26/07/2024 dedefensa.org  4min #253486

 Kamala Harris et la politique « Marvel Style »

C'est Catwoman qu'il leur faut

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset

26 juillet 2024 (15H30) - Finalement, je trouve Alexandre Douguine non seulement excellent philosophe, l'un des rares et des seuls qui vaille dans notre époque aride et morne comme un sermon de Lucifer, mais également un philosophe qui ne dédaigne pas de se moquer dans le cours tortueux des actualités du jour et d'expédier les imbéciles à l'aide de quelque imagerie de leur niveau. Je dis cela pour introduire son petit texte après tout bien savoureux sur Kamala Harris, interprétée en 'Marvel Style', comme font aujourd'hui toutes les pin ups de Hollywood à l'imposante poitrine, - voyez Scarlett Johansson, qui fait partie du contingent hollywoodien qui se trouve plongé dans un travail de réfection et de Renaissance de la civilisation.

Bref, Douguine n'a rien trouvé de mieux, - et Dieu sait si je le comprends, - pour interpréter l'extraordinaire bordel de l'asile washingtonien que de nous renvoyer à la BD purement américaniste du 'Marvel Style', - Captain America, Super(wo)man, The-Avengers... Kamala, celle qui rit toujours entre ses dents, l'a inspiré à cet égard et il en a fait une Catwoman de la politique, virevoltant, voletant et ferraillant d'un méchant l'autre... Cette femme est une tragique, cela ne fait aucun doute.

Douguine nous offre ainsi une prospective qui nous rappelle un aspect de l''Empire' que nous avons trop tendance à oublier lorsque nous énumérons les infamies et les vilenies qu'il ne cesse de commettre : sa culture extraordinairement basse, vulgaire, clinquante comme des verroteries d'explorateurs songeant à amadouer les natifs, envahissante comme les hideuses plantes grimpantes des vieilles usines abandonnées dans la rouille et dans les ruines d'une civilisation enfouie, d'une puissance telle que cela, - cette culture -, ne peut être que le produit de la laideur et de la bêtise que suggère cette caractéristique, s'exprimant en un hubris d'un insondable nihilisme. Sous ce projecteur hollywoodien, l' 'Empire' apparaît n'être qu'un toc, une pâle imitation pour touristes ignares, parfaite image de la modernité en attente patiente et tout à fait obéissante de la catastrophe dont on vous dit que c'est l'Apocalypse. (Notez bien, sur la fin du texte de Douguine, la référence à la 'Civil War'.)

Note de PhG-Bis : « Certes, il a raison, Douguine, de moquer l' 'Empire', c'est la meilleure façon de le traiter, le ramener à son ridicule devant la métahistoire, à son simulacre de contrebande, - quel magnifique philosophe déconstructeur, ce Russe ! C'est pour cette raison d'apporter de l'eau au moulin commun que je signale qu'à côté de la référence 'Marvel Style', on peut citer la référence 'URSS-1984'. Mon duo favori Christoforou-Mercouris,  dans leur entretien d'hier avec Robert Barnes, fait cette comparaison en début de conversation pour la façon dont Biden a été éjecté et l'étrange discours, - littéralement sans précédent, - qu'il a tenu à nous faire pour n'expliquer en aucune façon son départ, et qu'on ne s'y trompe pas sur rien du tout. La toute-grande époque à cet égard, je l'ai bien connue, c'est la glorieuse série Brejnev-Andropov-Tchernenko juste avant Gorbatchev, où les débris arrivaient malades, toussant, figés comme du carton-pâte façon pauvre-vieux-Joe, avant de trépasser quelques mois plus tard. Cette image de l'URSS en décomposition est également une bonne méthode pour remonter son moral lorsque vous découvrez combien elle sied parfaitement à l''Empire'.. »

Enfin, quelque voie que vous choisissiez, c'est d'abord et essentiellement le fait qu'il faut savoir le larder de flèches indiquant et marquant son ridicule (vous savez, des flèches qui sont inscrites sur un panneau : "Suivez la flèche qui vous conduira à retrouver et à reconnaître le ridicule de l''Empire'"). Je songeai à cette image habile hier, en écoutant un micro-trottoir de citoyens américanistes tous triés sur le volet et priés de donner leur avis, chacun découvrant de formidables vertus et des exploits uniques au compte Kamala-Catwoman comme les enfants découvrent leurs joujoux apportés par le Père Noël.

C'était assez rassurant parce que nous, d'où nous sommes, la connaissant de loin en croyant la reconnaître comme une roue de secours de la bande, nous n'avions rien distingué d'un tel courage orné d'une si belle lucidité. Comme nous confia Joe Biden, entre les lignes de son discours d'adieu et comme s'il nous faisait une prévision, "Les dieux se rient des empires qui se scandalisent des effets des grotesques simulacres dont ils sont la cause".

Et puis enfin, assez ri ! Passons au texte du philosophe ( original et  traduction).

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