18/06/2024 francesoir.fr  5 min #250730

Openai, éditrice de Chatgpt, annonce l'arrivée de l'ancien directeur de la Nsa dans son conseil d'administration

France-Soir

Le général Paul Nakasone

La société OpenAi, éditrice de ChatGPT, outil d'intelligence artificielle générative, poursuit le renforcement de son exécutif, entamé depuis la fin 2023 et le licenciement de Sam Altman, avant son retour quelques temps plus tard. Après avoir recruté une ancienne dirigeante de la Fondation Gates ainsi qu'une avocate de la multinationale japonaise Sony, OpenAi a annoncé jeudi dernier l'arrivée bien controversée dans son conseil d'administration, du général Paul Nakasone, à la retraite depuis peu après avoir été le directeur de la National Security Agency (NSA). La décision suscite des critiques et des craintes, la figure du DG de la NSA étant intimement liée à l'espionnage de masse.

En novembre 2023, OpenAi, alors en mode hyper-croissance depuis une année avec le lancement de ChatGPT, connaît une crise. Son conseil d'administration dit n'avoir plus confiance en la capacité de diriger de Sam Altman, cofondateur de l'association avec Elon Musk. Microsoft, qui finance la société à hauteur de 13 milliards de dollars, annonce son  recrutement mais il reçoit surtout le soutien de la quasi-totalité des employés, dont des cadres, qui menacent de démissionner.

Un cadre du "Complexe industriel de censure" chez OpenAi

Sam Altman est de retour quelques jours plus tard. En mars dernier, il est réintégré au conseil d'administration, qui compte la firme cofondée par Bill Gates parmi ses membres. Le conseil d'administration dit avoir "pleinement confiance" en son leadership, suite aux conclusions d'une enquête sur la crise survenue quelques mois auparavant. OpenAi, qui poursuit son émergence avec le lancement de GPT4 et des partenariats avec Apple à travers le lancement de ChatGPT-Siri, recrute alors de nombreuses figures du secteur mondial de la tech afin de remplacer les dirigeants partis.

Sam Altman  embauche alors Sue Desmond-Hellmann, ancienne PDG de la Fondation Gates, Nicole Seligman, ancienne vice-présidente exécutive de Sony ou encore Kevin Weil, ancien président de Planet Labs et ancien vice-président senior chez Twitter, Facebook et Instagram. Le 13 juin dernier, OpenAi embauche Paul Nakasone.

Ce général à la retraite est un ancien dirigeant du renseignement américain et de la cybersécurité. Il a été commandant du Cyber Command puis directeur de la National Security Agency (NSA), avant de démissionner en début d'année. Il rejoint le conseil d'administration ainsi que le nouveau comité de sûreté et de sécurité, chargé de protéger la firme contre "de mauvais acteurs de plus en plus sophistiqués". "Les connaissances de M.Nakasone contribueront également aux efforts d'OpenAI pour mieux comprendre comment l'IA peut être utilisée pour renforcer la cybersécurité en détectant et en répondant rapidement aux menaces",  explique OpenAI.

Sa récente expérience a été principalement axée sur la "protection des élections américaines contre les ingérences étrangères", récupérant la tête de la NSA en 2018 après les accusations et les enquêtes liées à une ingérence russe dans la victoire de Donald Trump en 2016. Une "lutte contre l'ingérence étrangère" qui a aussi bien servi aux services de renseignement, CIA et FBI y compris, de prétexte pour mettre sur pied le "complexe industriel de censure", révélé par les Twitter Files suite au rachat du réseau social par le milliardaire Elon Musk.

ChatGPT, outil de surveillance de masse ?

Paul Nakasone a également fait l'objet de plusieurs controverses. En 2021, les républicains membres de la commission du renseignement de la Chambre des représentants lui ont retiré leur confiance, pour avoir empêché un ancien agent du Parti républicain de devenir le principal avocat de la NSA. L'ancien animateur de Fox News, Tucker Carlson, a également accusé la NSA de cibler ses communications afin de le "faire disparaitre des ondes" mais l'agence a formellement nié ces accusations.

La nomination de l 'ancien DG de la NSA a de toute manière soulevé des questions d'ordre éthique sur la surveillance de masse, la vie privée et l'utilisation de l'IA, dans un contexte international marqué par la course à la réglementation de cette technologie, dont la puissance ainsi que le développement fulgurant fait froid dans le dos.

Le célèbre lanceur d'alerte, Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, a vivement critiqué cette nomination. Il a exprimé des inquiétudes quant à la possibilité que cette décision soit une "trahison délibérée et calculée des droits de chaque personne sur Terre". Snowden craint que l'intégration de Nakasone puisse transformer des outils comme ChatGPT en instruments de surveillance de masse. "Ne faites jamais confiance à OpenAI ou à ses produits comme ChatGPT et autres", a-t-il  écrit.

L'inquiétude est de mise, d'autant plus qu'OpenAI, fondée en 2015 comme association à but non lucratif avant de se transformer en une entreprise à but lucratif plafonné, pourrait devenir une entreprise à part entière -pour récolter ce manque à gagner qui s'élève en milliards de dollars-, c'est-à-dire au même titre que les GAFAM dont la gestion des données fait l'objet de plusieurs procès.

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