Dès son entrée en fonction, Donald Trump a adopté un certain nombre de décrets particulièrement symboliques. Au-delà de la grâce des personnes accusées d'avoir voulu s'en prendre au Capitole, il s'est frontalement attaqué aux cultes centraux constituant la dimension civilisationnelle de la globalisation, comme l'immigration, le genre ou le climat. Mais la globalisation peut-elle tenir sans cette base ? L'avenir le dira.
Les piliers de la globalisation, qui ont fragilisé nos sociétés, ont été directement visés par les premières mesures et déclarations de Trump.
Les mesures introduites lors du putsch globaliste, organisé à l'occasion du Covid, sont largement remises en cause. Ainsi, le travail à distance, devenu une « norme » de la nouvelle société, sera désormais interdit pour les fonctionnaires. Faire revenir les gens au travail et dans la réalité est en effet un impératif pour le bon fonctionnement de toute structure, commerciale ou non.
« Les chefs de tous les départements et agences (…) doivent, dès que possible, prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux dispositions organisant le télétravail et demander aux employés de retourner aux postes qui leur sont assignés à temps plein », précise la Maison Blanche sur son site internet.
Trump décide également de la sortie de l'OMS, en raison de la gestion catastrophique du Covid. En effet, l'OMS est avant tout devenue un organe de gouvernance politique, non plus un organe de coordination de la lutte contre les maladies.
Dans ce texte, il exhorte les agences fédérales à « suspendre le transfert futur de tout fonds, soutien ou ressource du gouvernement des Etats-Unis à l'OMS » et les enjoint d'« identifier des partenaires américains et internationaux crédibles » capables d' »assumer les activités précédemment entreprises par l'OMS ».
Le retour à l'Etat passe par le contrôle des frontières, puisque comme chaque juriste le sait, il est notamment déterminé par elles. Trump remet donc en cause la politique immigrationniste globaliste, en déclarant l'état d'urgence aux frontières Sud du pays, qui sont une véritable passoire. Le second aspect de cette question est la manière d'acquérir la nationalité américaine : le droit du sol est également remis en cause. Enfin, il n'y a plus de facilités pour faire ses demandes pour entrer aux Etats-Unis. Comme on peut le lire sur le NYT:
Le président Trump a rapidement mis fin à un programme gouvernemental créé par l'administration Biden qui permettait aux migrants d'utiliser une application pour prendre rendez-vous en vue de leur admission aux États-Unis.
Nous verrons si sa promesse d'expulser les immigrés en situation irrégulière sera tenue.
Deux autres points méritent, de par leur symbolique, d'être notés. Tout d'abord, Trump revient à la conception biologique de l'humanité, dont les wokistes s'écartent dans un mouvement de folie, rappelant qu'il n'y a que deux sexes, masculin et féminin. Où en sommes-nous arrivés pour devoir rappeler une telle évidence ? Et de préciser avec beaucoup de bon sens :
« Les fonds fédéraux ne doivent pas être utilisés pour promouvoir l'idéologie de genre », affirme le même décret, qui veut « restaurer la vérité biologique ». Un autre texte ordonne la fin de tout programme de diversité et d'inclusion au sein du gouvernement fédéral.
Enfin, Trump remet en cause le culte climatique, servant à justifier la désindustrialisation des pays et donc l'affaiblissement des Etats par rapport aux compagnies transnationales. Et il demande logiquement, pour la seconde fois, la remise en cause des Accords de Paris. Ce qui est logique, puisqu'il a pour but premier de relancer la production et donc l'économie nationale américaine.
Sur la scène internationale, Cuba revient dans le giron des Etats terroristes. Mais surtout, une pause de 90 jours est décrétée dans l'aide financière internationale, afin de prendre le temps d'en évaluer l'efficacité. Trump a également demandé à son équipe d'organiser un échange téléphonique avec Poutine, ce qui a été accueilli positivement par le Kremlin, mais sans euphorie non plus.
Avec son entrée en fonction fracassante, Trump a voulu marquer la rupture. Voyons ensuite comment il gouvernera. Car ce sont ici deux logiques différentes, demandant des forces et des ressources différentes. Et à ce jour, personne ne sait quels sont les véritables buts de Trump, surtout sur la scène internationale, ni quels sont ses véritables moyens de gouvernance. Voir à ce sujet, notre interview avec Carl Brochu :
La seconde inconnue concerne l'impact sur la globalisation de la remise en cause de sa dimension civilisationnelle. Toute cette machine de gouvernance globale, permettant le leadership américain que Trump ne veut en aucun cas remettre en cause, peut-elle fonctionner sans ces cultes ? L'on peut faire un parallèle avec Gorbatchev : il a voulu lutter contre les excès de la gouvernance soviétique en ouvrant le système institutionnel à la concurrence partisane, pour l'assouplir. La concurrence politique existait déjà, mais elle ne fonctionnait pas sur la base des partis, puisque le système s'appuyait sur le principe du parti unique. Cette décision a été fatale, car le système institutionnel s'en est trouvé fondamentalement déséquilibré. Le parallèle mérite d'être analysé avec la décision de Trump concernant les bases garantissant la globalisation.
Karine Bechet-Golovko
La source originale de cet article est Russie politics
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