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Rencontre entre Erdogan et Assad à Damas en 2010 (image d'illustration).
«Il y a deux semaines, j'ai invité le président al-Assad à tenir une réunion soit en Turquie, soit dans un pays tiers, car nous voulons lancer un nouveau processus et surmonter les tensions dans nos relations», a lancé le président turc Recep Tayyip Erdogan à l'issue du sommet de l'OTAN qui s'est achevé le 11 juillet à Washington.
Ankara entend se rapprocher de Damas pour collaborer, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Selon le vocable turc, il s'agit ici de combattre l'«irrédentisme» kurde à la frontière syro-turque. En effet, les forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement composées de kurdes, disposent d'une relative autonomie à l'est de l'Euphrate, tout en conservant le soutien des troupes américaines présentes illégalement sur le territoire syrien.
«Nous constatons qu'il est nécessaire de renforcer la coopération entre alliés dans la lutte contre le terrorisme», a par ailleurs insisté Recep Tayyip Erdogan. Selon le média libanais Al-Mayadeen, la position syrienne demeure inchangée : «La condition fondamentale à tout dialogue syro-turc est la déclaration par Ankara de sa volonté de se retirer du pays».
Normalisation : Quand Erdogan rappelle ses vacances avec les Assad
Pour sa part, le chef d'État turc a montré à plusieurs reprises une certaine ouverture en direction de son homologue syrien avec lequel il n'a plus de relations officielles depuis le début de la guerre civile en 2011.
«Nous ne voyons aucun obstacle au rétablissement des relations avec la Syrie», avait notamment déclaré le président Erdogan le 28 juin dernier, jurant par ailleurs que la Turquie n'avait «jamais eu l'objectif de s'immiscer dans les affaires internes de la Syrie», selon des propos rapportés par le quotidien Hürriyet. Le site T24 a cité le président turc rappelant que les deux familles Erdogan et Assad avaient passé ensemble plusieurs vacances sur la Riviera turque.
Le 7 juillet, le chef d'État turc a également déclaré qu'il pouvait inviter son homologue syrien «à tout moment».
Ces récentes déclarations de Recep Tayyip Erdogan interviennent dans un contexte de fortes tensions interethniques entre Syriens et Turcs. Depuis plusieurs semaines, des actes de vandalisme ont été constatés dans plusieurs villes de Turquie contre des commerces tenus par des réfugiés syriens. Cette hostilité à l'égard des Syriens en Turquie a eu des répercussions en Syrie sur la présence turque : des affrontements armés ont eu lieu, faisant plusieurs morts.
Un contexte de tensions entre Syriens et Turcs
Avec la crise syrienne débutée en 2011, une vague de réfugiés a pris la direction de la Turquie. Ce pays a accueilli plus de 3,5 millions de Syriens sur son sol. Au gré de la conjoncture économique, les nouveaux arrivants sont parfois la cible de comportements xénophobes de la part de certains Turcs.
De son côté, Ankara a lancé entre 2016 et 2020 plusieurs opérations militaires sur le territoire syrien, à l'instar de l'opération Bouclier de l'Euphrate en août 2016 afin d'empêcher l'irrédentisme kurde à la frontière. Cette intervention a été suivie de l'opération Rameau de l'olivier en 2018, puis de Source de paix en 2019 et Bouclier du printemps en mars 2020. L'armée turque est donc présente dans le nord de la Syrie pour contrer l'influence kurde dans la zone.
Les relations avec le pouvoir de Bachar al-Assad restent houleuses malgré les premiers contacts officiels entre les ministres turc et syrien de la Défense à Moscou le 28 décembre 2022. Les deux pays n'ont, à ce jour, toujours pas normalisé leurs relations diplomatiques.