ByAl Mayadeen English, le 15 novembre 2024
Au fil des ans, des députés de gauche et des organisations de défense des droits de l'homme, comme la Ligue des droits de l'homme (LDH) et même le chef des renseignements français, ont appelé à sa libération.
Un tribunal français a ordonné vendredi la libération de Georges Abdallah, le révolutionnaire libanais emprisonné en France, en détention depuis 40 ans.
Le tribunal a décidé que M. Abdallah, arrêté pour la première fois en 1984 et condamné en 1987, serait libéré le 6 décembre, à condition qu'il quitte la France.
Le parquet antiterroriste français a annoncé qu'il ferait appel de cette décision.
"Dans une décision datée de ce jour, le tribunal a accordé à Georges Ibrahim Abdallah une libération conditionnelle à compter du 6 décembre, sous réserve qu'il quitte le territoire français et qu'il n'y réapparaisse pas", ont déclaré les procureurs.
Le plus ancien prisonnier d'Europe
Abdallah, ancien membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), a déjà purgé 40 ans de prison, ce qui fait de lui le plus ancien prisonnier d'Europe.
Il a fondé le groupe des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), d'obédience marxiste-léniniste, qui a revendiqué quatre attentats en France dans les années 1980.
Le révolutionnaire libanais a été accusé d'avoir participé à l'assassinat de l'attaché militaire américain Charles Robert Ray et du diplomate israélien Yacov Barsimantov en 1982, et a été condamné sur la base de ces accusations.
Abdallah n'a jamais donné suite à la liste d'accusations et a estimé que la justice française sortait "de manière ignoble" l'action de la Résistance de son contexte.
Lors de son procès pour l'assassinat présumé des diplomates, Abdallah a été condamné à la perpétuité, une peine nettement plus sévère que les dix ans requis par les procureurs. Son avocat, Jacques Verges, a qualifié cette condamnation de "déclaration de guerre".
Aujourd'hui âgé de 73 ans, M. Abdallah affirme qu'il est un "combattant" qui défend les droits des Palestiniens, et non un "criminel". Il s'agit de sa onzième tentative de libération conditionnelle.
Il est devenu éligible à la libération conditionnelle en 1999, mais toutes les demandes précédentes ont été rejetées, sauf en 2013, lorsque sa libération a été conditionnée à son expulsion de France.
Cependant, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Manuel Valls, a refusé d'appliquer cette décision, maintenant Abdallah en prison.
Ingérence des États-Unis dans l'affaire Abdallah
Les États-Unis se sont toujours opposés à la libération d'Abdallah, alors que les autorités libanaises ont à plusieurs reprises appelé à sa libération.
Un document de Wikileaks sur les courriels divulgués de l'ancienne secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a révélé qu'entre le 10 et le 14 janvier 2023, elle a envoyé un courriel à l'ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, disant que
"bien que le gouvernement français n'ait aucune autorité légale pour annuler la décision de la Cour d'appel du 10 janvier, nous espérons que les responsables français pourront trouver un autre motif pour contester la légalité de la décision".
Contrairement aux décisions précédentes, la dernière décision de la Cour ne nécessite pas l'autorisation du gouvernement, a déclaré à l'AFP l'avocat d'Abdallah, Jean-Louis Chalanset, qui a qualifié le résultat de "victoire juridique et politique".
Depuis des années, des députés de gauche et des organisations de défense des droits de l'homme, comme la Ligue des droits de l'homme (LDH) et même le chef des renseignements français, réclament sa libération.
Le cas d'Abdallah a recueilli un soutien important de la part des cercles de gauche en France. Le mois dernier, Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel de littérature 2022, a dénoncé sa détention prolongée comme étant une "honte pour la France", dans un article publié par le journal L'Humanité.
Georges Abdallah : les détenus reflètent la résistance du peuple palestinien.
Le révolutionnaire libanais a envoyé un message à l'occasion de la Journée des prisonniers palestiniens le 20 avril, affirmant que la célébration de cette journée vise avant tout à "confirmer haut et fort nos devoirs envers les prisonniers", ainsi qu'à "inscrire leur libération dans la dynamique générale de nos luttes en cours".
À cette occasion, Abdallah a déclaré que cette journée a également pour but
"d'encourager les forces révolutionnaires vives et leurs avant-gardes résistantes à prendre toutes les mesures nécessaires pour exprimer concrètement notre détermination définitive à libérer nos camarades des griffes de leurs geôliers".
Il a souligné que des milliers de prisonniers emprisonnés depuis de nombreuses années, et certains depuis plusieurs décennies, "reflètent aujourd'hui, plus que jamais, la résistance du peuple palestinien sous ses diverses formes" contre l'occupation israélienne.
En outre, M. Abdallah a souligné que le gouvernement israélien actuel,
"plus que tout autre gouvernement précédent, ne peut qu'intensifier la répression et tenter d'étendre la destruction de tout ce qui est palestinien",
en particulier de quiconque se joint à la volonté collective de la Résistance.
Il a précisé que les héros de la lutte révolutionnaire, en particulier ceux qui ont incarné la volonté collective de la Résistance (en référence aux prisonniers), sont
"les cibles privilégiées des politiques d'extermination que les fascistes de tous bords s'empressent de mettre en œuvre, d'autant plus que le génocide [des jeunes] leur facilite la tâche".
Dans ce contexte, M. Abdallah a appelé les mouvements internationaux de solidarité avec les Palestiniens à tenir compte de cette réalité, ajoutant qu'il "s'agit d'un génocide qui se déroule au vu et au su de tous, et non dans les recoins cachés de camps de détention secrets", et dont sont témoins des centaines de millions de personnes dans le monde pour la première fois dans l'histoire de l'humanité.