par Mikhail Gamandiy-Egorov
La Russie et l'Iran renforcent leurs relations bilatérales dans un cadre stratégique, en attendant encore la confirmation d'une véritable alliance commune, notamment militaire. Les deux pays, ainsi que la Chine, savent pertinemment qu'ils ont un grand rôle à jouer dans la suite du renforcement de l'ordre mondial multipolaire à l'échelle internationale.
La récente visite officielle du président iranien Massoud Pezeshkian en Russie et la signature entre Moscou et Téhéran du nouvel Accord de partenariat stratégique global marquent indéniablement une nouvelle étape très importante dans l'histoire contemporaine des deux nations. Et ce sur le long terme.
A ce titre, les instruments de propagande occidentale n'ont pas manqué à voir dans la signature dudit accord un renforcement de l'alliance russo-iranienne dans une orientation anti-occidentale. En ce sens, la Russie comme l'Iran, tout comme d'ailleurs la Chine, comprennent parfaitement qu'en qualités de principaux adversaires déclarés des régimes de la minorité planétaire occidentale, le travail à mener pour la suite du renforcement du monde multipolaire reste encore très important.
Au-delà de l'importance de l'accord signé par Moscou et Téhéran et des opportunités supplémentaires qu'il ouvre dans les sphères économique, commerciale, financière, logistique, technologique, mais également militaire pour les deux nations, ce dernier aspect représente indéniablement une orientation qui devrait se renforcer encore plus dans les mois et les années à venir. Et ce en sachant que les régimes otano-occidentaux continueront par tous les moyens à tenter de déstabiliser la Russie, l'Iran et la Chine, ainsi que leurs alliés respectifs dans les différentes régions du monde.
En effet, et à l'heure où l'axe de la minorité planétaire otano-occidentale s'enrage chaque jour un peu plus face à la réalité du monde multipolaire qui s'impose, il serait certainement grand temps à devoir passer à un niveau supérieur en matière de coopération dans le domaine militaro-sécuritaire conjoint. Selon plusieurs sources iraniennes, l'Iran souhaite garder son autonomie stratégique sans forcément rejoindre un bloc militaire particulier. Néanmoins, nombreux sont également ceux dans la nation perse qui comprennent parfaitement que dans la suite des événements, avec une possible escalade de la part des adversaires de l'État iranien, représentés par les nostalgiques de l'unipolarité, les mesures à prendre devront à un moment donné devenir plus radicales et poussées.
Les événements récents en Syrie auront démontré que les forces hostiles à la multipolarité, avec l'implication des éléments terroristes et extrémistes, sans oublier ceux qui souhaitent continuer à être assis sur plusieurs chaises à la fois, visent spécifiquement à frapper la Russie comme l'Iran et leurs intérêts réciproques. Pour autant, Moscou comme Téhéran ne sont pas tombés dans le piège de s'enliser dans un dossier où une large trahison interne aurait rendu vain tout engagement supplémentaire du côté russe comme iranien.
Et que de manière générale, le dossier syrien peut, en attendant le bon moment d'une reprise en main de la situation, devenir justement source d'enlisement pour les principaux éléments impliqués dans les événements récents, à savoir la Turquie d'Erdogan, son allié qatari, sans oublier les régimes washingtonien et israélien. Car en Syrie et au vu de la complexité de la situation dans ce pays, tout ne fait véritablement que commencer pour ceux qui pensent ou prétendent avoir gagné.
Dans tous les cas, et si dans le cas iranien le dossier syrien peut effectivement, pour le moment, être considéré comme un échec pour ses intérêts, la Russie elle maintient jusqu'à présent sa présence sur la côte méditerranéenne syrienne avec ses bases militaires, tout en se déployant d'une manière plus importante en Afrique du Nord (en Libye) et dans la région du Sahel dans le cadre de l'alliance avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, pays membres de l'Alliance-Confédération des États du Sahel (AES), sans oublier l'Afrique centrale.
D'une manière plus générale et en ce qui concerne précisément l'Iran, il est tout sauf perdant dans le cadre régional du Moyen-Orient. Son principal adversaire régional, le régime israélien, en sait quelque chose. Ce dernier n'ayant pas été en mesure, malgré les innombrables massacres commis à l'encontre des populations civiles, à pouvoir écraser les forces de la résistance libanaise du Hezbollah, ni d'atteindre ses objectifs en Palestine dans la bande de Gaza, sans oublier l'efficacité des actions des Forces armées du Yémen contre les intérêts israéliens, étasuniens et britanniques, tout cela est précisément le résultat du travail de l'Iran dans la région. Le tout sans une entrée directe en conflit du côté iranien.
En ce sens, l'incapacité à pouvoir annexer les territoires qu'Israël visait et même les événements en Syrie dont Tel-Aviv était l'un des principaux bénéficiaires mais qui créent de nombreuses incertitudes supplémentaires pour le régime israélien, n'en sont que des preuves supplémentaires. Le régime israélien comprend que de manière stratégique, l'Iran remporte cette première étape de la confrontation. Et c'est aussi précisément la raison pourquoi les régimes étasunien et israélien vont désormais chercher par tous les moyens à frapper l'Iran pour tenter de prendre leur revanche, en vue de faire basculer les processus en cours.
Tout cela pour dire que les prochaines étapes pour les principaux partisans et promoteurs de l'ordre mondial multipolaire devront fort certainement être orientées sur un renforcement de l'interaction militaire conjointe. Les alliances militaires bilatérales de type Russie-Biélorussie et Russie-République populaire démocratique de Corée devront à terme être élargies au trio Russie-Chine-Iran, ainsi qu'à leurs alliés respectifs en Eurasie, en Afrique et en Amérique latine. Et avec comme objectif ultime la mise en place d'une alliance militaire à part entière de tous les partisans confirmés du monde multipolaire.
En attendant ces prochaines étapes, tous les principaux partisans et promoteurs de l'ordre mondial multipolaire savent pertinemment qu'à l'heure actuelle, aucun relâchement ne peut être permis. Face aux inchangeables régimes d'une extrême minorité planétaire et de leurs sous-traitants, seules des mesures fortes et coordonnées remettront les nostalgiques de l'unipolarité à la seule place qui leur revient. Celle précisément d'une minorité qui ne peut jouer un quelconque rôle majeur dans les affaires internationales.
source : Observateur Continental