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Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan et le président de la République turque Recep Tayyip Erdogan au sommet du G20 à New Delhi, le 10 septembre 2023 (photo d'illustration).
La Turquie est devenue le premier membre de l'OTAN à déposer une demande d'adhésion aux BRICS. Ébruitée la veille par Bloomberg, un porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP) a confirmé l'information ce 3 septembre.
«Notre président a plusieurs fois déclaré que nous voulions devenir membre des BRICS. Sa demande sur cette question est claire. Le processus est en cours», a déclaré à la presse Ömer Çelik, le porte-parole du parti au pouvoir. «Cependant, il n'y a pas de réponse concrète. S'il y a un développement concret, comme une décision prise par les BRICS, nous le partagerons avec vous», a-t-il ajouté.
Selon Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier ayant requis l'anonymat, cette demande turque remonterait à plusieurs mois. «Le point de vue de l'administration du président Recep Tayyip Erdogan est que le centre de gravité géopolitique se déplace des économies développées», a rapporté l'agence américaine.
La Turquie «frustrée» par les Occidentaux
Cette demande s'inscrit dans la volonté d'Ankara «de cultiver des liens avec toutes les parties du monde multipolaire», ont confié à Bloomberg ces mêmes sources. Elles ont également assuré que la Turquie continuerait à remplir ses obligations en tant que membre de l'OTAN, bloc militaire piloté par les États-Unis, dont elle est membre depuis 1952.
Au-delà de la recherche d'une plus grande autonomie stratégique, cette demande turque serait également motivée par la «frustration» des autorités turques vis-à-vis de leurs actuels alliés occidentaux.
Contacté par Newsweek, un ancien diplomate turc a également fait part de « frustrations accumulées» auprès de l'Occident. «Ce n'est pas la stratégie d'Ankara pour remplacer l'Occident, mais c'est une stratégie pour renforcer les relations avec les puissances non occidentales à un moment où l'hégémonie américaine est en déclin», a déclaré au magazine américain Sinan Ülgen, directeur du Centre d'études économiques et de politique étrangère (EDAM), un think tank basé à Istanbul.
Les BRICS, groupe en pleine expansion
Sinan Ülgen a notamment rappelé l'impasse dans laquelle se trouvaient les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE entamées en 2005. Celui-ci s'interroge toutefois sur la marge de manœuvre d'Ankara, au «coût politique» d'une telle adhésion vouée à être perçue comme un éloignement d'Ankara vis-à-vis des chancelleries occidentales.
L'élargissement des BRICS pourrait être abordé lors du prochain sommet de ses chefs d'État, qui doit avoir lieu à Kazan du 22 au 24 octobre. La communauté économique est en effet présidée cette année par la Russie, l'un de ses membres fondateurs. L'année 2024 a déjà été marquée par un élargissement historique à plusieurs pays, dont les Émirats arabes unis et l'Iran.
Avant cet élargissement, les cinq pays du groupe affichaient un PIB de 58 900 milliards de dollars (33,5% du PIB mondial), tandis que ceux du G7 pesaient 5 000 milliards de moins.