04/05/2024 dedefensa.org  4 min #247989

La guerre et le facteur humain

La guerre du fer et du feu

• Conflit conceptuel sans fin dans cette activité humaine qu'est également la guerre : l'homme et la machine. • Courte histoire de cette intéressant "affrontement" jusqu'aux missiles d'Ukraine, par Andrea Marcigliano.

Il est assuré aujourd'hui que la guerre d'Ukraine apporte une nouvelle forme de guerre. Pour autant, on y trouve l'habituelle interrogation sur l'habituelle confrontation entre l'homme et la machine, pour savoir qui domine l'autre, qui se sert de l'autre, qui joue le rôle principal, etc. Avant de tenter de répondre à cette question, - ce qui sera pour une occasion différente, - il n'est pas mauvais d'offrir un très rapide rappel de l'histoire de cette confrontation, et encore en sachant bien que les réponses apportées au long du récit de cette "cohabitation-confrontation" (ici, celui que nous donne Andrea Marecigliao) sont toutes relatives et sujettes ào diverses contestations. Ce rapport homme-machine pour décider du sort de la guerre est certainement le sujet le plus disputé et le plus incertain.

.... C'est aussi, à notre sens, le plus important, car il fait entrer la guerre dans la civilisation, - même si c'est par la porte la moins ragoutante, - et nous indique, plus que toute autre activité la situation du progrès au moment où cette entrée a lieu. Marecigliao nous indique que la Grande Guerre fut, préparée en cela par la Guerre de Sécession aux USA, la première guerre moderne où la machine et les technologies jouèrent un rôle essentiel. C'est exactement notre appréciation, du point de vue de la chronologie. Nous différons pourtant pour ce qui est des effets de cette confrontation par rapport à la référence du progrès et du système du technologisme, toutes questions toujours posées (et donc nullement résolues) à l'heure de la guerre en Ukraine.

Nous avons souvent abordé ce problème, dans nombre d'articlées (voir notamment la série du  31 octobre 2018 au  11 novembre 2018) mais aussi dans notre livre ' Les Âmes de Verdun' où nous faisons de cette bataille un pivot et un exemple typique de la confrontation entre l'homme et la machine, - à l'avantage du premier. En voici un extrait dans ce sens :

« Tout cela est bel et bon mais en quoi le propos concerne-t-il la Grande Guerre et notre Verdun au bout du compte ? En ceci que se complète notre schéma de la psychologie politique et historique d'une France à l'histoire compliquée mais constituée en une force stabilisatrice dans l'Histoire, une force structurante. Cette force tient alors une place fondamentale dans la Grande Guerre comme elle se découvre désormais, - la Grande Guerre, non pas désordre complet et insensé mais théâtre cruel et sanglant de l'attaque du désordre déstructurant contre l'ordre structurant. Dans cette interprétation, c'est la France, vieille nation historique et protectrice de l'harmonie et de l'équilibre, qui subit l'attaque des forces déstructurantes qui se sont installées au cœur de l'Europe (la "chaudière européenne" qu'est devenue l'Allemagne), et Verdun en est la scène privilégiée. Dans ce cadre, comme notre interprétation elle-même le sollicite, les nations subsistent mais leur affrontement passe au second plan et l'on doit retenir principalement qu'il s'agit de cet affrontement entre forces structurantes et forces déstructurantes qui va au cœur de l'appréciation historique, quand l'Histoire se fait miroir de l'enjeu d'une civilisation qui a atteint les limites du monde et les interrogations ultimes. Notre observation constante sur le rôle joué par la "modernité" sous la forme de sa production des plus hautes technologies de guerre prend ici toute son ampleur ("[l]a bataille de Verdun est caractérisée par un gigantesque déluge de feu dû à l'artillerie, qui représente alors le summum de la modernité dans la technologie guerrière..."). Le soldat français de Verdun, qui a organisé et proclamé sa résistance dès la première heure, dès les premiers obus, est celui qui a résisté en premier au déluge de la ferraille moderniste, en s'appuyant sur la référence historique de la France, sur son instinct national transformé en un instinct de civilisation, ce que la France décrite par Curtius et Sieburg permet effectivement. Le soldat allemand, un moment abusé et grisé par l'illusion de la victoire dont ses chefs eux-mêmes ne savaient par quel bout la prendre tant ils étaient aveuglés, eux, par l'illusion de la puissance, rejoindra bientôt son adversaire français en représentant la partie sombre de la réaction humaine, l'amertume, la tristesse et l'abandon, devant l'usage de la ferraille moderniste contre l'homme. (Lui aussi, le soldat allemand, subit la tyrannie destructrice de la mitraille de fer et de feu.) »

Voici l'article d' Andrea Marcigliano sur l'historique court qu'il nous donne des rapports hommes-machines dans l'histoire de la guerre. Nous devrions faire suivre par un article sur ce que nous considérons être le même problème pour la guerre en Ukraine. L'article de Marcigliano vient originellement de 'electomagazine.it' et, dans sa version française, de 'euro-synergies.hautetfort.com'.

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