13/11/2024 ssofidelis.substack.com  8min #260756

 Israel continue ses massacres et destructions au Liban mais essuie des échecs

À court d'effectifs, Israël recrute des mercenaires

Par  Mohamed Nader Al-Omari, le 12 novembre 2024

Une résistance arabe tenace et sans précédent a épuisé les troupes et les réservistes israéliens, et contraint Tel-Aviv à rechercher des méthodes non conventionnelles - y compris le recrutement de mercenaires étrangers - pour soutenir une armée israélienne à bout de souffle et ses objectifs de guerre.

Confrontés à une pression intérieure croissante les incitant à révéler l'ampleur réelle de leurs pertes militaires à Gaza et au Liban, les responsables israéliens ont publié des chiffres qui s'avèrent vraisemblablement dérisoires. Depuis le début de l'opération Al-Aqsa Flood le 7 octobre 2023, le ministère de la Défense de l'État d'occupation déclare qu'environ  12 000 soldats et officiers auraient été blessés.

Cela inclut 910 blessés au cours de ce qu'Israël appelle son "invasion terrestre limitée" lancée par Tel Aviv à la frontière libanaise, en plus de la mort de plus de 760 officiers et soldats et de 140 autres entièrement handicapés. Ces aveux, bien que sélectifs, ont suscité un scepticisme croissant au sein de la société israélienne, qui connaît sa plus grande  division politique depuis la création de l'État en 1948.

La lutte pour le pouvoir

Après le  limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant, les questions se multiplient : comment Israël compte-t-il maintenir sa force de frappe face aux attaques quotidiennes et meurtrières de la résistance libanaise ?

Les groupes religieux, en particulier les Haredim, qui s'opposent au service militaire obligatoire, ont aggravé les difficultés de l'armée, tout comme le limogeage de Gallant, le taux d'abandon des soldats qui dépasse les 17 %, la vague de  migration d'un million de personnes en un an, la plus forte depuis 1948, et la réticence croissante des réservistes traumatisés par les bombardements à retourner sur les champs de bataille sanglants de la bande de Gaza et de la frontière libanaise.

Le front nord, particulièrement difficile, est devenu synonyme d'angoisse permanente pour les soldats israéliens qui affrontent le Hezbollah, alors que l 'histoire se répète au Sud-Liban.

L'"énorme pénurie" de combattants a contraint le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à explorer une série d'options non conventionnelles, en particulier après que la loi sur la conscription des Haredim, adoptée à la mi-juillet, s'est avérée insuffisante pour combler le manque d'effectifs.

Le recours aux mercenaires

Nombre de ces options consistent à faire appel à des  dizaines de milliers de mercenaires, à s'appuyer sur les services du renseignement occidental et à enrôler d'autres combattants non conventionnels, comme des milices juives.

Au cours des sept dernières décennies, les administrations israéliennes successives se sont montrées réticentes à encourager une migration ou une naturalisation massive des Juifs africains - les "Falasha" d'Éthiopie - vers un Israël marqué par le racisme, en invoquant leur "statut inférieur" à celui des Juifs ashkénazes et sépharades.

En conséquence, seuls quelque 80 000 Juifs éthiopiens, dont 20 000 sont nés dans l'État d'occupation, possèdent la citoyenneté israélienne. Mais aujourd'hui, le ministère de la Défense, en manque cruel d'effectifs, a commencé à amnistier les Falasha actuellement emprisonnés pour avoir tenté d'entrer illégalement en Israël ou pour avoir dépassé la durée de validité de leur visa.

Ces hommes, âgés de 18 à 40 ans, bénéficient d'une procédure accélérée d'obtention de la citoyenneté à condition qu'ils s'engagent. L'organisation sioniste "Al-Harith" a également été active en Éthiopie, recrutant et formant des Juifs éthiopiens en leur promettant la citoyenneté, des opportunités d'emploi et la résidence au sein d'Israël après la guerre. On estime qu'en octobre 2024, plus de 17 000 Falasha, dont seulement 1 400 femmes, auraient été recrutés.

La collaboration de l'Allemagne avec les demandeurs d'asile

Une autre initiative de l'administration Netanyahu concerne la coopération avec le renseignement allemand et les organisations sionistes en Allemagne pour  recruter des demandeurs d'asile en provenance d'Afghanistan, de Libye et de Syrie. Au cours des sept derniers mois, l'association Values Initiative et la German-Israeli Association (DIG) se sont efforcées d'enrôler ces réfugiés originaires de pays à majorité musulmane déchirés par la guerre en tant que mercenaires pour Israël.

Ils sont nombreux à avoir rejoint le combat en se voyant offrir des salaires mensuels allant de 4 000 à 5 000 euros, et une procédure accélérée d'obtention de la nationalité allemande. Des rapports indiquent qu'environ 4 000 immigrants ont été naturalisés rien qu'entre septembre et octobre.

Cette évolution met en lumière une profonde mutation de la position de Berlin, qui, après avoir servi de médiateur dans les accords d'échange de prisonniers entre Israël et les factions palestiniennes ou libanaises, apporte aujourd'hui un soutien actif et matériel aux objectifs militaires israéliens, sous couvert d'une obligation morale à l'égard de l'État d'occupation.

La politique allemande de soutien au génocide à Gaza et à la terreur au Liban a été exprimée par nulle autre que la ministre des Affaires étrangères de Berlin, Annalena Baerbock, lors de sa récente visite au Liban, puis lors de son discours au Parlement allemand, le Bundestag, à la fin du mois de septembre :

"L'Allemagne considère la sécurité d'Israël comme une extension de sa propre sécurité nationale. C'est pourquoi l'Allemagne s'engage à défendre le droit d'Israël à se défendre, et à lui fournir toute l'assistance possible à cet effet."

Le soutien affiché du gouvernement allemand va au-delà des déclarations politiques. Le ministère de la Défense a annoncé que les navires de guerre allemands en Méditerranée - opérant sous l'égide de la FINUL - ont abattu des drones non identifiés et fourni une aide logistique aux Marines israéliens dans des opérations telles que l' enlèvement d'un capitaine de marine libanais soupçonné d'être lié au Hezbollah.

L'alliance militaire et le rôle de l'Allemagne dans la collecte de renseignements pour lutter contre les tirs de roquettes du Hezbollah ont encore renforcé le  soutien de Berlin à Tel-Aviv, motivé par le désir de "faire amende honorable pour son passé nazi".

Après le début de l'opération Al-Aqsa Flood, l'Allemagne a imposé de nouvelles restrictions aux candidats à la citoyenneté originaires de pays arabes et musulmans, exigeant d'eux qu'ils  s'engagent à ne pas critiquer Israël ou à  ne pas montrer de sympathie pour les Palestiniens, en tant que critère décisif pour la naturalisation.

Au début du mois de novembre 2024, l'Allemagne a présenté une loi prévoyant la conscription obligatoire de ces candidats arabes et musulmans, invoquant l'intention de combler des insuffisances en matière d'effectifs. Cependant, cette conscription n'impliquerait pas de service en Allemagne - une stipulation qui a laissé beaucoup de ces réfugiés dans l'incertitude quant aux lieux où ils pourraient être amenés à se battre.

Les temps sont durs

Les services de renseignement israéliens, notamment le Shin Bet et le Mossad, ont également  repris contact avec les vestiges de la milice dissoute de  Armée du Sud-Liban (ALS) afin de recruter des alliés à l'intérieur du Liban. Ces recrues pourraient soit espionner les positions du Hezbollah, soit prendre les armes contre la Résistance si une escalade régionale, semblable à celle qui s'est produite pendant la guerre de 1982, se concrétisait à la suite de provocations.

Entre-temps, les renseignements israéliens ont collaboré avec des agences européennes et des sociétés de recrutement de mercenaires - dont Blackwater, dirigée par le sioniste Eric Prince - pour enrôler des mercenaires européens dans l'armée d'occupation.

Bien que cette pratique remonte à 2023, les tentatives de recrutement se sont multipliées ces derniers temps. Comme l'a rapporté le journal espagnol  El Mundo à la fin du mois de novembre 2023, un mercenaire espagnol de 28 ans, Vidio Diaz Flores, a admis avoir été recruté par Blackwater pour environ  4 000 euros par semaine afin de combattre les Palestiniens. Israël a cherché à dissimuler ce type d'initiatives de recrutement, surtout après que cinq "travailleurs étrangers" ont été tués lorsqu'une roquette de la Résistance a touché la colonie de Metula.

Ces facteurs combinés témoignent des difficultés croissantes d'Israël à résoudre sa crise de recrutement militaire, alors que les autorités dissimulent le recours à des mercenaires étrangers, probablement pour protéger l'image de leur "invincible armée".

Les mercenaires recrutés par Tel-Aviv rappellent la stratégie américaine en Irak après 2003, non seulement pour pallier une pénurie d'effectifs, mais aussi pour échapper à la responsabilité pénale, puisque nombre de ces mercenaires n'ont pas la nationalité israélienne.

Ainsi, la réputation autrefois inoxydable de l'armée d'occupation se détériore sans cesse, et rien ne garantit qu'elle parviendra à résister à des pressions internes et internationales de plus en plus vives.

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