10/12/2024 chroniquepalestine.com  6min #263123

Nord de Gaza : les Israéliens détruisent les derniers hôpitaux en service, en tuant médecins et patients

Vue des extérieurs de l'hôpital Kamal Adwan après les attaques israéliennes sur Beit Lahia, Gaza, le 16 décembre 2023 - Photo : Mahmoud Sabbah, via Memo

Par  EuroMed Monitor

Israël met hors de service de façon systématique les hôpitaux du nord de la bande de Gaza, en les prenant directement pour cible, en les soumettant à un siège étouffant et en tuant, blessant et arrêtant les patients, les blessés et le personnel médical. Cela fait partie d'un  crime permanent de déplacement forcé contre tous les résidents palestiniens du nord de Gaza.

Tôt ce matin, les forces d'occupation israéliennes ont repris leurs attaques militaires contre les civils à  Beit Lahia, menant des raids meurtriers dans les maisons et les rues avant d'encercler l'hôpital Kamal Adwan, qui restait partiellement opérationnel, ainsi que deux autres hôpitaux dans le nord de la bande de Gaza.

Selon les équipes Euro-Med sur le terrain, les forces israéliennes ont utilisé des détenus palestiniens comme boucliers humains, les obligeant à avertir le personnel de l'hôpital que toutes les personnes déplacées et les accompagnateurs des patients devaient quitter les lieux et se rendre dans les zones contrôlées par les forces israéliennes.

Beaucoup ont été kidnappés à leur arrivée, tandis que d'autres ont été forcés de fuir vers un point de contrôle dans la zone de l'administration civile et finalement vers la ville de Gaza.

Les militaires israéliens ont également forcé l'évacuation de la délégation médicale indonésienne qui travaillait bénévolement à l'hôpital Kamal Adwan, les laissant sans leurs véhicules.

L'attaque près de l'hôpital Kamal Adwan a duré plusieurs heures, faisant entre 30 et 50 morts dans les rues et les maisons avoisinantes. Des témoins rapportent que des recherches sont en cours pour retrouver d'autres victimes.

Le Dr Hussam Abu Safia, directeur de l'hôpital Kamal Adwan, a décrit la situation catastrophique à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement.

Quatre membres du personnel médical ont été assassinés, de nombreux autres ont été blessés et l'hôpital n'a plus de chirurgiens. Il a déclaré que les forces israéliennes avaient contraint l'équipe médicale de l'hôpital indonésien - la seule à pratiquer des opérations chirurgicales - à évacuer, laissant des centaines de victimes dans un besoin désespéré de soins immédiats, alors que les fournitures médicales s'amenuisent.

Le Dr Abu Safia a ajouté que les forces israéliennes avaient pris pour cible les générateurs d'oxygène, ne laissant que deux chirurgiens inexpérimentés pour s'occuper des cas critiques. Malgré leur expertise limitée, ils ont commencé à pratiquer des interventions chirurgicales pour sauver 20 personnes gravement blessées.

Moins de 24 heures après le bombardement de l'hôpital Kamal Adwan par des drones israéliens, les forces israéliennes ont de nouveau attaqué, assassinant Mahmoud Abu Al-Aish, âgé de 16 ans, un patient en fauteuil roulant qui se rendait aux urgences.

Douze autres personnes, dont des patients, leurs accompagnateurs et des membres du personnel médical, ont été blessées lors de l'assaut.

Au cours de la semaine écoulée, l'hôpital Kamal Adwan a subi plus de dix attaques directes, blessant plus de 22 personnes, dont des membres du personnel médical.

Jeudi, les forces israéliennes ont bombardé l'hôpital indonésien de  Jabalia, visant des réservoirs d'eau et blessant les accompagnateurs de trois patients. Auparavant, les étages supérieurs de l'hôpital Al-Awda de Jabalia avaient également été bombardés.

Ces attaques soulignent les efforts continus d'Israël pour fermer complètement les  hôpitaux du nord de la bande de Gaza.

Déjà paralysés par le manque de fournitures médicales, ces hôpitaux fonctionnent avec un personnel épuisé, accablé par des mois de sous-alimentation et d'urgences permanentes.

L'objectif semble être de faire disparaître toute chance de survie pour les Palestiniens du nord de Gaza.

 Israël, le pays où l'on torture les médecins palestiniens à mort

Des milliers de personnes déplacées ont été forcées de fuir vers la ville de Gaza hier après que les forces israéliennes ont attaqué plusieurs abris à Beit Lahia et ont continué à expulser de force les habitants du nord de l'enclave.

Le Dr Abu Safia a également affirmé que l'armée israélienne continue de détruire les maisons au-dessus des têtes des habitants des quartiers du nord de Gaza, rendant la zone inhabitable aujourd'hui et à l'avenir.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) doivent intervenir d'urgence pour fournir aux hôpitaux du nord de Gaza des médicaments, des fournitures, de la nourriture et du personnel médical, tout en garantissant la sécurité des patients, des blessés et du personnel médical.

Face à l'échec des efforts diplomatiques, ces organisations doivent au moins publier des déclarations publiques condamnant les graves violations commises par Israël, qui se sont dangereusement aggravées au cours de l'année écoulée.

Pour mettre fin au génocide à Gaza, la communauté internationale et les Nations unies doivent remplir leurs obligations légales : imposer un  embargo complet sur les armes à Israël, le tenir pour responsable de ses crimes, protéger les civils palestiniens, empêcher leur déplacement forcé, assurer leur retour dans leurs foyers, libérer les Palestiniens détenus arbitrairement et faciliter l'acheminement sans restriction de l'aide humanitaire, en particulier de l'aide vitale, vers le nord de Gaza.

L'armée israélienne doit se retirer de tous les territoires palestiniens occupés pour faire respecter le droit international et protéger la vie des Palestiniens.

Auteur :  EuroMed Monitor

* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.

6 décembre 2024 -  EuroMed Monitor - Traduction :  Chronique de Palestine

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