France-Soir
Cessez-le-feu fragile entre le Hezbollah et Israël au sud du Liban, Hamas se dit "prêt" pour un "accord sérieux" à Gaza
Peut-on espérer une trêve à Gaza après le cessez-le-feu entré en vigueur au sud du Liban entre Israël et le Hezbollah ? Le Hamas se dit "prêt". Pour autant, les combats se poursuivent et l'armée israélienne mène toujours des bombardements dans l'enclave palestinienne, faisant des dizaines de morts chaque jour selon les bilans quotidiens des autorités sanitaires gazaouies. L'administration Biden dit faire pression sur les belligérants bien que Tel Aviv et son gouvernement ne témoignent aucune intention de réduire l'intensité des frappes sur Gaza. Beaucoup craignent que cet accord avec le Hezbollah permette à Tsahal de retirer ses troupes du sud du Liban, récupérer des forces et se concentrer sur le territoire palestinien.
Après plus de deux mois de guerre ouverte, le cabinet du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a donné son feu vert pour un cessez-le-feu avec le Hezbollah. Le plan a été présenté par les États-Unis ainsi que par la France, dont la relation avec Israël connaît de vives tensions, particulièrement après l'approbation de Paris du mandat d'arrêt international lancé contre le chef du gouvernement israélien. Cette rare victoire de la diplomatie, rapportent plusieurs médias, serait liée à "l'immunité" dont bénéficierait, selon le Quai d'Orsay, Netanyahou en sa qualité de PM d'un pays non-membre de la Cour pénale internationale. L'information n'a pas été officiellement confirmée.
Les bombardements se poursuivent à Gaza
Selon cet accord, l'armée israélienne dispose de 60 jours pour se retirer progressivement du sud du Liban. Le Hezbollah doit également se retirer de la frontière sud avec Israël et remonter au nord du fleuve Litani. L'accord prévoit en outre une prise de contrôle de la zone frontalière du côté du Liban par l'armée libanaise. Benjamin Netanyahu a déclaré que la durée du cessez-le-feu dépendrait "de ce qui se passera au Liban", se réservant une "totale liberté d'action militaire"si le Hezbollah "viole l'accord ou tente de se réarmer".
Hier, l'armée israélienne a d'ailleurs indiqué avoir "ouvert le feu" sur des "suspects" rompant, selon elle, "les conditions du cessez-le-feu", faisant deux blessés. Tsahal a reconnu avoir mené une frappe sur une installation du Hezbollah.
Très bien accueilli par de nombreux pays, qui espèrent un accord identique à Gaza, ce cessez-le-feu permettrait aussi à Israël, de l'avis de certains, de laisser souffler son armée, déployée sur deux fronts, et de se concentrer sur l'Iran, avec qui la guerre est devenue ouverte avec un échange de tirs de missiles et l'assassinat de l'ex-chef du Hamas, Ismaël Hanniyeh, à Téhéran.
La suspension des hostilités avec le Hezbollah permet aussi à Netanyahou de concentrer les opérations de Tsahal sur Gaza, où, malgré les appels à une trêve, les condamnations répétées ainsi que le mandat d'arrêt international visant le PM et son ex-ministre de la Défense, les bombardements se poursuivent.
Le weekend dernier, au moins 120 personnes sont mortes en 48 heures, selon des sources médicales. Mercredi, 15 personnes ont été tuées, dont certaines se trouvaient dans une école accueillant des personnes déplacées. Parmi les victimes se trouvaient deux fils d'un ancien porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, selon les médecins et Barhoum lui-même.
Par ailleurs, huit Palestiniens ont été tués et des dizaines d'autres blessés lors d'une frappe israélienne qui a touché l'école Al-Tabi'een, qui abritait des familles déplacées dans la ville de Gaza.
Dans la même City, une autre attaque a fait quatre morts. Au nord, où l'armée israélienne mène depuis début octobre une opération, dont le bilan est de plus de 1 400 décès selon la Défense civile, trois personnes ont été tuées lors d'une frappe aérienne israélienne à Beit Lahiya. Au total, au moins 33 personnes ont été tuées entre mardi et mercredi, selon un bilan du ministère de la Santé du Hamas, qui établit à 44 282 le nombre de personnes tuées.
Le Hamas "prêt" à conclure "un accord sérieux"
Dans son exposé lundi dernier devant les membres du Conseil de sécurité, Muhannad Hadi, Coordonnateur spécial adjoint pour le processus de paix au Moyen-Orient et Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour le territoire palestinien occupé, a décrit l'horreur qui "se poursuit sans fin en vue à Gaza, à l'approche de l'hiver". Il a notamment déploré une situation humanitaire catastrophique, dénonçant le pillage des aides, notamment celles qui sont acheminées par les convois de l'ONU.
Mercredi, la Russie a annoncé avoir expédié un 32e paquet d'aide, d'une contenance de 28 tonnes. Selon un communiqué du ministère russe des Situations d'urgence, un vol spécial a livré le lot à l'Égypte, comprenant de la nourriture, des produits de première nécessité et de l'équipement de réhabilitation technique. Jusque-là, Moscou a livré 827 tonnes d'aide humanitaire dans la région depuis le début du conflit en octobre 2023.
Le même jour, le Hamas, réagissant au cessez-le-feu au Liban, "une victoire et une réussite majeure pour la résistance", s'est dit "prêt" à conclure un accord "sérieux" de trêve avec Israël "pour échanger des prisonniers".
Le président américain Joe Biden a affirmé que son administration faisait pression dans ce sens. "Dans les jours à venir, les États-Unis feront de nouveau pression sur la Turquie, l'Égypte, le Qatar, Israël et d'autres pays pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération des otages et à la fin de la guerre sans le Hamas au pouvoir", a-t-il indiqué.