Journal dde.crisis de Philippe Grasset
5 juillet 2024 (15H50) – Il se passe des évènements subreptices mais considérables : comme dirait le conteur des énigmes de foire et de bazar, "Les masques tombent". Je parle ici de nos "Maîtres du mode", ceux qui ne sont pas du tout comploteurs mais qui, dans la pénombre et dans le clair-obscur, tirent les ficelles des diverses marionnettes accréditées à figurer dans la légende démocratique. L'urgence des affaires qui mettent en péril les personnages mis par eux aux postes opérationnels, qui dévoilent ainsi leurs faiblesses et leurs fragilités, qui leur font commettre des impairs, qui les confrontent à des réalités dont ils ne se doutaient pas de l'existence, cette urgence est telle et si pressante qu'elle fait sortir de cette pénombre et de ce clair-obscur rembrandtien quelques-uns de ces "Maîtres du monde" furieux du comportement des marionnettes.
Ainsi s'aperçoit-on que tous les complots dénoncés par des farfelus subversifs ont finalement une certaine réalité structurelle, – sauf celle de porter l'étiquette "complot". Cela ne me gêne aucunement, ayant toujours considéré la politique, dans tous les cas dans sa tactique nécessaire, comme un agrégat de manœuvres machiavéliques réussies ou poussives qui implique, entre autres armes courantes, le moyen du complot qui est le nœud de toute action concertée à couvert. Mais comme cette hypothèse classique est devenue depuis quelques temps un des principes centraux du Mal dénoncé par la politique de la moraline, sa mise à découvert a de quoi gêner certains, et faire jubiler d'autres (sans rien leur apprendre) en toute discrétion, comme votre serviteur.
Effectivement, quand les comploteurs et les tireurs de ficelle montrent leurs visages d'habitudes lissés par un onguent dispensateur de vertu, on peut se dire, il faut se dire que les affaires ne vont pas terriblement bien.
Ainsi de notre-président, qui est devenu, à force de bêtise spontanées et d'élans incontrôlés, extrêmement suspect même pour ses meilleurs amis. Il est désormais largement soupçonné, sinon diagnostiqué psychopathe narcissique (le professeur Segatori avait vu juste), ou narcissique pathologique. Le plus intéressant dans cette démarche ("narcissique pathologique") est qu'elle est venue notamment d'un Alain Minc furieux, dans une interview du ‘Point' dont Pascal Praud fait grand cas dans son émission ‘L'heure des pros' du 3 juillet.
Alain Minc fait partie avec quelques autres (on cite Jacques Attali, pour le plaisir) du ‘Cercle de la Raison' qui est un groupement d'intermédiaires des grands patrons et autres grandes fortunes qui ont joué un rôle essentiel dans l'installation-surprise de Macron à l'Élysée, en 2017. Il y a Alain Minc : "On a retrouvé la fraîcheur du Macron d'il y a 6 ans et demi !" , Minc, après avoir suivi, de fort mauvaise humeur, de très nombreux déboires du poulain du groupe, disait toute sa satisfaction retrouvée devant ce qu'il jugeait être une performance du bon vieux temps :
« On a retrouvé la fraîcheur du Macron d'il y a 6 ans et demi ! »
Et puis, patatras, la dissolution. Chute et rechute dans les dédales du narcissisme pathologique ! Minc exprime sans aucune retenue des jugements terribles !
« Erreur historique » [...]« Macron est, parmi les dirigeants des dernières décennies, celui pour lequel la psychologie est la plus déterminante. Cette dissolution est le résultat d'une narcissisme poussé à un état presque pathologique, ce qui conduit au déni du réel...»
... Enfin, il lâche quelques mots où il dévoile en même temps, – c'est-à-dire qu'il confirme, – le rôle que lui et ses amis manipulateurs et courroies de transmission des ‘Maîtres du monde' ont joué dans la tragédie-bouffe (on dirait du Corneille avec un étrange zeste liquidateur de type-CIA) :
« La fureur que je ressens, vous l'entendez chez beaucoup d'autres : tous ceux qui lui ont mis le pied à l'étrier sont effondrés.» Quand tout le monde lui tournera le dos, il faudra bien s'occuper de lui… »
Puisque j'ai parlé de la France et des masques qui tombent dans le bordel cosmique de la dissolution, tout m'invite à passer aux États-Unis, notre pays-frère pour ce cas ("bordel cosmique") plus que jamais, où l'on sait qu'il règne une atmosphère similaire et une situation presque semblable, et où plane l'ombre du fascisme. Des manœuvres extraordinaires sont entreprises pour "convaincre" Joe Biden de démissionner et l'on change de pronostic à peu près toutes les deux heures (s'en ira ? S'en ira pas ?Moi-même y ayant succombé à plusieurs reprises). Le maître de ces manœuvres est le DNC, équivalent démocrate du RNC (Democrat/Republican National Committee), – DNC et RNC, c'est-à-dire les deux Politburos qui dirigent les deux demi-partis du Parti unique. On s'intéresse à ces deux entités qui règlent le destin de l'Amérique en permettant aux non-comploteurs dissimulés et masqués de faire leurs petites affaires.
Eric Zuesse, avec l'aide de Peter Hamby qui a publié un article que Zuesse nous recommande de lire, développe son point de vue sur la suite électorale des aventures bidenesques. Zuesse est un drôle de citoyen : incontestablement historien de gauche, mais très indépendant, ne craignant nullement de suivre pour ce qui lui convient les courants qui ne sont pas homologués à gauche, il est plutôt antiSystème qu'idéologue ; qui plus est, il publie sur ‘TheDuran', ce qui est un bon signe pour nous.
Aux USA, où la corruption est institutionnalisée sous la forme du lobbying et des donations, on sait beaucoup plus et beaucoup mieux qu'en France le rôle de l'argent, des ultra-milliardaires et de l'influence du secteur privé sur la politique. Mais Zuesse va beaucoup plus loin en nous expliquant le rôle des forces occultes dans les institutions structurant et dirigeant les deux demi-partis. A ma connaissance, c'est la première fois qu'est exposée avec autant de détails la machinerie de la structure politique qui dirige les USA.
Dans son article, Zuesse explique pourquoi Biden, selon lui, est dans une voie sans issue et il explore toutes les alternatives possibles après son élimination, qui sont surtout fonction de l'argent de donation dont disposent les divers candidats envisagés. (Pour le reste, ils se ressemblent tous, même politique intérieure, doctrine neocon pour l'extérieur, etc.) Il en arrive à favoriser deux noms : la gouverneure Gretchen Whitmer et l'actuel ministre des transports Pete Buttigieg.
Zuesse explique ensuite la façon dont Biden pourrait être remplacé par l'un ou l'autre, son jugement étant que Whitmer est la mieux placée. On dispose ainsi de tout le mécanisme de fonctionnement du DNC, mais surtout des diverses situations de secret qui entoure ce ‘Club' comme il le nomme, notamment l'anonymat des membres et leurs liens absolument intangibles avec les plus importantes fortunes donatrices du parti démocrate (même situation du côté républicain en principe, sans savoir les modifications qu'a apportées l'irruption de Trump).
« Comment se déroulerait ce remplacement de Biden ? Les milliardaires du Parti démocrate diraient à Biden qu'ils ne veulent pas de Harris, parce qu'elle n'a même pas pu participer aux primaires en 2020 à cause de son extrême impopularité. Ils veulent donc que Biden démissionne à la Convention et nomme le gouverneur Whitmer (ou bien le ministre Buttigieg) pour prendre sa place. Si Biden s'exécute, ils le remercieront avec gratitude en finançant généreusement sa famille et en finançant les honneurs nationaux qui lui seront dues en tant que grand président démocrate qui a eu la sagesse de choisir Whitmer (ou Buttigieg) pour se présenter contre Trump.» Quoi qu'il en soit, ce qu'il est le plus important de comprendre à propos de la dictature américaine, c'est comment elle fonctionne réellement : le DNC et le RNC ne font pas partie du gouvernement mais sont plutôt de simples clubs privés auto-désignés (les "non-dirigeants" exonérés d'impôts), dont chacun des membres (qui se désignent par cooptation) représente les méga-donateurs de leur Parti, – de leur Club, – soit en ayant eu une carrière politique financée par eux, et/ou en les servant comme lobbyistes pour leurs entreprises ; et ainsi, ils représentent les milliardaires, dans les deux cas : les milliardaires démocrates, ou bien les milliardaires républicains. Donc : l'idée selon laquelle ils représentent leurs électeurs et notamment les militants du parti est un mensonge, une propagande financée par les organisations de milliardaires et qui trompe le public en lui faisant croire que le DNC et le RNC sont des entités publiques plutôt que privées.
» Les noms et les antécédents des membres réels du Parti sont secrets, de sorte que même lorsqu'un média d'information dit quelque chose comme "Maintenant, la liste exacte des membres actuels du DNC ne semble pas être facilement disponible sur son site Web. Mais j'ai jeté un coup d'œil à une liste de membres récente et j'y ai posté les noms ici". Ce lien est soit mort, soit réservé à des abonnés dont on ne peut faire partie, soit non fonctionnel ; donc c'est juste une façon de prétendre que ce n'est pas secret (qu'il est plutôt public et ouvert à l'examen du public). L'article de Wikipédia édité et écrit par la CIA (qui met sur liste noire [blocage des liens] les sites qui ne sont pas approuvés par elle) "Democratic Party (United States)" ne mentionne même pas qu'il s'agit d'un club privé, et encore moins ne fournit le moindre moyen d'accéder à sa liste de membres. Voilà donc comment fonctionne réellement la ‘démocratie' aux États-Unis. »