par Alfredo Jalife-Rahme
La narration de la crise économico-financière occidentale n'a pas grand rapport avec la réalité. Cependant, en urgence, celle-ci va contraindre les États-Unis à un choix existentiel.
Le magazine monarchique néolibéral mondialiste The Economist, dont les banquiers khazariens [1] Rothschild détiennent 26,7 % des parts, a commencé à publier un rapport spécial en sept parties sur le système financier mondial en danger de fragmentation [2].
Dans son deuxième chapitre, The Economist - qui se définit sans rire comme indépendant (sic) - aborde le nouvel ordre économique, à l'unisson de l'effritement de l'ordre libéral (sic) international dont « l'effondrement (megasic !) pourrait être soudain et irréversible » [3].
Au-delà des épiphénomènes qu'il relate - de la résilience de l'économie mondiale à la montée en puissance des États-Unis malgré l'escalade de la guerre commerciale avec la Chine, en passant par l'absence de choc pétrolier en pleine guerre du Moyen-Orient - « un examen plus approfondi révèle une fragilité certaine ». Selon lui, « l'ordre (mégasic !) qui régit l'économie mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale a été érodé (mégasic !) » et se trouve aujourd'hui « proche de l'effondrement ». Cet axiome a été énoncé depuis longtemps par les critiques de la mondialisation dérégulée, nihiliste et misanthrope, mais pour le magazine porte-parole du mondialisme, aujourd'hui en chute libre, le fait de l'énoncer équivaut à une capitulation.
« Des éléments déclencheurs inquiétants se profilent, qui entraînent une descente dans l'anarchie » (mégasic !), situation où « les superpuissances recourent à la guerre ». The Economist oublie que la mondialisation s'est imposée, et a perduré, grâce aux multiples guerres du « complexe militaro-financier » (Dennis Small dixit) de l'anglosphère.
Il se cite lui-même dans son article : « The world economic order cracks as critics go to long for the departure of globalization » (L'ordre économique mondial s'effrite tandis que les critiques parlent de fin de la mondialisation) [4]. Aujourd'hui, la désintégration de l'ancien ordre est visible partout et, bien que le dollar reste dominant et que les économies émergentes soient plus résistantes, les flux de capitaux mondiaux ont commencé à se fragmenter, ce que j'ai exposé dans mon livre Hacia la desglobalización (Vers la déglobalisation) [5], il y a 17 ans, et plus récemment dans Nuevo orden geofinanciero multipolar : desdolarización y divisa BRICS (Nouvel ordre géofinancier multipolaire : dédollarisation et monnaie des BRICS) [6].
Le journal mondialiste est inhabituellement bienveillant à l'égard de la gestion géofinancière/géoéconomique des États-Unis, « alors que le système établi après la Seconde Guerre mondiale avait réussi à marier les principes internationalistes (sic) et les intérêts stratégiques des États-Unis ». Il conclut que, « soutenue par une forte croissance aux États-Unis, l'économie mondiale semble pouvoir survivre à tout ce qui se présente à elle, mais ce n'est pas le cas » (mégasic !).
La propagande anglo-saxonne n'abandonne pas et, à Londres même, Ambrose Evans-Pritchard, porte-parole de la monarchie britannique en déclin, hallucine dans trois articles du Telegraph, en affirmant que :
1. l'énigmatique Khazarian Milei transformera l'Argentine en Texas de l'Amérique latine grâce aux réserves florissantes de gaz de schiste de Vaca Muerta [7].
2. le lithium argentin propulsera l'Argentine dans la stratosphère [8] ;
3. en défiant la Chine, le dysfonctionnel Milei jette les bases d'une révolution du marché libre [9].
Les hallucinations géofinancières des mondialistes sont aujourd'hui réfractaires à la réalité géopolitique. Peut-être en raison de sa spécialisation économiste, The Economist néglige trois dates nodales qui marquent la chute, pour ne pas dire l'effondrement, de l'ordre financier mondialiste désormais dépassé :
1. l'annonce de l'avenir depuis 2007 à la Conférence de sécurité de Munich par le président russe Poutine [10] ;
2. la faillite de Lehman Brothers, que l'anglosphère a tenté d'imputer à la Chine [11] ;
3. la défaite humiliante de l'Otan en Ukraine.
À mon avis, l'élection du 5 novembre décidera si Biden poursuit sa guerre stérile à base d'hémorragie démographique contre la Russie ou si Trump optera pour un isolement régional sélectif et une reconstruction holistique des États-Unis.
Traduction
Maria Poumier
[1] « El invento (sic) de la "Tierra de Israel"- la "Tierra de Canaan" espoliada-, según el historiador Shlomo Sand », Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 25 de febrero de 2024.
[2] « The global financial system is in danger of fragmenting. The American-led financial order is giving way to a more divided one », Special Report, The Economist, May 3, 2024.
[3] « The liberal international order is slowly coming apart. Its collapse could be sudden and irreversible », The Economist, May 9, 2024.
[4] « The world's economic order is breaking down. Critics will miss globalisation when it is gone », The Economist, May 9, 2024.
[5] Hacia la desglobalización, Alfredo Jalife-Rahme, Orfila Valentini (2020).
[6] Nuevo orden geofinanciero multipolar : desdolarización y divisa BRICS, Alfredo Jalife-Rahme, Orfila Valentini (2023).
[7] « Milei's Argentina is fast becoming the Texas of Latin America. The country's vast shale reserves are the president's most potent economic weapon », Ambrose Evans-Pritchard, The Telegraph, May 8, 2024.
[8] « Why a Cold War is breaking out over Milei's lithium 'gold rush'. Argentina's Lithium Triangle in the Andes threatens China's dominance of critical minerals », Ambrose Evans-Pritchard, The Telegraph, May 9, 2024.
[9] « Argentina's return to the West is a pivotal moment in world geopolitics. By defying China, Javier Milei is laying the grounds for a free market revolution », Ambrose Evans-Pritchard, The Telegraph, May 10, 2024.
[10] « Rusia : ¿árbitro geopolítico del orden pentapolar ? », Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 14 de febrero de 2007.
[11] « Banca de EU : "día del juicio final" y su "establo de Augias" », Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 17 de septiembre de 2008.