Brigitte Challande, 16 décembre 2024. Dans ce texte reçu le 15 décembre au matin, Abu Amir dit tout !
« Gaza, cette petite bande de terre densément peuplée, est devenue une scène perpétuelle de souffrance humaine. Les efforts des familles pour rechercher leurs proches sous les décombres des bâtiments détruits ressemblent à une lutte impossible. En l'absence d'équipements nécessaires pour casser et soulever le béton lourd, trouver des victimes devient une tâche presque vaine. Malgré les efforts inlassables des bulldozers et des équipes locales pour dégager les décombres, leurs capacités restent limitées et insuffisantes pour découvrir les corps de personnes innocentes enterrées sous les bâtiments détruits par les frappes aériennes israéliennes.
Souffrance sans fin sous les bombardements et le siège
Depuis plus de 436 jours, les habitants de Gaza vivent dans un état constant de bombardements, de faim et de déplacement. Cette guerre, qui porte les caractéristiques d'un génocide, n'est pas simplement une série de frappes aériennes ; c'est une opération systématique visant à maintenir Gaza dans un état de misère perpétuelle. La scène la plus poignante est celle où une maison est bombardée et où l'on entend les cris des enfants coincés sous les décombres, tandis que leurs familles se tiennent impuissantes, incapables de les secourir. Ces cris s'estompent peu à peu jusqu'à devenir silencieux, laissant leurs familles dans un désespoir et une angoisse inimaginables.
Les écoles et les hôpitaux comme cibles directes
Les frappes aériennes israéliennes ne font pas de distinction entre les civils et les installations humanitaires. Les écoles et les hôpitaux sont devenus des cibles militaires sous prétexte de « légitime défense ». Ces atrocités ne sont pas de simples accidents, mais font partie d'une politique systématique motivée par un état d'esprit dénué de toute considération humanitaire, qui traite les habitants de Gaza comme des moins qu'humains.
De la victime au bourreau
Cette perspective suprématiste n'est pas un développement récent mais le prolongement d'une longue histoire de déformation systématique de l'image des Palestiniens.
Tout comme les soldats allemands pendant la Seconde Guerre mondiale se considéraient comme menant une guerre « morale » contre des « barbares », les soldats israéliens considèrent les Palestiniens comme une population sous-humaine indigne de vivre. Les récits bibliques auxquels font souvent référence les discours politiques et religieux israéliens alimentent cette perception. Par exemple, l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a qualifié les habitants de Gaza d'« animaux humains » pour justifier les politiques de massacres et le siège qui prive les civils d'eau, de nourriture et d'électricité.
La déshumanisation comme pilier du génocide
La déshumanisation des victimes est l'une des dix étapes du génocide, comme le souligne Genocide Watch - association dont l'objectif est de prévenir et mettre fin aux génocides au niveau international. Cette phase commence souvent par des discours de haine et la mise en évidence des différences entre les groupes humains. Les déclarations politiques telles que celles du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a comparé les Palestiniens aux « Amalécites » dans les récits bibliques prônant le génocide, sont de puissants outils de mobilisation pour la guerre et le renforcement des politiques génocidaires.
Construire une identité nationale sur les ruines des autres
Cette rhétorique n'est pas seulement utilisée pour justifier la violence, mais aussi pour construire une nouvelle identité nationale fondée sur l'exclusion de l'autre. Dans la mentalité sioniste, les Palestiniens sont dépeints comme des barbares et des créatures sous-humaines indignes de vivre, ce qui donne aux soldats le droit de les tuer sans aucune hésitation morale.
Ainsi, les juifs victimes d'hier se sont transformés en oppresseurs d'aujourd'hui, commettant les mêmes crimes contre les Palestiniens qu'ils ont subis sous le régime nazi.
Silence mondial et responsabilité partagée
Malgré les scènes horribles qui se répètent quotidiennement, le silence mondial persiste comme si le monde avait décidé de rester neutre face aux crimes génocidaires commis à Gaza. La responsabilité de ces atrocités ne repose pas uniquement sur les auteurs directs, mais aussi sur ceux qui restent là et regardent en silence.
Une fin tragique sans solutions
Aujourd'hui, Gaza n'est pas seulement le témoin de la souffrance humaine qui continue, mais sert également de rappel de l'échec du monde à mettre un terme aux crimes génocidaires. Chaque cri sous les décombres et chaque larme versée sur le corps d'un enfant martyrise l'humanité, laissant une tache indélébile sur sa conscience. »
Retrouvez l'ensemble des témoignages d'Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l'Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l'enfance.
Tous les deux sont soutenus par l'UJFP en France.
Un an de Témoignages de Gaza du 20.11.2023 au 20.11.2024, de la 1ère à la 227ème partie.
Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.