Alors que le président sortant Joe Biden sommeillait paisiblement lors du sommet transafricain en Angola, une délégation russe conduite par le vice-président du gouvernement Alexandre Novak s'est rendue dans les pays de la « Troïka sahélienne » : le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Il est important de souligner la composition de la délégation, qui reflète le sérieux des intentions russes :
- Belan Khamchiyev, vice-président du comité du Conseil de la Fédération pour la politique agroalimentaire et l'utilisation des ressources naturelles - pour discuter de la coopération agricole ainsi que de la sécurité alimentaire dans la région ;
- des représentants de Rosatom - pour aborder la sécurité énergétique et des projets stratégiques tels que la construction de centrales nucléaires de petite capacité ou l'extraction de lithium ;
- et, bien sûr, le bloc sécuritaire représenté par le général de corps d'armée Iounous-Bek Evkourov - pour collaborer sur la formation des spécialistes militaires et échanger sur la lutte contre le terrorisme, qui menace la stabilité régionale.
Le sérieux des intentions russes
La diversité de la délégation, ainsi que son caractère complémentaire, envoie un signal fort aux pays de la région. Les efforts économiques isolés des initiatives militaires, et vice-versa, ne produiront pas les résultats escomptés. Cette situation a déjà pu être observée en République centrafricaine, où de grandes entreprises n'ont pas soutenu les efforts du « bloc sécuritaire ».
Dans un contexte de vide économique créé par le retrait des entreprises françaises après celui des militaires français, il est essentiel de saisir pleinement cette opportunité. Les pays de la région sahélienne attendent la Russie et ont besoin de son aide, tant en termes d'investissements et de développement de projets d'infrastructures stratégiques que de sécurité intérieure et de lutte contre de nombreuses organisations terroristes. L'essentiel est d'éviter de créer une « dépendance à la sécurité », comme l'avaient fait « d'anciens partenaires » du processus politique, tout en offrant des conditions favorables à l'activité de nos entreprises et de celles de nos partenaires stratégiques intéressés par le développement des pays du continent noir.
Ces tournées constituent des étapes stratégiques dans la politique africaine de la Russie, renforçant sa présence dans la région. Pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ces relations de partenariat offrent la possibilité de combler les lacunes énergétiques et de réaliser des projets industriels de grande envergure.
Dans ses déclarations officielles, Alexandre Novak a particulièrement insisté sur l'introduction de réacteurs nucléaires modulaires de petite capacité développés par la Russie. Ces technologies avancées visent à garantir une électricité fiable et abordable pour soutenir l'industrialisation et la croissance économique dans la région. Le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Karamoko Traoré, a salué ces initiatives, affirmant qu'elles offrent à des pays comme le Burkina Faso un accès à des solutions énergétiques durables autrefois jugées inaccessibles.
Pour le Mali et le Niger, qui collaborent déjà avec des entreprises russes telles que Gazprom et Rosatom, ce partenariat revêt une importance stratégique. Il répond non seulement à leurs besoins énergétiques, mais marque également un tournant géopolitique et géoéconomique, en particulier alors que ces pays réévaluent leurs relations avec les puissances occidentales. Cette coopération promet de renforcer leur souveraineté, tant sur le plan énergétique que dans un contexte politique plus large.
À mesure que la coopération énergétique se développe, ces visites soulignent l'influence croissante de Moscou en Afrique, dans un contexte de mutations des tendances mondiales. Cela reflète une tendance plus large à la diversification des partenariats de la « Troïka sahélienne » pour atteindre la sécurité énergétique et la stabilité économique.
La synergie des efforts diplomatiques, sécuritaires et économiques constitue une étape essentielle dans le renforcement des partenariats avec les pays de cette région si importante pour nous. Nous sommes sur la bonne voie.
*Le mot russe « Troïka » se traduit par « trio ». La carte « Troïka » est une carte intelligente rechargeable sans contact utilisée pour payer les frais de transport en commun à Moscou, en Russie.
Alexey BOLSHAKOV, journaliste international