25/04/2024 2 articles arretsurinfo.ch  9 min #247450

Moscou garantira sa sécurité si Varsovie accueille des armes nucléaires de l'Otan, selon le Kremlin

Sergueï Lavrov sur la non-prolifération nucléaire

Message vidéo de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux participants à la Conférence de Moscou sur la non-prolifération, 22-04-20


Chers collègues,

Je souhaite la bienvenue aux participants à la Conférence de Moscou sur la non-prolifération organisée par le Centre pour l'énergie et la sécurité.

Votre réunion se déroule dans des conditions difficiles: la crise du système de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération nucléaire reflète une dégradation sans précédent dans le domaine de la sécurité internationale.

Aujourd'hui, les États-Unis et leurs satellites de l'Otan sont toujours obsédés par l'idée d'infliger une "défaite stratégique" à la Russie et sont prêts à continuer de contenir notre pays jusqu'au "dernier Ukrainien". Dans le même temps, les Occidentaux se trouvent au bord d'un affrontement militaire direct entre les puissances nucléaires lourd de conséquences catastrophiques. Le fait que ce soient les trois États nucléaires occidentaux qui figurent parmi les principaux sponsors du régime criminel de Kiev et les principaux initiateurs de diverses mesures provocatrices est particulièrement préoccupant. Nous considérons qu'il s'agit là d'un risque stratégique sérieux conduisant à une augmentation du niveau de danger nucléaire.

L'Occident collectif, dirigé par les États-Unis, combine cyniquement le démantèlement ciblé d'accords équilibrés et égaux empêchant Washington avec la promotion de stratagèmes ouvertement "malveillants" qui créent des avantages pour la partie américaine. L'objectif est évident: parvenir à une supériorité militaire unilatérale grâce à de nouvelles restrictions sur les arsenaux nucléaires des adversaires tout en consolidant la supériorité globale de l'Occident dans le domaine des capacités conventionnelles.

À la poursuite d'une supériorité militaire décisive, Washington et ses alliés élargissent leur réseau d'alliances dirigées contre des pays tiers. Ils mettent activement en œuvre un certain nombre de programmes militaro-techniques extrêmement déstabilisants. Parmi eux figurent la construction d'un système mondial de défense antimissile, associée à l'accumulation d'armes de haute précision pour les objectifs de désarmement et de décapitation des "frappes globales"; la base avancée du potentiel nucléaire américain en Europe et son développement déstabilisateur dans le cadre de "missions nucléaires mixtes de l'Otan", ainsi que les préparatifs du déploiement d'armes dans l'espace et de missiles terrestres à moyenne et courte portée dans diverses régions du monde.

La formation du partenariat Aukus entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, qui prend de plus en plus les caractéristiques d'un bloc militaire, suscite de vives inquiétudes. Cela inclut une augmentation des dépenses militaires des pays de l'Otan et des alliés des États-Unis, ainsi que des projets visant à accroître le potentiel nucléaire du Royaume-Uni.

Dans le contexte d'une guerre hybride totale menée contre nous, il n'existe aucune base pour un dialogue avec les États-Unis sur le contrôle des armements et, en général, sur les questions de stabilité stratégique. Ce sujet ne peut pas être artificiellement "arraché" du segment international général et considéré séparément d'autres aspects des relations interétatiques, comme on tente de le présenter à Washington. Une conversation sur ces sujets ne deviendra possible qu'une fois que les autorités américaines auront renoncé à leur politique antirusse ouvertement hostile. Tout travail hypothétique visant à réduire le potentiel de conflit doit être global. Et cela devrait être fondé sur l'élimination du problème central pour nous, celui de l'expansion agressive de l'Otan vers l'est. Ces approches fondamentales n'ont pas d'alternative pour nous.

La destruction du système existant de contrôle des armements et de non-prolifération nucléaire a un impact négatif sur la durabilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les problèmes liés à la mise en œuvre des dispositions du TNP non seulement persistent, mais également s'aggravent. Les deux derniers cycles d'examen du Traité se sont soldés par le blocage des projets de documents finaux. Dans le premier cas, cela a été fait par les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, dans le second, nous avons assisté à un "spectacle" indécent, lorsque les pays de l'Occident collectif (y compris mentionnés ci-dessus) ont commencé à remplir délibérément des documents de formules sciemment inacceptables et sans rapport avec les termes du TNP, ce qui a inévitablement conduit à son blocage.

Le principal problème est que le traité a longtemps été utilisé par les pays occidentaux pour résoudre des problèmes politiques non liés à la non-prolifération des armes nucléaires. En d'autres termes, il s'agit des pressions ou des interventions directes contre des pays indésirables, pour accroître le niveau de contrôle sur les programmes nucléaires des États qui ne sont pas membres du bloc occidental. De telles actions provoquent une réponse sous la forme d'exigences exagérées en matière de désarmement nucléaire de la part des États non nucléaires. On peut y également ajouter les initiatives de certains États membres de l'Otan, qui tentent, sous couvert du désarmement, d'augmenter le contrôle sur l'arsenal nucléaire de la Russie et de la Chine.

La situation en matière de désarmement nucléaire ne peut pas non plus être considérée indépendamment des réalités militaro-politiques et stratégiques actuelles. De plus, l'article VI et le préambule du TNP inscrivent clairement ce sujet dans le contexte du désarmement général et complet. Ces tâches doivent être résolues ensemble, grâce aux efforts collectifs des pays nucléaires et non nucléaires et sans isoler artificiellement des éléments individuels des obligations correspondantes au titre du TNP.

Je m'attarderai séparément sur la situation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE). En 1999 déjà, le Congrès américain, sous de faux prétextes, a rejeté la ratification du TICE. Depuis lors, Washington n'a pris aucune mesure concrète dans ce sens. Nous considérons l'argument selon lequel la ratification du Traité ne peut pas être adoptée par le Congrès américain comme une vaine excuse. En conséquence, nous concluons que l'establishment politique américain n'est pas intéressé par le TICE.

Le retrait de la ratification du traité par la Russie était une réponse logique aux actions destructrices susmentionnées des États-Unis et d'autres pays occidentaux. Dans le même temps, nous restons un participant à part entière au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il n'y a pas si longtemps, nous avons achevé la création de notre segment du Système de surveillance international. Nous sommes prêts à revenir sur la question de la ratification du traité dès que les États-Unis le feront.

Les tentatives des Occidentaux de reformater dans leur propre intérêt égoïste l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) suscitent de vives inquiétudes. Les pays occidentaux ont déjà transformé cette structure internationale autrefois autoritaire et purement technique en un outil pour réaliser leurs intérêts géopolitiques au Moyen-Orient et au-delà, après avoir privatisé le Secrétariat de l'OIAC. Le résultat de ces activités destructrices a été une scission au sein de l'OIAC, la perte de son statut indépendant et de son autorité en tant que plateforme d'experts généralement acceptée dans le domaine du désarmement chimique et de la non-prolifération.

Les États-Unis, avec le soutien de leurs alliés, poursuivent leur campagne propagandiste visant à discréditer les activités spatiales de la Russie et nos initiatives visant à empêcher une course aux armements dans l'espace. L'objectif est de détourner l'attention de la communauté internationale des menaces réelles dans l'espace et d'obtenir l'allocation de ressources financières supplémentaires pour renforcer les capacités militaires spatiales nationales. Dans le même temps, le degré d'absurdité des infox antirusses de Washington est hors norme. Cela en est arrivé au point d'accusations sans fondement d'une sorte d'activité dans l'espace qui menace la sécurité internationale, liée au "déploiement d'armes nucléaires" là-bas.

De telles fabrications n'ont rien à voir avec la réalité. La Russie est fermement attachée à ses obligations juridiques internationales, y compris le Traité sur l'espace extra-atmosphérique de 1967. Nous défendons constamment la préservation de l'espace extra-atmosphérique en tant qu'espace pour les activités exclusivement pacifiques de tous les États sur un pied d'égalité.

Notre priorité reste l'élaboration d'un instrument international juridiquement contraignant qui établirait des garanties fiables pour empêcher le déploiement d'armes dans l'espace, le recours ou la menace de la force contre des objets spatiaux. La base est un projet de traité présenté par la Russie et la Chine à la Conférence du désarmement.

Dans le contexte des activités militaro-biologiques menées par les États-Unis dans le monde entier en violation de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques ou à toxines et sur leur destruction (CABT), les efforts déployés par la communauté internationale pour renforcer la Convention, principalement par l'élaboration d'un protocole juridiquement contraignant qui fournirait un mécanisme de vérification efficace, revêtent une importance fondamentale. Un certain nombre d'initiatives russes visent également à améliorer le régime de la Convention. Nous comptons sur des succès concrets dans ce domaine, basés sur les résultats des activités du groupe de travail spécialisé créé par décision de la neuvième Conférence d'examen de la CABT.

Compte tenu des livraisons massives d'armes et de munitions au régime de Kiev par l'Otan et ses satellites en violation des obligations internationales précédemment assumées de contrôler l'exportation de technologies et d'équipements militaires, nous attachons une grande importance à la question du contrôle des transferts interétatiques d'armes conventionnelles. À cet égard, il est important que les pays, au niveau national, mettent strictement en œuvre le Programme d'action des Nations unies pour prévenir et éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre ainsi que le Registre des armes conventionnelles des Nations unies.

Nous sommes convaincus que pour empêcher une nouvelle dégradation de la situation mondiale, maintenir la stabilité à long terme et formuler un programme de désarmement réaliste, des efforts conjoints sont nécessaires pour construire une architecture de sécurité internationale renouvelée fondée sur les principes du multilatéralisme, de l'égalité et de l'indivisibilité. Ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible de réduire le niveau des conflits interétatiques et d'assurer de réels progrès dans le domaine du contrôle des armements.

Source:  mid.ru

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