Par Sonja van den Ende, le 3 novembre 2024
Ce que le président russe Vladimir Poutine a amorcé en 2007, annoncé dans son discours fondateur lors de la conférence de Munich sur la sécurité, est en train de se réaliser.
Aux côtés de nombreux autres participants du Sud, pleins d'espoir, qui rompent avec l'hégémonie de l'Occident et œuvrent à l'avènement d'un monde multipolaire équitable, j'ai eu l'honneur d'assister au sommet des BRICS à Kazan, en Russie.
La transition historique a été précipitée par le conflit ukrainien.
J'ai assisté à cet événement majeur, lors duquel les dirigeants du monde se sont rassemblés pour élaborer ce monde multipolaire, et j'ai ressenti un sentiment d'excitation et d'espoir.
La présence d'António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a été l'une des grandes réussites de cet événement. La journée du 24 octobre a marqué le 79e anniversaire de la création de la Charte des Nations unies, qui doit rester la pierre angulaire des relations internationales, comme il l'a souligné dans son discours lors du sommet des BRICS.
Dans ses entretiens avec M. Guterres, le président Poutine a souligné l'opposition de l'Occident au développement des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, en mettant en œuvre des mesures unilatérales illégales et des mesures de rétorsion, en mettant en œuvre des sanctions unilatérales illégales, en manipulant les marchés boursiers et monétaires, et en s'ingérant dans les affaires de ces pays sous couvert de "soutien à la démocratie", a observé le président russe.
L'Occident, en particulier certains pays de l'Union européenne ainsi que le comédien-président ukrainien Vladimir Zelensky, ont immédiatement condamné la visite du secrétaire général de l'ONU à Kazan.
Le voyage de M. Guterres a été critiqué pour son refus de participer au sommet bâclé de Zelensky sur la formule de la paix, alors qu'il a accepté l'invitation du Kremlin à Kazan pour assister à la conférence des BRICS.
Plusieurs pays européens ont vilipendé Guterres en le qualifiant de traître et se sont livrés à des déclarations et des caricatures révoltantes dénigrant le plus haut représentant de l'ONU.
Des politiciens lituaniens hystériques ont tenu des propos absurdes exigeant la démission de M. Guterres. Tel est le niveau de grossièreté où les politiciens et les médias occidentaux ont dégringolé avec leurs calomnies imbéciles.
Incapables de mener un débat intelligent, ils recourent à des attaques ad hominem et des calomnies vicieuses, et en fait et lieu de critique constructive, ceux qui ont des opinions divergentes se voient impitoyablement effacés, bloqués et pénalisés. Ou, dans le cas de l'Ukraine, vous vous retrouvez sur une liste noire.
Les pays d'Europe occidentale et les États baltes semblent avoir oublié ce que représentent les Nations unies et pourquoi elles ont été créées en 1945 pour prévenir une nouvelle guerre et une nouvelle agression fasciste. Les principaux objectifs des Nations unies sont de maintenir la paix et la sécurité internationales, de promouvoir le bien-être des peuples du monde et de coopérer au niveau international à ces fins.
C'est exactement ce qu'a fait António Guterres : mener une action diplomatique et dialoguer, ce que l'Occident a oublié depuis longtemps.
Revenons aux sujets abordés lors du sommet des BRICS. De nombreux pays asiatiques étaient représentés, en particulier l'Asie occidentale, comme l'Iran, désormais membre des BRICS. Cela a eu une incidence majeure sur la guerre au Moyen-Orient. Que l'Iran soit un membre à part entière des BRICS est une épine dans le pied d'Israël et du monde occidental, qui soutient le génocide d'Israël à Gaza, où des enfants et des femmes innocents sont tués quotidiennement.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, était également présent à Kazan et a annoncé son intention de rejoindre les BRICS. Le forum des BRICS a exprimé son soutien à la création d'un État palestinien.
Autre événement important, les pays des BRICS ont unanimement condamné l'abus occidental des sanctions économiques unilatérales, une pratique qui touche les populations civiles sans discernement. Pensons aux Irakiens qui ont souffert pendant des années de ces sanctions néfastes, ainsi qu'aux Iraniens, aux Cubains et aux Nord-Coréens, entre autres nations soumises à la guerre économique de l'Occident.
La Russie est actuellement le pays le plus sanctionné par l'Occident dans le monde. Heureusement, l'économie prospère de la Russie lui permet d'être en passe d'atteindre l'autosuffisance. En outre, elle fait des affaires prodigieuses avec les deux autres superpuissances du monde, la Chine et l'Inde.
Néanmoins, le recours aux sanctions par l'Occident a été condamné comme étant criminel, selon une déclaration commune adoptée lors de ce 16e sommet des BRICS à Kazan.
L'ironie du sort veut que les sanctions ne soient pas seulement désastreuses pour les pays économiquement faibles, mais aussi, en fin de compte, pour l'Occident lui-même. L'Europe souffre de ses propres sanctions. L'Allemagne, ancien moteur de la croissance économique de l'UE, est au bord du désastre en raison des sanctions occidentales sur le commerce de l'énergie russe. L'Occident voulait isoler la Russie, mais a fini par s'isoler lui-même.
Le rôle des BRICS sur la scène internationale est désormais considérable. Environ 46 % de la population mondiale fait désormais partie des BRICS, alors que seuls 10 % font partie du G7 (les grandes économies occidentales).
Les déclarations du président Poutine sur l'Ukraine et la réticence de l'Occident et du régime de Kiev à rechercher la paix ou les négociations ont constitué un autre moment crucial. La Russie a tout fait pour intégrer les nouveaux membres des BRICS aussi rapidement et harmonieusement que possible. Les BRICS ne forment pas un cercle fermé, la structure est également ouverte à tous ceux qui partagent ses valeurs.
Tous les pays des BRICS sont déterminés à faire en sorte que le conflit en Ukraine prenne fin aussi rapidement et pacifiquement que possible, a souligné M. Poutine. Ce ne sont pas les actions de la Russie qui ont conduit à l'escalade en Ukraine, mais plutôt le coup d'État de 2014 instigué par l'Occident. Les dirigeants du régime de Kiev refusent toute négociation car ils devraient lever l'état de blocus et organiser des élections. La Russie est prête à envisager toutes les options pour une solution pacifique en Ukraine en fonction des réalités de terrain. Inutile d'évoquer les chances d'une issue pacifique : l'Ukraine a refusé à maintes reprises les pourparlers de paix.
Les élites américaines et européennes ne veulent pas l'admettre, mais l'ordre hégémonique occidental est en train de s'effondrer. Un autre monde, le "monde des BRICS", est en train de se développer. La Russie, la Chine, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique latine et le Moyen-Orient se relèveront de la disparition certaine d'Israël. L'élection présidentielle américaine montre que la nation est en crise aiguë, où les médias mêlent étroitement réalité et fiction. Ce grotesque spectacle gagne toujours plus en vulgarité et en vanité.
La triste réalité de l'Occident est une économie en déclin, avec une pauvreté et un nombre de sans-abri records, une toxicomanie galopante, des infrastructures en ruine et un nombre considérable de demandeurs d'asile, dont beaucoup sont analphabètes. Telle est la réalité croissante en Europe et en Amérique du Nord.
Pour soutenir l'hégémonie occidentale, ses dirigeants, par nécessité, se fabriquent des ennemis comme la Russie, la Chine et d'autres membres des BRICS. Et ce, parce que les élites occidentales sont au pied du mur et aux abois. Les tambours de guerre se font toujours plus bruyants pour le dangereux pari de renflouer leur empire en perdition.