Axel Messaire, pour France-Soir
Comme un revers de médaille aux Jeux olympiques de Paris, la prostitution et les escroqueries en ligne explosent, exigeant des forces de l'ordre un niveau de vigilance tout particulier.
Malheureusement, c'est aussi triste que banal. Qui dit événement à grande échelle dit bien souvent augmentation de la criminalité. Comme le rapporte RMC Sport, « cela avait été le cas lors d'autres grands évènements sportifs comme la Coupe du monde de football 2006 en Allemagne ou celle de 2014 au Brésil », pendant lesquels la prostitution avait bondi.
La prostitution 2.0 à l'heure des JO
Si certains réseaux de proxénétisme se risquent encore aux trottoirs, ou aux bois, la majorité du commerce sexuel français se fait désormais en ligne. WhatsApp, Instagram, Facebook, Snapchat, Télégram, Tinder, et le dernièrement bien nommé, X. Aujourd'hui, il est difficile de trouver un réseau social qui ne serve pas de temps en temps à mettre en relation un entremetteur et une prostituée, ou une prostituée et son client.
En 2019 déjà, Ouest France soulignait « un fléau en pleine expansion », reprenant le rapport de la Fondation Scelles. L'organisation de lutte contre la prostitution expliquait alors que les entremetteurs trouvent leurs « produits » (les femmes) sur les réseaux, avant de les enrôler dans leur système et de les envoyer travailler dans des appartements Airbnb loués pour l'occasion. Tout est gérable en ligne depuis un ordinateur, pour atteindre un « niveau industriel et sans risque », selon les termes d'Yves Charpenel, magistrat et président de la fondation.
De fait, on parle de plus en plus de « prostitution logée » ; c'est-à-dire que l'on passe des trottoirs aux chambres d'hôtel, voire aux appartements. Couplé à la fulgurance des réseaux sociaux, cela donne une moyen de faire de l'argent « facile », comme l'explique à ActuParis le commissaire général Christophe Molmy, chef de la brigade de protection des mineurs (BPM) de Paris : « Les jeunes sont très opportunistes. Il y a un moyen de faire de l'argent immédiat. Ça peut aller d'une passe de temps en temps à plus de 30 passes par jour. Si vous avez trois ou quatre filles prêtes à faire 20 passes par jour, et que, en plus il y a une forte demande, ça peut être un moyen de faire beaucoup d'argent. »
Aujourd'hui, les Jeux olympiques de Paris 2024 n'arrangent rien. Si les rues de la capitale sont bloquées, ses réseaux en ligne ne le sont pas, et il y aurait plus de 60 000 annonces de prostitution en ligne par jour, selon RMC Sport. Les autorités se montrent vigilantes, d'autant que les victimes de ce proxénétisme 2.0 sont de plus en plus jeunes. Dès l'arrivée à l'aéroport, une campagne de sensibilisation accueille les touristes dans les toilettes, soulignant à la fois les dangers de la prostitution, mais aussi le coût à payer pour les éventuels clients : 1 500 €. Si la « consommation » est interdite en France, ce n'est pas le cas en Allemagne, en Belgique ou en Espagne. Il y a donc une grosse mission d'information.
Sur le terrain, dans les fans zones et les villages olympiques notamment, des associations comme l'ACPE sont présentes. « On va avoir des jeunes qui ne vont pas partir en vacances, qui ne vont pas pouvoir bouger beaucoup de leur quartier avec les routes et les transports encombrés. Ce public va peut-être avoir des velléités à profiter de cette manne financière que pourrait représenter le proxénétisme, ou on aura des jeunes en situation de fragilité plus facilement recrutables », imagine Hélène David, de l'ACPE, comme le rapporte ActuParis.
Les forces de l'ordre, quant à elles, signent des conventions à tour de bras pour tenter de démanteler les réseaux, que ce soit avec Airbnb ou les gîtes de France, pour les pousser aux signalements.
Entre les faux billets et les faux services de sécurité
Mais la prostitution ne constitue évidemment pas l'entièreté des dangers en ligne. A l'approche des Jeux, le gouvernement a repéré une drastique augmentation des escroqueries sur Internet, et certaines se démarquent du lot par leur quantité et leur ingéniosité.
Comme le rapporte CNEWS, le premier trafic organisé à l'occasion des JO 2024 est sans surprise celui des faux billets. Malgré le fait que la vente des billets officiels ait été extrêmement encadrée, certains réseaux ont réussi à arnaquer quelques dizaines de personnes, notamment avec les épreuves d'équitation. C'est finalement assez peu en comparaison des places totales.
Par ailleurs, et c'est là que l'on voit fleurir tout le potentiel novateur de l'arnaqueur, il y aussi ceux qui vendent des logements inexistants, des faux emplacements de food-trucks, ou encore des faux services de sécurité privée pour les entreprises.
Pour surveiller tout cela, en plus de l'organisation physique des Jeux, ce n'est pas étonnant que l'Hexagone ait fait appel à d'autres pays pour lui prêter main forte. Sur les 46 nations initialement sollicitées, 35 ont répondu présent pour venir suppléer les forces de police françaises. Les effectifs les plus importants sont venus d'Allemagne, du Qatar et de Pologne.