Candice Vanhecke
Les bateaux de la flottille de la liberté restent pour l'instant à quai, après le retrait du pavillon de navigation de la Guinée-Bissau.
Alors que la flottille de la liberté s'apprêtait à prendre le large en direction de la bande de Gaza, les organisateurs ont appris vendredi que la Guinée-Bissau retirait son drapeau à deux de leurs trois navires, les forçant de ce fait à mettre sur pause cette mission humanitaire pourtant cruciale pour les Palestiniens.
Depuis plus d'une semaine, des centaines d'activistes et d'humanitaires, des médecins, des infirmières, des journalistes et des parlementaires en provenance des quatre coins du monde attendaient de pouvoir quitter le port de Tuzla, au sud d'Istanbul, pour naviguer vers la bande de Gaza. Objectif: briser le blocus israélien et délivrer plus de 5.000 tonnes de nourriture, de tentes, de médicaments, de matériel médical et d'autres biens de première nécessité aux Palestiniens victimes de l'entreprise génocidaire d'Israël.
Dans notre dernière émission de Télé Palestine, Rosie, une activiste belge participant à la mission, nous expliquait que, outre le but humanitaire poursuivi par les membres de la flottille de la liberté, ces derniers entendaient aussi délivrer un message politique fort: puisque leurs gouvernements se refusent à exercer des pressions sur Israël, ils seraient prêts à risquer leur vie pour rompre par leurs propres moyens le blocus israélien imposé à Gaza. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Tous ont encore en tête le carnage commis par l'armée israélienne en 2010, lorsque ses militaires avaient pris d'assaut l'un des bateaux d'une précédente flottille de la liberté qui naviguait vers la bande de Gaza, tuant dix personnes et blessant 28 autres.
On s'en doute: ce vilain accroc dans sa communication bien huilée, Israël n'avait aucune envie de le réitérer. Comme les organisateurs de la flottille de la liberté l'ont dénoncé ce week-end dans un communiqué de presse, c'est donc très probablement suite aux pressions directes ou indirectes exercées par Israël que la Guinée-Bissau a décidé de retirer son pavillon de navigation, notamment au cargo contenant les 5.500 précieuses tonnes d'aide humanitaire. Jeudi après-midi pourtant, la coalition d'ONG et d'associations à l'initiative de la flottille de la liberté avait obtempéré à la demande du Registre international des navires de Guinée-Bissau d'inspecter ses bateaux, une démarche inhabituelle puisque ceux-ci avaient déjà passé toutes les vérifications d'usage.
L'ONU soutient la flottille pour Gaza
Depuis l'annonce de la Guinée-Bissau, les membres de la flottille de la liberté pour Gaza appellent les différents gouvernements à prendre leurs responsabilités. Il faut absolument qu'un Etat permette à la flottille de naviguer sous son pavillon vers Gaza. Un appel qui n'est jamais qu'une perche tendue aux dirigeants du monde pour qu'ils respectent enfin leurs obligations en droit international, à savoir empêcher la perpétration d'un génocide, peu importe qu'ils jugent son caractère avéré ou potentiel.
C'est ce qu'ont d'ailleurs souligné plusieurs rapporteurs de l'ONU dans un communiqué rendu public la semaine dernière : « Les pays ne respectent pas leurs obligations de mettre fin au génocide et à la famine d'Israël à Gaza. En fait, de nombreux pays continuent de soutenir Israël en lui fournissant des armes, des fonds et un appui politique, ce qui peut les rendre complices du génocide et de la famine perpétrés par Israël. C'est pourquoi des civils, comme les participants à la flottille de la liberté, sont de plus en plus nombreux à manifester leur solidarité en protégeant et en faisant respecter les droits humains des Palestiniens par des actions directes. Ils expriment la volonté d'un mouvement mondial, particulièrement soutenu par la jeunesse du monde entier, de mettre fin aux horreurs de Gaza - dans l'intérêt des Palestiniens comme des Israéliens. La flottille de la liberté a le droit de circuler librement dans les eaux internationales et Israël ne doit pas entraver sa liberté de navigation, reconnue depuis longtemps par le droit international. »
Les membres de la flottille pour Gaza l'assurent: Israël a remporté la première manche, mais le match n'est pas terminé. Leur détermination à rejoindre la Bande de Gaza et à briser le blocus israélien demeure intacte. Reste maintenant à trouver un Etat capable d'un geste de courage minimal au regard de celui que sont prêts à accomplir les participants à la flottille de la liberté.
Source: Investig'Action