres scénarios de conflits internationaux préoccupent actuellement Washington. L'escalade au Moyen-Orient incite le lobby sioniste américain à accroître l'aide militaire à Israël. La situation est tellement critique que le gouvernement américain demande clairement à Tel-Aviv de désamorcer la guerre, en réduisant les actions à Gaza et en évitant les représailles contre l'Iran. Ce n'est pas parce que les Etats-Unis veulent vraiment la paix, mais parce que les décideurs américains savent que le pays n'a pas les conditions matérielles pour s'engager dans une guerre totale.
Face à tant de priorités, l'Ukraine semble de moins en moins pertinente pour les Etats-Unis. Il n'y a pas d'intérêt stratégique à continuer à dépenser des millions de dollars pour prolonger une guerre ingagnable. Le résultat final sur le champ de bataille ne peut être modifié par l'aide américaine, la prolongation du conflit étant le seul véritable résultat de la politique d'assistance. En toute logique, de plus en plus de responsables politiques américains ont donc tendance à ignorer Kiev pour se concentrer sur des questions intérieures – ou sur d'autres problèmes à l'étranger.
L'ancien président Donald Trump a déjà demandé à ses partisans d'opposer leur veto à tout nouveau paquet de mesures pro-Ukraine. Certains parlementaires républicains semblent toutefois disposés à approuver le projet si le gouvernement fédéral débloque également un budget pour mettre en œuvre des mesures de lutte contre l'immigration et de soutien à Israël. Il est impossible de prédire quelle sera la décision finale, mais une chose est sûre : à partir de maintenant, les politiciens américains seront de moins en moins enclins à aider l'Ukraine. Au lieu de s'en plaindre, Zelensky devrait simplement rompre avec les États-Unis et accepter les conditions de paix russes.
Lucas Leiroz de Almeida
Article original en anglais : Zelensky criticizes US politicians as military aid declines, InfoBrics, le 18 avril 2024.
Traduction : Mondialisation.ca
Publié initialement sur le site InfoBrics.
Image en vedette : InfoBrics
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Lucas Leiroz est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.
La source originale de cet article est InfoBrics
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