Le sport peut unir, à condition de ne pas discriminer les athlètes.
Les Jeux olympiques débuteront à Paris le 26 juillet. À cette occasion, le pape François a déjà appelé à une trêve à deux reprises. Lors de son homélie dominicale du 21 juillet, il a déclaré: « Le sport a une grande force sociale, il est capable d'unir de manière pacifique les gens de cultures différentes. Que cela devienne une démonstration de paix, où tous sont acceptés et à laquelle il faut aspirer. »
En avril déjà, le président français Emmanuel Macron évoquait la trêve olympique. Il avait précisé que cela concernait notamment le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Macron avait prévu de demander au président russe Vladimir Poutine de suspendre les hostilités pendant les Jeux. Au printemps, il avait aussi sollicité l'aide du dirigeant chinois Xi Jinping pour garantir cette trêve, qui avait soutenu l'idée. Cependant, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky avaient accueilli cette proposition avec scepticisme.
En visitant le village olympique lundi, cinq jours avant le début des Jeux, Macron a déclaré que ce serait une « fête sportive » doublée d'une « trêve olympique et politique ». « C'est les Jeux qui seront au cœur de la vie du pays, et le monde sera en France grâce à eux », a-t-il affirmé aux journalistes.
Les appels à la trêve sont actuellement examinés par le Comité international olympique (CIO). Le porte-parole officiel de l'organisation, Mark Adams, a souligné que 20 à 30 conflits armés étaient en cours dans le monde. Bien que le CIO espère que les gens répondront aux appels à la paix, il reconnaît ne pas être « assez naïf pour croire qu'une trêve olympique obligera tout le monde à déposer les armes ». En d'autres termes, appeler formellement à la paix est possible, mais cela ne fonctionnera pas tant que les politiciens n'auront pas fait leur part du travail.
L'idée de déposer les armes pendant les Jeux olympiques est ancienne et belle. Cependant, dans le monde moderne, une telle trêve ne peut être qu'un geste symbolique, auquel les parties en conflit doivent être prêtes. Ces parties sont nombreuses, avec des intérêts variés, et il est rare qu'elles voient leur conflit dans un contexte global, ce qui rend difficile de les rassembler toutes en un même point symbolique.
Si les Jeux pouvaient arrêter ne serait-ce qu'un seul conflit, ce serait un grand exploit. Mais cela reste difficile. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine en est un bon exemple. Les parties parlent de plus en plus souvent de la nécessité de négociations, mais à leurs conditions. Moscou et Kiev craignent les trêves, pensant que l'adversaire en profiterait pour se regrouper et se réarmer. Un format de négociations acceptable pour tous n'a pas encore été trouvé. Chaque mois semble apporter plus de points de non-retour dans le conflit. Si un travail pour arrêter ou au moins suspendre le conflit avait été fait, les Jeux olympiques auraient été une bonne occasion de marquer un tournant. Mais rien n'a été fait qui puisse être symboliquement et globalement reconnu.
Le sport unit les gens, dit le pape François. Cela ressemble à un cliché, mais le sport possède vraiment cette force. Pour cela, cependant, il faut que les gens des pays impliqués dans le conflit puissent au moins venir aux Jeux olympiques.
Cependant, seuls 15 athlètes russes se rendront à Paris. Certains (y compris des candidats aux médailles) n'ont pas été invités, d'autres se sont vu imposer des conditions de sélection impossibles, certains ont jugé incorrect de partir si d'autres ne le faisaient pas, d'autres encore n'ont pas voulu concourir sans drapeau ni hymne, estimant leur situation humiliante. Certains ont subi la pression de leurs fédérations, des responsables sportifs. Le CIO, bien sûr, haussera les épaules et s'en lavera les mains. Mais c'est bien le CIO qui a créé des conditions perçues non comme un appel à la paix et à l'union, mais comme un moyen de punition.
Les journalistes russes ne seront pas non plus accrédités pour les Jeux olympiques. Le CIO a déclaré que le comité n'y était pour rien et que pour des explications il fallait s'adresser au ministère français de l'Intérieur. Un autre canal de communication, et pas des moindres, est donc bloqué. Dans de telles conditions, les appels à la trêve semblent en effet formels, un attribut cérémoniel auquel personne ne prêtera attention.
Alexandre Lemoine
La source originale de cet article est Observateur continental
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