28/04/2024 reseauinternational.net  17 min #247599

Lieux de mémoire

par Panagiótis Grigoríou

Aux yeux des historiens, les «lieux de mémoire» sont partout, preuve, s'il en faut, que la mémoire des lieux est souvent plus solide que ne le sont les lieux eux-mêmes. C'est ce que nous avons vérifié lors de notre parcours en Thessalie centrale, région complétement ignorée des touristes, voire, parfois même... oubliée des siens.

Les deux petites chapelles au kilomètre 319. Doxarás, années 1990

Telle la petite bourgade de Doxarás, déjà tristement célèbre suite à l'accident ferroviaire qui a eu lieu à proximité sur l'unique voie à l'époque, très exactement au kilomètre 319 entre Thessalonique et Athènes.

L'époque d'ailleurs fut celle sous le régime des Colonels, quand dans l'après-midi neigeux du 16 janvier 1972, l'Acropolis express reliant Munich à Athènes, a violemment percuté le train omnibus remontant le vieux pays dans le sens inverse, d'Athènes à Thessalonique. Le bilan du terrible choc fut celui des 21 victimes et de bien nombreux blessés.

Les deux petites chapelles au kilomètre 319. Doxarás, avril 2024

Deux petites chapelles édifiées le long de la voie ferrée au kilomètre 319 témoignent de la mémoire des 21 victimes, tout en remerciement... des décès tout juste évités lors du drame.

Depuis 1995, le tracé de la voie passe par le nouveau tunnel, au lieu de contourner la petite montagne, justement entre les deux petites gares d'Orphaná et de Doxarás en cette Thessalie alors si profonde. Le ballast, ainsi que les traverses aux longs rails soudés à l'ancienne ont été enlevés lors des travaux. Ils ne transmettront plus au sol les efforts engendrés par le passage des trains, sauf pourtant pour la mémoire, celle des hommes naturellement.

L'accident du 16 janvier 1972 à Doxarás. Presse de l'époque

La catastrophe ferroviaire s'est donc produite le 16 janvier 1972 lorsque vers 16h45, une rupture de communication... après dispute entre les chefs de gare correspondants, à Doxarás et à Orphaná a provoqué la collision par mauvais temps du train express Acropolis et du train omnibus sur la voie unique. Vingt et une personnes sont mortes et plus de quarante autres ont été blessées dans l'un des accidents ferroviaires les plus meurtriers en Grèce.

À midi de la même journée, la locomotive diesel ALCO-A323 l'une des plus modernes dont disposaient les chemins de fer helléniques à l'époque, attendait ses deux conducteurs pour tracter l'Acropolis. Le train a quitté Thessalonique à 13h30 de l'après-midi à destination d'Athènes, tandis que depuis la capitale et dans le sens inverse, le lent omnibus 121, connu aussi sous le nom de «Posta» car il faisait autant office de train postal, avait quitté le Pirée vers 9h30 à destination de Thessalonique.

L'accident du 16 janvier 1972 à Doxarás. Presse de l'époque

La locomotive diesel A323, menée par les conducteurs Polítis et Stamatíou était composée d'un wagon postal de fabrication italienne, de deux wagons de marchandises fermés auxiliaires et deux wagons de voyageurs.

Ce train en direction du sud était le fameux Acropolis Express lequel assurait la liaison ferroviaire entre Munich et Athènes, tandis que le train 121 en direction du nord, d'Athènes vers Thessalonique transportait comme à son habitude, de nombreux soldats d'artillerie depuis Thèbes, en transfert vers des unités du nord de la Grèce.

Chapelle au kilomètre 319. Doxarás, avril 2024

Le temps en Thessalie était froid, le tout sous un brouillard glacial. L'Acropolis Express est arrivé à Larissa, où il a marqué un court arrêt avant de poursuivre sa route vers le sud. Les deux trains étaient gérés par l'Organisation des chemins de fer helléniques ou OSE et la compagnie ferroviaire nationale sous sa nouvelle mouture, était mise en place un an auparavant suite aux reformes de... modernisation, initiées alors par le régime des Colonels.

L'accident s'est produit entre Doxarás et Orphaná en fin d'après-midi sur la ligne principale entre ces deux gares. Quelques minutes après que l'Acropolis Express ait quitté Larissa, la capitale de la Thessalie au nord de Doxarás, le chef de gare de Paleofársalos au sud d'Orphaná donnait l'ordre de départ au train 121 pour ainsi continuer sa longue route vers le nord.

L'entrée du village. Doxarás, avril 2024

Circulant sur une voie unique, les deux trains devaient se croiser là où alors c'était techniquement réalisable, utilisant une boucle de passage à la gare d'Orphaná ou sinon, à celle de Doxarás. Les deux chefs de gare, Nikolaos Gíkas à Orphaná et Dimítrios Papadópoulos à Doxarás, étaient en désaccord car l'un exigeait que le croisement ait lieu à la gare de l'autre.

Le tout sous... fond d'un match de football jugé si important, opposant les équipes d'Olympiakós et de Paniónios, retransmis à la radio en direct et que visiblement... le pays réel grec suivait avec tant d'impatience.

La gare abandonnée. Doxarás, avril 2024

Les deux chefs de gare se sont même disputés violement au téléphone et c'est fatalement depuis la gare centrale d'Athènes, que le contrôleur national de la circulation Geórgios Haliótis s'est résolu à... résoudre en arbitre, leur différend. L'Acropolis Express en direction sud et le train Posta 121 en direction nord, ont ainsi été autorisés à poursuivre... leur route mais simultanément.

Généralement, la priorité était donnée au train à grande vitesse en provenance de Thessalonique, mais Nikólaos Gíkas a ordonné au train en direction du nord de continuer également puisque le contrôleur national de la circulation a décidé de ne pas appliquer la règle se chargeant d'en aviser le chef de gare de Doxarás. Sauf que depuis Orphaná, Gíkas a laissé partir le 121 sans vérifier que son collègue de Doxarás fut effectivement informé du changement décidé à Athènes.

L'accident de novembre 1972 à Doxarás. Presse de l'époque

Entre-temps, les conducteurs du train Express suivaient autant le match à la radio et n'avaient donc pas penser à réduire leur vitesse. Les transistors radio ont été d'ailleurs retrouvés aux côtés de leurs corps... devenus alors amorphes et amputés de leurs membres.

Toujours entre-temps, l'assistant conducteur du Train 121, ayant reçu des plaintes de son chef faisant état d'un problème de chauffage, il avait quitté son poste et s'est rendu à la salle des machines pour y contrôler le générateur de vapeur. Ainsi, le conducteur du train Sírmas, qui était assis à droite, n'avait aucune visibilité vers la gauche, d'où venait l'Express à pleine vitesse.

Le nouveau tracé et la gare abandonnée. Doxarás, avril 2024

Il a également été écrit dans la presse de l'époque que les deux conducteurs du train 121 suivaient également la retransmission du match de football à la radio ce jour-là et ils étaient probablement absorbés et donc un peu distraits. Alors que l'Acropolis Express développait une vitesse de 100 km/h c'est à 16 h 45 de l'après-midi que ce dernier est entré en collision frontale avec le train à vapeur 121.

La locomotive ALCO de l'Acropolis a littéralement écrasé l'autre locomotive, tandis que ses trois premiers wagons ont été écrasés et ils ont même pris feu. La collision a donc fait 21 morts et 40 blessés. Il s'agit du troisième accident ferroviaire le plus meurtrier survenu en Grèce, après les collisions de Témpi toujours en Thessalie le 28 février 2023 avec 57 morts, et de Dervéni dans le Péloponnèse en 1968 causant 34 morts.

Mémoire des patriotes pendus sous l'Occupation. Doxarás, avril 2024

On sait qu'à peine une minute avant l'accident, un berger avait saisi la trajectoire fatidique des deux trains depuis la petite montagne au-dessus du virage de la voie ferrée et il avait désespérément tenté en agitant sa cape, d'avertir le conducteur de l'Acropolis. Ce dernier a mal compris le geste et il pensait que le berger le saluait de la sorte et il a donc rendu le salut. Tel fu alors son ultime mouvement.

L'enquête a révélé «que l'accident était dû à un manque... caractérisé de compréhension entre les chefs de gare d'Orphaná et de Doxarás, combiné au fait que le réseau était d'une seule ligne à l'époque et qu'il n'existait pas de méthodes modernes d'intercommunication».

Mémoire des militaires tués durant la Guerre civile. Doxarás, avril 2024

Les deux chefs de gare et le contrôleur de la circulation en poste à Athènes ont été inculpés d'homicide involontaire et de perturbation de la sécurité routière et sitôt condamnés au premier degré. L'agence Associated Press avait même consacré son reportage filmé à l'accident, disons «à chaud».

Lors du procès lequel a eu lieu en novembre 1972 à Kardítsa, les trois cheminots furent condamnés à des peines de prison allant de trois à cinq ans. En janvier 1973, à la Cour d'appel de Larissa, seul Nikólaos Gíkas, le chef de gare d'Orphaná, fut condamné à cinq ans de prison, tandis que les deux autres accusés ont été acquittés.

Voie non réparée après les inondations de 2023. Orphaná, avril 2024

Sauf qu'en novembre 1972, une deuxième collision entre deux rames a eu lieu pratiquement au même endroit, un peu en amont de la gare de Doxarás. Sans autres victimes, les deux conducteurs de l'un des trains impliqués furent tués sur le coup, les deux autres ont sauté de leur locomotive après avoir actionné les freins. Le premier conducteur blessé avait été choqué et il n'a plus monté à bord d'un train, son collègue a été paralysé à vie.

«Resté choqué par l'accident jusqu'à son décès en 2016, mon père qui fut le conducteur de cette rame, n'a jamais pu s'en remettre», écrira seulement en 2023 sa fille, la romancière Zéfi Kóllia, confondant tout de même les deux accidents à Doxarás de l'année 1972.

Près de la gare abandonnée. Orphaná, avril 2024

Le régime des Colonels à l'époque, alarmé par ce deuxième accident mortel depuis celui de 1968, décide de moderniser le réseau de communication ferroviaire et c'est par l'intermédiaire de son vice-président Stylianós Pattakós qu'il annonce l'équipement des trains en radiotéléphones pour que les conducteurs puissent communiquer en direct avec les chefs de gare et entre eux.

Par la suite et bien des années plus tard, la... modernisation sous le régime de la post-dictature, apportera le doublement des voies et l'électrification de ce qui allait devenir la ligne principale du pays entre le Pirée et Thessalonique, faisant disparaître la section où la collision de janvier 1972 a eu lieu.

Route archéologique de Pharsale. Avril 2024

Elle fut remplacée par un tunnel direct entre Doxarás et Orphaná, contournant complètement le virage aveugle sous la petite montagne. Ainsi, les deux gares locales du drame de 1972, ont été abandonnées depuis 1995... abandonnées il faut dire aux seuls fantômes du passé.

Vingt ans après la prétendue modernisation du rail en Grèce, le cinéaste Giórgos Tsakogiánnis a réalisé en 2016 un émouvant court-métrage consacré à l'accident du 16 février 1972. Son film a même été davantage visionné sur Internet bien récemment, ceci depuis surtout l'accident de Témpi le 28 février 2023.

Parmi les collaborateurs de Tsakogiánnis, Frangískos Elliot, spécialiste de l'histoire ferroviaire grecque, écrira à l'occasion de la sortie du documentaire en 2016, que quand il a voulu préserver les documents des rapports officiels des accidents du train au moment de la privatisation de la compagnie nationale de l'OSE dans les années 2010, comme par hasard, le rapport sur l'accident de Doxarás était alors curieusement manquant.

Au loin, le mont Olympe. Doxarás, avril 2024

Notons que suite toujours... à la modernisation sous le régime de la post-dictature bien de notre temps, le pouvoir en place en 2023, a ordonné la destruction d'une partie des preuves de l'accident du 28 février, étant donné que près de vingt camions ont transporté de la terre des lieux le lendemain même du 28 février, pour la déposer sur un terrain tenu secret jusqu'en février 2024 ; un amas alors contenant de la terre brûlée, des débris et même de restes humains. En attendant sinon... le rapport de l'enquête.

En avril 2024, nous avons revisité les lieux, justement entre Doxarás et Orphaná, se disant qu'aux yeux des historiens, les «lieux de mémoire» sont partout et que la mémoire des lieux, est souvent plus solide que ne le sont les lieux eux-mêmes.

Précisons que le village dont ma mère est originaire ne se situe guère loin en cette Thessalie profonde et que de ce fait, le terrible accident de 1972 fait autant partie de la mémoire collective locale, dont celle de ma propre famille.

Certes, la nouvelle voie ferrée passe désormais à proximité de l'ancienne gare de Doxarás sans la desservir, gare tout de même oh combien historique. Car il faut rappeler qu'en ces lieux les couches mémorielles alors se juxtaposent.

Mémoire des patriotes exécutés sous l'Occupation. Orphaná, avril 2024

Déjà, il y a tout juste un siècle, au 9 avril 1924, quand le train entre Athènes et Thessalonique marqua son arrêt à Doxarás vers 20h30, un groupe de bandits locaux occupait déjà la gare et a ligoté son le chef, après avoir détruit au préalable le poste du télégraphe.

Vers une heure du matin, armés de fusils Mannlicher, les bandits sont montés à bord du train pour dévaliser l'argent et les bijoux des voyageurs, dont le ministre de la Protection sociale de l'époque. D'après les estimations de la presse du moment, au moins 500 000 drachmes y seraient débordés de la sorte.

La gare abandonnée. Orphaná, avril 2024

D'ailleurs on estimait «à chaud» à l'époque que les bandits comptaient prendre en otage le Premier ministre Papanastasíou, sauf que suite à un retard pris dans son programme, il se trouvait alors à bord du train suivant. Inutile de dire qu'en Grèce, un tel braquage à main armée à bord d'un train constituait un événement sans précédent et de ce fait, il a fait la UNE des journaux du moment.

Sinon encore il y a tout juste 80 ans, à savoir au 12 mai 1944, l'armée allemande d'occupation, a pendu 24 patriotes, tous Thessaliens, sous les poteaux télégraphiques plantés entre la gare de Doxarás et l'extrémité du village. Près de la gare justement, un monument leur rend enfin hommage.

L'église de 1860. Orphaná, avril 2024

«Honneur et gloire à ceux qui sont tombés pour la Patrie». Et en face de ce monument, un autre mémorial rend à son tour hommage à deux gendarmes et à deux soldats du village issus des rangs de l'armée nationale-gouvernementale, tombés sous les balles de l'armée communiste durant les années de la Guerre civile, en 1946 et en 1948. Décidément.

Et quant au village proche d'Orphaná, toujours près de sa gare désertée depuis 1995, un autre monument rappelle qu'en ces lieux également, le 4 juillet 1944, les occupants Allemands ont alors fusillé 22 patriotes. Lieux que l'on nomme ainsi paisibles, voire, issus du pays bien profond.

L'église de 1860. Orphaná, avril 2024

Le village d'Orphaná fut d'ailleurs infondé et cela même à deux reprises, en 2020 et en septembre dernier, non sans conséquences plutôt durables. D'abord en avril 2024, la nouvelle voie ferrée n'a pas été totalement réparée depuis les inondations de septembre 2023, tandis que de nombreux habitants ont définitivement abandonné le village.

Nous y avons cependant rencontré une famille agricole préparant leur terre afin de planter du coton, près d'une église datant de 1860 sur l'ancien emplacement du village, abandonnée à son tour il y a pratiquement un siècle.

Les maisons inachevées. Orphaná, avril 2024

Car voilà que cette Thessalie centrale que je fais découvrir aux heureux voyageurs via Grèce Autrement, région d'emblée complétement ignorée des touristes, l'est parfois même... oubliée des siens.

Enfin, toujours à Orphaná, on y découvre ces 96 maisons inachevées construites de briques rouges par le gouvernement en 1960, histoire d'y loger les familles des habitants de la montagne d'Agrafa en face, quand leurs villages d'origine se sont trouvés sous les eaux du lac Plastíra, aménagé à la fin des années 1950. Un parcours bis en quelque sorte et en complément possible à l'excursion que je propose autour du lac.

L'église et sa cigogne. Fýllo, avril 2024

Sauf que ces familles ont préféré s'installer ailleurs en Thessalie et «leur nouveau village» d'Orphaná est resté à jamais inachevé. Pays que l'on dit parfois perdu. On touche pourtant la route archéologique de Pharsale, bourgade assez proche, située au cœur de la Thessalie, surtout connue pour les deux batailles lesquelles eurent lieu dans sa plaine voisine. La plus connue étant celle que Jules César a remporté contre Pompée le 9 août 48 av. J.-C., puis l'autre bataille n'est autre que la défaite grecque face aux Ottomans, le 24 avril 1897.

Routes donc thessaliennes entre Orphaná et Doxarás. Avril 2024. Entre les deux localités et bien près de l'ancienne voie ferrée et de son affligeant kilomètre 319, se situe le hameau Mikró Vounó, littéralement «la petite montagne». Nous y avons rencontré Velissários, il avait alors 22 ans en janvier 1972.

Pont routier non réparé après les inondations de 2023. Orphaná, avril 2024

«Je peux vous conduire jusqu'au deux petites chapelles édifiées le long de l'ancienne voie ferrée. Mais nous utiliserons votre véhicule 4X4 car après la piste, c'est carrément du hors-piste qu'il faut pratiquer pour y accéder».

«Vous savez... j'y étais. Nous avons entendu un terrible bruit, celui du choc et nous avons compris. Le pope a fait sonner les cloches de notre église et nous nous sommes rendus à pied au lieu du drame. Ce que nous avons découvert fut atroce. De la ferraille, des cris, de la chair brûlée et une odeur... indescriptible. En attendant les secours lesquels n'ont guère tardé d'arriver, nous avions déjà sauvé pas mal de monde».

Chapelle au kilomètre 319. Doxarás, avril 2024

«Je n'oublierai jamais ce spectacle, certains de notre village y sont d'ailleurs restés... à jamais car ils avaient pris le train omnibus depuis Orphaná, pour un trajet disons de dix minutes. Nous voilà... permettez-moi seulement de vous attendre dans la voiture, je préfère ne pas sortir car ces images me reviennent comme si c'était hier».

«Je me souviens aussi qu'une semaine après l'accident, j'ai trouvé la jambe de l'un des conducteurs des trains, nous l'avons rendue aux autorités et sa famille a pu l'enterrer... avec les autres restes de leur proche. Les rumeurs couraient déjà que tout n'a pas été bien clair dans cette affaire et que surtout, le fait de vouloir suivre le match de football à la radio y était sans doute pour quelque chose».

Entre Doxarás et Orphaná. Thessalie, avril 2024

«Depuis, nos vieux bergers qui d'ailleurs ne sont plus de ce monde, tous témoins oculaires du drame, racontaient que de temps à autre et sans la circulation de la moindre rame, ils entendaient toujours le grondement des deux trains, quelques instants avant leur télescopage. Est-ce possible ?» C'est ce que nous n'avons certes pas pu vérifier lors de notre parcours en Thessalie centrale, il faut dire.

Thessalie ainsi bien profonde aux vieux ponts abimés depuis les inondations de septembre 2023 et aux belles routes désertées des touristes et même des locaux.

Les cigognes sont pourtant de la partie comme chaque année, à l'image du village voisin de Fýllo. Lors de notre passage, ses habitants qui sirotaient leur ouzo accompagné de mézé au bistro du coin nous regardaient alors comme des extraterrestres. Mon grand-père y vendait pourtant du fourrage et il y achetait des moutons. Mais il y a bien longtemps, faut-il tout de même préciser.

L'église et sa cigogne. Fýllo, avril 2024

De retour dans le Péloponnèse, notre Mimi paralysée depuis près d'une semaine m'attendait. Je l'ai caressée, elle m'a reconnu... puis elle s'est éteinte. Mimi, notre premier chat avait vingt ans et trois mois.

Avril 2024. Aux yeux des historiens, les «lieux de mémoire» sont décidément partout et de toute époque. Train... de vie.

Notre Mimi, 2004-2024. Péloponnèse, juillet 2022

source :  Greek City

 reseauinternational.net

 Commenter