par Ferdi Türkten
De retour du Kazakhstan, le président souligne le besoin crucial de reconstruction et de stabilité de la Syrie.
Le président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdogan, a fait part vendredi d'une nouvelle initiative diplomatique de paix avec Damas, suggérant une invitation potentielle au président syrien Bachar al-Assad.
«Avec le président russe Vladimir Poutine, nous pourrions inviter Bachar al-Assad», a déclaré Erdogan aux journalistes sur son vol de retour d'Astana, la capitale du Kazakhstan, où il a participé à un sommet de deux jours de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
«Si M. Poutine peut se rendre en Türkiye, cela pourrait être le début d'un nouveau processus».
«Les années qui viennent de s'écouler en Syrie ont clairement montré à tous la nécessité d'établir une solution permanente», a déclaré le dirigeant turc, faisant référence à la violence et au chaos qui règnent dans ce pays voisin depuis la guerre civile de 2011.
Il a insisté sur le besoin critique de reconstruction et de stabilité de la Syrie, soulignant l'impact des dommages généralisés causés aux infrastructures et des bouleversements sociétaux.
Erdogan a déclaré que la récente tranquillité régionale sur la question pourrait ouvrir la porte à la paix avec des politiques et des approches exemptes de préjugés. «Le problème est que l'instabilité dans la région offre un espace aux organisations terroristes, en particulier au PKK/PYD/YPG».
L'éradication de ces organisations terroristes est vitale pour l'avenir de la Syrie, a déclaré Erdogan, qui a plaidé en faveur de l'établissement de fondements démocratiques et d'initiatives de paix inclusives fondées sur le respect de l'intégrité territoriale du pays.
«Nous avons toujours tendu et continuerons à tendre la main de l'amitié à notre voisin, la Syrie. Nous sommes prêts à soutenir une Syrie prospère et unifiée, sur la base d'un nouveau contrat social équitable, honorable et inclusif. Tout ce que nous demandons, c'est que la Syrie entame cette grande étreinte et se rétablisse dans tous les domaines», a déclaré le président turc.
Il a ajouté que ce ne sont pas les pays, mais les groupes terroristes tels que le PKK et ses ramifications qui s'inquiètent des liens renouvelés entre Ankara et Damas.
Le «désir de paix» de Poutine
Le président turc a également commenté le conflit ukrainien qui dure depuis plus de deux ans, s'inquiétant du fait que certains pays et entités occidentaux aggravent le risque de troisième guerre mondiale au profit des marchands d'armes.
Il a déclaré que Vladimir Poutine avait récemment manifesté un désir de paix, faisant référence aux remarques du dirigeant russe selon lesquelles les accords d'Istanbul de 2022 restaient «sur la table» et pouvaient servir de base à des négociations de paix avec l'Ukraine.
Erdogan a déclaré que l'instauration de la paix nécessitait d'importants efforts de médiation, que la Türkiye s'est engagée à déployer. «Nous avons demandé : «Quand parviendrons-nous à la paix ?». La réponse a été qu'il n'y a pas de calendrier précis, et que la clé réside dans les médiateurs comme nous, qui ont un impact significatif».
Il espère une résolution rapide du conflit et indique que le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, et le ministre de la Défense, Yasar Guler, surveillent activement la situation.
«Cette guerre ne profite ni à la Russie ni à l'Ukraine. Les seuls gagnants de cette guerre sont les marchands de sang et de mort», a-t-il déclaré.
Erdogan a également réitéré l'engagement de la Türkiye en faveur d'un système mondial plus équitable, plaidant pour l'adhésion au droit international et pour des efforts globaux de lutte contre le terrorisme.
Les attentes de la Türkiye à l'égard du nouveau secrétaire général de l'OTAN
Erdogan a également évoqué les attentes du pays vis-à-vis du nouveau secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte. Il a exprimé l'espoir que Rutte soutiendrait les intérêts de la Türkiye et a mentionné son intention de visiter le pays avant de prendre ses fonctions en octobre.
Il a souligné la lutte permanente de la Türkiye contre le terrorisme et sa déception à l'égard des alliés qui, a-t-il déploré, contrairement à l'unité de l'OTAN, n'ont pas soutenu la Türkiye de manière adéquate et ont même encouragé les organisations terroristes.
Il exhorte l'Occident à faire pression sur Israël
Concernant les attaques incessantes d'Israël à Gaza, qui ont tué plus de 38 000 Palestiniens depuis le 7 octobre 2023, Erdogan a souligné la nécessité d'une pression collective des pays occidentaux sur Tel-Aviv pour parvenir à un cessez-le-feu définitif. Il a exprimé l'espoir que l'intervention du président américain Joe Biden et les efforts du Qatar conduisent à une trêve durable.
Erdogan a déclaré que le Hamas avait accepté un projet de cessez-le-feu avec des amendements, et que le chef de l'agence d'espionnage israélienne Mossad se rendait à Doha, tandis que Biden envisageait d'appeler le Premier ministre Benjamin Netanyahou pour aller de l'avant.
Il a ajouté que le renforcement militaire d'Israël dans l'administration chypriote grecque n'avait pas atteint ses objectifs et a souligné l'importance d'éviter toute action susceptible d'aggraver le conflit.
Controverse sur le signe du loup gris
Erdogan a également abordé la controverse suscitée par la célébration du footballeur turc Merih Demiral lors du match de l'Euro 2024 contre l'Autriche, remporté 2-1 par la Türkiye, lorsqu'il a formé avec ses doigts la forme d'une tête de loup, connue sous le nom de «signe du loup gris» dans la culture turque. Il a déclaré que personne ne critiquait les autres nations pour leurs symboles nationaux tels que l'aigle sur les uniformes allemands ou le coq sur les maillots français.
Erdogan a exprimé l'espoir d'une victoire lors du match de samedi contre les Pays-Bas en quarts de finale pour accéder au tour suivant, et a déclaré qu'il prévoyait d'assister au match à Berlin.
source : Agence Anadolu